Grève à REP

Un nouveau rapport de force fait avancer les revendications

2 août 2007

Le succès du mouvement à REP souligne l’importance de l’unité d’action et de la plate-forme revendicative. Elle a permis de créer rapidement un rapport de force favorable aux travailleurs.

Les salariés de REP sont face à une Direction qui « refuse de négocier et cherche à faire pourrir la situation », selon Jacques Bhugon, Secrétaire général de la CGTR-Autos-Motos. Donc, la grève continue.
(photo IC)

Au bout d’une semaine de grève, les travailleurs de REP, soutenus par la CGTR, ont fini par obtenir satisfaction. Ils avaient pourtant face à eux un groupe important, qui constitue à La Réunion le numéro 1 de l’automobile et qui « se présente comme le numéro 1 des ventes dans les Départements d’Outre-mer ». Le groupe auquel appartient REP, Hayot, est également présent dans la grande distribution à La Réunion. Par ailleurs, il est également distributeur de plusieurs marques au Maroc, il est présent dans le secteur de l’automobile en Martinique, en Guyane, en Guadeloupe, en Nouvelle-Calédonie et à Trinidad et Tobago. Dans un tract diffusé au cours de la grève, la CGTR Auto-Moto précise que le groupe Hayot investit également en Europe de l’Est.
C’est dire que quand les travailleurs ont été contraints de faire grève pour faire aboutir leurs revendications, le rapport de force était loin d’être en leur faveur.

Des arguments efficaces

Si le mouvement a été suivi dès le départ partout à La Réunion, sur le papier, les 80 travailleurs ne semblaient pas de taille à faire plier un groupe implanté sur plusieurs continents.
Mais la cause des grévistes a fini par triompher.
C’est le résultat de la conjonction de plusieurs facteurs qui ont permis de faire aboutir les revendications.
Tout d’abord, les travailleurs se sont rassemblés dans l’unité d’action. Du début à la fin de la grève, leur union n’a pas connu de faille, et c’est toujours unis qu’ils ont participé aux négociations.
Ensuite, ils se sont appuyés sur une argumentation juste, précisée dans le tract diffusé par la CGTR Auto-Moto. Ils ont mis en évidence qu’au sein de leur entreprise, les richesses produites ne sont pas équitablement réparties. Par exemple, pour une tâche demandant une heure de travail, un salarié ne perçoit que 8,24 euros bruts sur une prestation facturée 400 euros au client. Autre exemple : un service peu courant, le changement d’un pneu "génie civil", demande une demi-heure de travail. Pour cela, le travailleur ne reçoit que 4,23 euros bruts, tandis que le client paye 6.000 euros.
En résumé, un salarié payé 1.254 euros bruts réalise en moyenne un chiffre d’affaires de 22.000 euros pour l’entreprise.

Changer le rapport de force

Enfin, les grévistes ont fait le constat de difficiles conditions de travail et du manque de dialogue dans l’entreprise. C’est ce point qui a motivé la circulation d’une pétition demandant la mutation du directeur de REP dans une autre société du groupe Caillé.
Pour aller vers un partage plus équitable des richesses, les salariés demandaient une augmentation de salaires, le respect du droit à la formation continue, l’amélioration des conditions de travail.
Ces revendications ont été satisfaites. 80 travailleurs réunionnais rassemblés autour d’une plate-forme réclamant l’essentiel ont réussi à faire plier un groupe d’envergure internationale. L’unité d’action et la justesse de l’argumentation des travailleurs ont permis de renverser le rapport de force. Ils ont pu ensuite exploiter cette victoire en pesant favorablement sur les négociations et en obtenant la signature d’un protocole de fin de conflit qui répond à leurs attentes.
Force est de constater que la victoire obtenue par les travailleurs de REP rappelle que les travailleurs peuvent créer un rapport de force décisif pour faire avancer les revendications. Unité d’action et qualité de l’argumentation ont une nouvelle fois démontré leur efficacité.

Manuel Marchal


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