Débrayage ce hier matin devant l’usine du Gol

Un plan de suppression d’une centaine d’emplois dans la sucrerie

20 février 2009, par Sophie Périabe

Plusieurs dizaines de personnes salariées de la Sucrière de La Réunion se sont rassemblées hier matin à l’entrée de l’usine du Gol à Saint-Louis à l’appel de l’intersyndicale (CFTC, CGTR, CFDT, FO, CGC). Les représentants du personnel dénoncent le plan de restructuration de la société qui prévoit la suppression de 60 CDI et 38 contrats saisonniers.

Une partie du personnel de l’usine du Gol a débrayé hier matin à la demande de l’intersyndicale. Les délégués syndicaux ont tenu à informer les salariés qu’un plan de restructuration avait été rédigé par la Direction de la Sucrière de La Réunion, filiale du Groupe Quartier Français, et prévoyait 98 suppressions de postes.

98 emplois menacés…

Les 38 emplois saisonniers seraient remplacés par la sous-traitance et les 60 CDI supprimés seraient soit « des départs à la retraite, ou création de nouveaux postes, ou des accompagnements à la retraite », indiquait Jean-Marie Potin, délégué CFTC.
Raisons avancées par la Direction : baisse du tonnage de cannes ces dernières années et augmentation des coûts des matières premières.
Pour le délégué CFTC, « ces suppressions de postes sont inadmissibles. A aucun moment nous avons été consultés. Vous avez des salariés qui ont fait le succès de la Sucrière de La Réunion pendant 25, 30 ans et c’est de cette façon qu’on les remercie ? ».
Néanmoins, les salariés sont conscients que depuis 2007, la Sucrière de La Réunion connaît un déficit de 2, voire 2,5 millions d’euros, mais il ne faut pas en profiter pour licencier à tout va. D’ailleurs, l’intersyndicale a fait appel à un expert comptable pour vérifier les chiffres de la société et voir réellement l’utilité d’un tel plan de restructuration. « Aujourd’hui, nous subissons les erreurs des grands patrons. Ça fait un an que nous disons au patron de nous mettre autour d’une table afin de trouver des solutions, mais on nous disait toujours non, tout va bien, et aujourd’hui, c’est nous qu’ils veulent licencier. La restructuration doit commencer par le haut. Il y a de l’argent pour les patrons et pas pour les salariés ? », demandait haut et fort Jean-Marie Potin.

… malgré des subventions assurées jusqu’en 2014

Et pourtant, la Direction avait assuré aux délégués du personnel que l’Etat et l’Europe soutenaient la filière canne et donc les subventions seraient attribuées jusqu’à 2014. Selon l’intersyndicale, les subventions ne serviraient qu’à financer les autres filiales du Groupe Quartier Français, au détriment de la Sucrière de La Réunion. « Qui a payé l’usine de Tanzanie ? Qui a financé la distillerie ou encore l’usine d’éthanol ? C’est nous », assure l’intersyndicale.
Les salariés souhaitent donc informer l’ensemble des acteurs de la filière canne, « c’est l’avenir de la canne qui est menacé. Si nous, nous tombons, tout le monde va tomber ». Si la Direction continue dans cette voie, c’est la campagne sucrière 2009 qui risque d’être perturbée, prévient l’intersyndicale.
« Nous resterons mobilisés et solidaires », pouvait-on entendre hier dans la foule, qui prenait en exemple la Guadeloupe.
D’ailleurs, comme en Guadeloupe, il y avait deux fourgons de gendarmeries qui attendaient les manifestants au rond-point du Gol, au cas où la situation dégénérerait.
Mais hier, c’était juste « un débrayage pour informer l’opinion publique de ce qui se passe au sein de la société. Cet après-midi, nous reprenons le travail », assurait Alexis Apaya, secrétaire du comité central d’entreprise.
Une réunion est prévue lundi matin avec la Direction afin de discuter de ce plan. Si un accord n’est pas trouvé entre les partis, d’autres manifestations, voire une grève, ne seraient pas à exclure.

 SP 

Luttes pour l’emploiFilière canne-sucre-alcools-énergie

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus