Illustrations du malaise de la société

Un mal qui gagne du terrain

8 novembre 2011, par Jean Fabrice Nativel

“Témoignages” est allé à la rencontre de personnes au quotidien difficile. Une femme récupère des chopines, une mère de famille célibataire signe des refus de formations et d’emplois, deux dalons vivent sur un matelas de détritus, un couple jongle avec leurs deux salaires à mi-temps… C’est ça aussi la réalité !

• Des chopines pour vivre

Une dame "sénior", armée d’un balai, sillonne, depuis quelque temps déjà, les îlots à bouteilles du chef-lieu. La nuit tombée, une à une, elle remonte les chopines, les porte ensuite aux doigts, les dispose enfin dans le coffre de ses quatre roues. Cette opération, elle le répète à chaque bac à verre qu’elle déniche jusqu’à tard dans la nuit avec dignité et vigilance. Manquerait plus qu’on lui chope sa voiture. C’est un véritable tour de ville qu’elle exécute chaque soir ou quasiment chaque soir. Quelles sont les raisons qui la poussent à faire ceci ? Une, essentiellement, le manque d’argent.

• Des immondices en guise matelas

Albert, et pour ce qui le connaissent bien “Tonton Albert”, ouvre les portes de son habitat. Situé sur un des boulevards dionysiens, il y vit avec son frère de rue. Au fait, ces deux personnes sont des personnes sans domicile fixe (SDF). Avant qu’ils ne vous convient à leur rez-de-chaussée, cela nécessite du temps et une certaine confiance. Le petit immeuble où il loge est accolé à un hôtel à l’apparence chic ! Après avoir jeté un bref coup d’œil dans les alentours, il dit : « a tèr la, mi dor ». Les murs carbonisés, des chemises "posés dans coin", des cartons disposés au sol, voilà le lieu de vie de ses dallons.

• Point de formations et d’emplois

« Mi rod in formasyon, in travay lajan lantretyin ? ». « Moin la fine anvoy sévé ». « Moin la fin pass lantretyin ». « Mé na poin pèrson la répond a moin ». Maryse, mère célibataire, cogne à de multiples portes pour décrocher une formation ou un emploi. Dans l’immédiat, les réponses sont vaines. Heureusement qu’elle bénéficie du soutien de son père, qui se trouve lui aussi dans une situation difficile, même s’il « bosse ». Régulièrement, il lui achète la bouteille de gaz, le riz, l’huile, des conserves… Il lui donne aussi une petite monnaie quand il peut.

• Des mi-temps précaires

Pour un travail à mi-temps dans l’espace vert, David perçoit 700 euros ! Avec cette somme, il jongle du début à la fin du mois pour les besoins de la famille. Sa femme perçoit autant que lui. Les factures, les intérêts, l’agio, le crédit, la mutuelle… déduits de la somme totale de leur salaire, il leur reste juste de quoi tenir le mois. Sont privilégiés la nourriture et les soins de santé des enfants ! Papa et maman se résignent à ne pas se faire soigner. Sauf quand ils le jugent nécessaire. Sinon, ils ont recours aux remèdes de grand-mère mais pas au diagnostic des spécialistes. Encore faut-il avoir les moyens.

Cette série de rencontres avec le peuple qui souffre n’est qu’un aperçu de ce qu’il endure. Vous savez lorsque vous allez chez une personne et qu’elle n’a qu’un verre d’eau à vous offrir. Et lorsqu’elle ouvre le frigo, il est quasiment vide. Il y a de quoi s’inquiéter et s’interroger.

Jean-Fabrice Nativel


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