Paul Vergès mis en cause par le directeur du CHD de Bellepierre

’Un retour à l’Ordonnance d’octobre 60...?’

7 janvier 2005

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Le président de la Région dit avoir appris par la presse les attentions toutes particulières que lui portait, dans un courrier de 2003, le directeur du CHD, Emmanuel Bouvier-Muller.
Dans le courrier reproduit lundi ("Témoignages" du 3 janvier, p.3), le directeur de l’hôpital a mis en cause "le sénateur Vergès", dont il fait le chef d’orchestre plus ou moins clandestin d’un réseau d’agitateurs et de comploteurs. Une construction que le président de la Région a qualifiée à plusieurs reprises de "délirante".
"Pour nous, il est évident que ce sera un test de l’attitude de M. Douste-Blazy : va-t-il couvrir un délire relevant de la période d’octobre 60 ?" a déclaré le président de la Région.
Et Paul Vergès d’ajouter : "Si le gouvernement lui donne satisfaction (au directeur du CHD, dans sa demande de mutation forcée d’un collègue - NDLR), c’est le signe d’un double langage : il pratique la démocratie en parole et dans la réalité, c’est le retour à l’Ordonnance d’octobre 60", a commenté Paul Vergès.


Un test pour le gouvernement

Oui ou non, le gouvernement UMP va-t-il accepter qu’un fonctionnaire puisse être victime d’une mutation sanction uniquement à cause de ses liens présumés avec une organisation syndicale dont le “crime” est d’avoir dans son nom "le R signifiant “réunionnaise”" ?

Toute la presse a rendu compte hier de la conférence de presse tenue la veille par la CGTR-Santé du Centre hospitalier départemental (C.H.D.) de Bellepierre. Une rencontre avec les journalistes au cours de laquelle le syndicat est revenu en détail sur cette grave affaire de répression survenue dans cet établissement public et révélée lundi par le secrétaire général de la CGTR, Ivan Hoareau (voir “Témoignages” du mardi 4 janvier 2004).
Comme on le sait, le directeur du CHD a demandé au ministère de la Santé que l’un de ses adjoints soit sanctionné et muté en raison de son adhésion présumée à un syndicat, soit la CGTR, et uniquement parce qu’il s’agit là d’une organisation syndicale "réunionnaise". Fait aggravant aux yeux de ce haut fonctionnaire d’autorité : ce syndicat aurait un "positionnement" lié à une organisation politique réunionnaise, à savoir le PCR.
Cette affaire a quelque chose d’incroyable - voire d’ubuesque - à notre époque, dans une société dite démocratique, respectueuse des droits de l’Homme et des libertés individuelles, qui prétend avoir tourné la page des années honteuses de la répression. On se demande comment un tel scandale est encore possible en 2005 à La Réunion, département français, région ultrapériphérique de l’Union européenne.
Mais enfin, faut-il s’étonner de quelque chose dans cette ancienne colonie, où la vie quotidienne nous montre que certaines séquelles du passé n’ont pas disparu ? De fait, cette atteinte au Droit du travail et aux libertés fondamentales pose un problème politique de fond, qui va bien au-delà du contentieux juridique ouvert par la victime de cette décision arbitraire.
Ce problème est clairement exposé au gouvernement par Jean-Yves Langenier dans la lettre que le maire et conseiller général du Port, membre du Conseil d’administration du CHD, a fait parvenir au ministre de la Santé. Dans cette lettre, le maire du Port souligne qu’il s’agit là d’une "atteinte à la diversité syndicale et à la dignité des Réunionnais".
Face à ce problème, que va faire le gouvernement UMP ? 45 ans après la mise en œuvre de l’ordonnance Debré, symbole de l’arbitraire et de la répression coloniale qui a marqué les années 60 et 70 à La Réunion, va-t-il accepter qu’un fonctionnaire puisse être victime d’une mutation sanction uniquement à cause de ses liens présumés avec une organisation syndicale dont le “crime” est d’avoir dans son sigle "le R signifiant “réunionnaise”" ?

L. B.


Que va faire le président du Conseil d’administration du C.H.D. ?

Dans son édition d’hier, “Témoignages” a publié le texte intégral de la lettre adressée au président du Conseil d’administration du C.H.D. de Bellepierre par Jean-Yves Langenier, à propos de la mutation arbitraire d’un directeur adjoint de l’hôpital. Le maire et conseiller général du Port, membre de l’instance responsable de cet établissement public de soins, demande à son collègue président "d’agir auprès des instances compétentes du ministère de la Santé afin d’obtenir un réexamen de la décision de muter en Métropole la personne en cause".
Quelle suite le président du Conseil d’administration du C.H.D. va-t-il donner à cette demande pour faire respecter le Droit et la justice dans cette institution ?


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