Licenciement abusif à Saint-André

Une affaire qui en appellera d’autres

27 juin 2006

Nathalie Palmizin-Latchoumanin a eu gain de cause dans l’affaire qui l’opposait à la Mairie. Déterminée et soutenue par ses collègues et par les parents d’élèves, sans oublier les élus de l’Alliance au Conseil Municipal (Chantal De Camaret, Joé Bédier et Eric Fruteau), cette femme courageuse a ouvert la voie aux autres journaliers communaux, montrant qu’il importe de se mobiliser face à un problème qui touche moult communes réunionnaises : la gestion du personnel précaire.
“Témoignages”, pour sa part et par ses articles, est également fier d’avoir apporter son soutien à ce combat.

Depuis 20 ans, Nathalie Latchoumanin, née Palmizin, travaille en CDD, à mi-temps, pour un salaire de 400 euros par mois. Depuis une semaine, elle est licenciée, soi-disant pour ne pas avoir salué le premier magistrat ou pour ne pas avoir assuré des remplacements pendant la crise du chikungunya. Prétextes qui se sont révélés faux, comme tout bon prétexte.
Collègues et amis sont venus la soutenir hier, lors d’une manifestation devant la mairie. Pour demander sa réintégration dans ses fonctions.
Tous expliquent que la Saint-andréenne était exemplaire à son travail, exécutant des tâches diverses à l’école de la Ravine Creuse. Surveillance, accueil à la cantine, tâches administratives, Nathalie Palmizin-Latchoumanin assurait depuis 20 ans un service de qualité à la communauté éducative.
Les causes de ce brusque licenciement ? Tantôt la Mairie s’explique par un manque de civilité : l’employée ne se serait pas acquittée d’un “bonjour... au revoir” au premier magistrat. Tantôt la Mairie s’explique par un manque de citoyenneté : l’employée aurait refusé d’assurer des remplacements dans la crise du chinkungunya. Personne n’y croit. On n’exclut pas quelqu’un de son poste pour la seule raison de ne pas avoir adressé un mot au "premier magistrat", fusse-t-il municipal. Cela ne tient pas devant aucun Conseil des Prudhommes, et encore moins devant l’Inspection du Travail.
Nathalie Palmizin-Latchoumanin est formelle. Alors qu’elle était atteinte par le virus, elle était à son poste. Comment donc peut-on lui reprocher de s’être éclipsée face à ses responsabilités ? Peut-être existe-t-il d’autres explications !

Un CDI pour Nathalie...

Politique de la délation oblige, un référent de quartier - "les yeux et les oreilles du Maire payés pour surveiller", explique un saint-andréen - serait à l’origine de ce licenciement. Sans plus d’explication officielle. La Mairie, par la voix de Jean-Marie Virapoullé, dit assister dans cette affaire à de la manipulation politique. Les membres de l’opposition (PCR et PS) entendent simplement faire valoir si ce n’est un manque d’humanisme envers une employée communale qui vit déjà d’une misère, du moins le respect du droit du travail. La Mairie répond qu’une tentative de réconciliation avait été déboutée par Nathalie Palmizin-Latchoumanin. On lui proposait en effet un nouvel emploi, agent d’entretien dans le service de la petite enfance pendant 4 mois, à raison de 2 interventions par jour. Est-ce là son plan de titularisation de son personnel précaire ? 20 ans de loyaux services pour Saint-André, uniquement en CDD et cette travailleuse est remerciée par une offre de travail n’excédant pas 6 mois.
Nathalie Palmizin-Latchoumanin, soutenue par des amis, collègues, élus de l’opposition et l’association Momon Papa Léla rejoignait la Mairie afin d’avoir des explications. Elle finira par faire capoter l’argumentation de la Mairie qui non seulement réintègre Nathalie Palmizin-Latchoumanin dans ses fonctions, mais en plus transforme son contrat en CDI, en poste dans le jardin d’enfant “Les fripounets”. Exemple à suivre...

Une commission paritaire mixte

Pour Éric Fruteau, "c’est une victoire qui résulte d’une mobilisation citoyenne, d’une part. D’autre part, c’est un appel lancé à l’ensemble des journaliers communaux qui se trouvent comme Nathalie Latchoumanin dans une situation précaire, de façon à mettre en échec une politique arbitraire et subjective, et de façon à faire valoir leur droit au travail et à la dignité". La position de l’opposition est claire : créer une commission paritaire mixte où règnerait un minimum de démocratie et notamment en matière de gestion du personnel. Cette commission réunirait élus, administratifs et représentants du personnel, afin de donner davantage de transparence dans le dossier du personnel précaire. Les journaliers communaux peuvent ensemble faire bouger les choses. Nathalie Palmizin-Latchoumanin vient d’ouvrir la voie.

C’est un précédent qui peut faire changer l’existence de l’ensemble des journaliers communaux.

Bbj


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus