Un mal pour un bien

13 mai 2008

La tension reste vive à l’Université. Aujourd’hui se tient un Conseil d’Administration extraordinaire. Même si le président ne se représente plus aux prochaines élections, l’Université n’est pas encore sortie d’affaire.

Climat de suspicion

Parmi les professeurs, la suspicion règne. Le climat est tendu. Tout le monde leur met la pression. Chacun préfère éviter de parler des tourmentes que traverse l’établissement d’enseignement supérieur de La Réunion. Rares sont les enseignants qui osent confier leur opinion. Certains pensent que le Président Svizzero n’aurait jamais dû être élu. Dès le départ, son mandat était contesté. Pourtant, on peut se demander comment sa gestion a pu être aussi chaotique, sachant que c’est un économiste d’envergure.

Peur de perdre leur salaire

Nous avons pu avoir les réactions d’un universitaire qui préfère rester anonyme par crainte de représailles. X pointe du doigt la gestion faite par Svizzero. D’après lui, les professeurs sont aussi mécontents que les étudiants, mais ils ne font pas grève par peur de perdre leur salaire. L’organisation clanique ne facilite pas non plus le côté relationnel. « On ne sait pas qui est avec qui. Certains sont prompts à changer de veste quand le vent tourne. Il faut faire attention à ce qu’on dit et à qui on le dit. » On l’aura compris, la confiance règne. Avec une telle pression, un tel climat, on se dit qu’il est normal que les choses aillent aussi mal.

Un enseignement inadapté au public et au monde professionnel

« Le problème de la fac c’est que l’enseignement n’est pas en adéquation avec le public et les exigences du monde professionnel. Je parle d’une manière générale. Et à partir de là, tout est faussé : l’accueil, l’enseignement sous toutes ses formes », explique X. un certain nombre d’acteurs économiques avaient déjà remarqué que les stagiaires envoyés par l’université ne correspondaient pas au profil attendu. Comment être crédible, à partir de là, pour un étudiant lorsqu’il doit intégrer le monde professionnel. Beaucoup de jeunes diplômés sont au chômage et l’on peut se demander si cette « mauvaise réputation » attachée à l’enseignement universitaire n’y est pas pour quelque chose. Mais cette situation ne date pas d’hier et X le déplore : « Tout le monde le sait mais personne n’ose faire quelque chose pour changer, et personne ne donne de sens dans l’apprentissage. » On comprend ainsi la colère des jeunes diplômés qui d’ailleurs se mobilisent le samedi 17 mai à Saint-Denis.

Des présidents gestionnaires et politiciens ayant peur de perdre leur statut et leurs avantages

Pour lui, le président a failli dans sa mission dans le sens où c’est lui qui fixe les orientations et c’est lui qui note. À partir du moment où son élection était contestée et contestable d’après les différents éléments portés à la connaissance du public, on ne peut s’étonner de la situation à laquelle cela a abouti. M. Svizzero n’a pas fait pire que les autres, au contraire. D’après X, il a fait comme eux : « Ils sont tous restés dans la même dynamique et lui y compris, c’est-à-dire de présidents gestionnaires et politiciens ayant peur de perdre leur statut et les avantages qui vont avec. » Pour être un bon président, « il aurait dû embaucher de bons enseignants, contrôler les contenus pédagogiques ». Et il y a eu vraisemblablement des préférences au niveau des recrutements. « Le terme préférence est trop gentil, copinage c’est mieux. », ironise X.
La démission du président est une demande primordiale pour les étudiants (comme pour les professeurs d’ailleurs). Mais s’attaquent-ils au problème qu’il faut ? Le président donne les orientations, contrôle les contenus pédagogiques, mais il n’est pas le seul à diriger l’université. Les étudiants ont aussi des sièges au CA. Comment exercent-ils leur mandat ? Contrôlent-ils eux aussi ce qui se fait ou bien laissent-ils faire faute d’une formation adéquate ? Les étudiants devraient demander un enseignement à la hauteur, qui soit rentable au vu des frais que doit payer un étudiant chaque année. Un étudiant sortant de Licence devrait pouvoir avoir les mêmes chances de trouver un emploi qu’un autre qui a fait un BTS. Or ce n’est pas le cas. Ce n’est pas le président qu’il faut changer a priori, mais le système en lui-même.

Francine Clavé Vesoul


Rumeurs

Svizzero aurait soi-disant “acheté” des voix lors de son élection en 2004. Des rumeurs courent selon laquelle il aurait promis à certains professeurs des postes privilégiés contre leur voix. Michel Latchoumanin aurait été trahi par certains de ses collègues de la fac des Lettres, toujours selon cette rumeur.


Le Sud dans l’expectative

Du côté de l’IUT, même si on parle de la situation de crise de l’Université, ces événements semblent appartenir à une autre galaxie. Selon l’un des professeurs du site de Saint Pierre, il y a très peu de répercussions chez eux. Chacun s’accorde sur le fait que la gestion du Président n’a pas été à la hauteur.


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