La CGPER

Un moratoire pour les contrôles

20 novembre 2006

À la suite de la Commission départementale d’Orientation agricole qui s’est réunie en séance plénière mercredi dernier à la Préfecture, la Confédération générale des petits et moyens éleveurs et planteurs de La Réunion (CGPER) s’inquiète de la façon dont l’administration va appliquer la nouvelle grille de “Bonne conduite agro-environnementale” décidée par Bruxelles. L’arrêté du 18 octobre comporte « de nombreuses incohérences pour l’agriculture réunionnaise », relève l’organisation des petits et moyens planteurs.

Depuis le début de l’année, plusieurs réunions ont eu lieu à la Direction de l’Agriculture et de la Forêt (DAF) au sujet de la nouvelle grille “Bonne conduite agro-environnementale” (BCAE) qui précise les mesures à prendre localement par arrêté préfectoral, dans 4 directions : érosion des sols, matière organique, structure des sols et niveau minimal d’entretien. Depuis la réforme de la PAC (Politique agricole commune), l’Union européenne a conditionné le versement des aides au respect de ces bonnes pratiques, soumises à des contrôles que la CGPER qualifie de « drastiques ». La grille consiste en une série de contrôles, d’où découlent des points de pénalité - de 2 à 50 selon l’importance de la “faute”- et ce total de points détermine des ponctions, de 1% à 20%, sur les aides agricoles.

En dépit des réunions tenues, la CGPER constate que l’arrêté préfectoral du 18 octobre, présenté lors de la Commission départementale de la semaine dernière, maintient des mesures « pénalisantes pour les planteurs », a estimé Eric Soundron au cours d’une réunion avec une vingtaine de planteurs de La Saline, hier matin.
Les problèmes soulevés ont trait à la replantation, aux pratiques culturales en terrains pentus et à l’identification du cheptel.
Lors de la replantation, les planteurs ne pourront plus bril la pay kann comme ils le font depuis toujours, à chaque cycle de 7 ans. Ils devraient broyer l’épaisse couche de couvert végétal accumulée au cours du cycle, surtout en zone irriguée. Or, ils n’ont pas le matériel pour cela. Comment vont-ils replanter quand l’épaisseur de la paille de canne rend impossible le travail de la terre ?
Sur les terrains pentus, les nouveaux critères interdisent un “sol nu” de janvier à mars. C’est justement la période des semis, quand les planteurs et éleveurs s’arrangent pour bénéficier de l’eau de pluie, sachant qu’ils n’auront une couverture végétale qu’au bout d’environ 4 mois. « Cette mesure est d’autant plus injuste que ce sont surtout les petits planteurs qui cultivent ces parcelles pentues », observe Eric Soundron, selon qui cette mesure pourrait concerner 2.000 hectares. « D’une part, la Convention Canne encourage le maintien de la canne en zone difficile avec une aide de 3,50 euros par tonne et une subvention de 350 euros par hectare replanté et d’autre part, on contraint les planteurs des zones difficiles à ne plus replanter ! Quelle est la logique ? », interroge le jeune syndicaliste.
Enfin, concernant le cheptel, la CGPER estime que la nouvelle mesure va pénaliser la moitié des éleveurs de cabris - soit environ 1 millier - dont le cheptel n’est pas encore marqué. Or, l’identification pérenne généralisée (IPG) introduite en 2003 a pris du retard parce que l’EDE est obligée d’attendre, de France, les boucles d’identification dont le délai d’expédition est d’environ 3 mois, selon la CGPER. Les éleveurs sont bien sûr favorables au marquage : ils étaient 200 à l’avoir fait, il y a 1 an ; ils sont aujourd’hui 1 millier. Il en reste encore autant dont le marquage du cheptel ne sera évidemment pas réalisé à temps pour satisfaire aux contrôles.
Enfin, certains produits phytosanitaires utilisés dans les cultures (canne à sucre, ananas) ne seront plus homologués à partir du 31 décembre 2006.

C’est ce que la CGPER qualifie de « contrôles inadaptés à La Réunion ». Des contrôles du CNASEA qui devraient commencer au 20 novembre 2006 et pour lesquels le syndicat des petits et moyens éleveurs demande « un moratoire sur la procédure d’application BCAE ».
La CGPER ne comprend pas non plus pourquoi les Antilles ont obtenu une diminution des points de contrôle et des points de pénalité, et pas La Réunion. Pour notre île, la grille comporterait 18 cas de non-conformité, pour un cumul de 120 points de pénalités, contre 13/80 en Guadeloupe et en Guyane et 13/65 en Martinique. « Il faut toujours qu’on lave plus blanc que blanc ici ! », a commenté Eric Soundron.

P. David


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