Manifestation à Saint-Denis

Un « troisième tour social » dans la rue

24 mars 2010, par Edith Poulbassia

La mobilisation pour les retraites, l’emploi, le pouvoir d’achat, les services publics a rassemblé les Réunionnais malgré la pluie dans les rues de Saint-Denis. Pour l’intersyndicale CGTR, CFDT, UNSA, FSU, Solidaires, FO, c’est un avertissement de plus à la politique de Nicolas Sarkozy, dans la foulée des élections régionales.

Malgré la pluie et les vacances scolaires, les manifestants ont répondu présents à la Journée nationale de mobilisation interprofessionnelle pour les retraites, l’emploi, le pouvoir d’achat, les services publics... Ils étaient nombreux à prendre le départ au Petit Marché pour se rendre devant la Préfecture. Sur les banderoles, on pouvait lire : « non à la casse du service public », « non au gardiennage », « Pas de bébés à la consigne », « Pôle enfance, Morano arèt èk sa », « Non au mépris des infirmiers de la fonction publique d’Etat, oui à l’ouverture des négociations », « travailleurs unissons nos force pour l’avenir »...
Personnel pénitentiaire, travailleurs du bâtiment, des transports et de l’équipement, enseignants, infirmiers, personnel de crèches, le rassemblement était large à l’appel de l’intersyndicale CGTR, CFDT, UNSA, FSU, Solidaires, FO. Parmi les manifestants, la présence également de Maurice Gironcel, Aline Murin-Hoareau, Brigitte Malet, Elie Hoareau, Huguette Bello et Jean-Marc Gamarus...
C’est vers 10 heures que le défilé s’est élancé, CGTR en tête, avec deux arrêts symboliques. Le premier devant la Direction du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle afin de dénoncer le « manque de moyens volontaire » pour combattre le système capitaliste et défendre les travailleurs à La Réunion, notamment l’application des conventions collectives. Le deuxième arrêt devant l’ancien hôtel de ville de Saint-Denis pour demander aux élus de « verser les 50 euros » de l’accord COSPAR aux employés communaux et de procéder au plus vite à la titularisation des employés. C’est là aussi que les manifestants ont rappelé que « 23 régions de France ont rejoint les forces progressistes », contrairement à La Réunion. Une réalité « inadmissible », qui doit renforcer le combat contre la casse sociale. S’en est suivi le traditionnel chant des luttes sociales, l’Internationale.

Gravité de la situation sociale

Direction enfin la Préfecture où les leaders syndicaux ont pris la parole pour brosser le tableau de la réalité sociale. Pour la FSU, ce sont le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux à la retraite. Pour FO, c’est le passage de 37,5 à 41 annuités de cotisation dès 2012 pour une retraite pleine. Pour Solidaires, c’est le chômage des jeunes et la moitié des retraités au minimum vieillesse, soit 660 euros, alors que le seuil de pauvreté est fixé à 730 euros par l’OCDE. Pour la CDFT, ce sont des jeunes diplômés sans emploi et l’absence d’un « pouvoir d’achat digne ». Pour l’UNSA, c’est l’urgence de la situation des chômeurs en fin de droit. Pour la CGTR, c’est d’ici la fin de l’année la perte de 13.000 licenciements dans le BTP et le secteur automobile, 130.000 chômeurs et 230.000 salariés confrontés à la souffrance au travail. « Une situation sociale dont la gravité n’a pas été mesurée », affirme Ivan Hoareau, et qui pourrait sans doute faire de l’année 2010 la pire jamais vécue depuis longtemps. « Quelle est la participation du patronat à la sortie par le haut de cette crise ? », lance Ivan Hoareau. La CGPME, qui veut mettre l’Homme au centre de son action, refuse d’appliquer les 50 euros du COSPAR. Le MEDEF prend pour prétexte cet accord afin de geler les négociations salariales.
Enfin, sur le plan politique, la CGTR constate que les Français ont dit non à la politique de Nicolas Sarkozy aux élections régionales. « La Direction de l’UMP n’est pas soucieuse de l’emploi, il faut que les masques tombent », a déclaré Ivan Hoareau.
La manifestation s’est achevée par un appel à l’unité syndicale et à faire preuve de fermeté sur les revendications sociales.

EP

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