
56% des Français pour la censure du gouvernement Bayrou
7 juilletAlors qu’Emmanuel Macron retrouve cette semaine son pouvoir de dissolution, la moitié des Français dit souhaiter dans les prochains mois une (…)
L’hommage à l’Abbé Pierre, le droit au logement opposable : les principes doivent déboucher sur...
30 janvier 2007
Il est toujours hasardeux de raconter un dessin. Mais quand le dessin est politique et qu’il est savoureux, qu’il est en même temps plus parlant qu’un long discours, cela donne l’envie de prendre le risque... D’autant plus que ce dessin va nous amener à évoquer à nouveau le problème sans doute le plus grave (avec le chômage) qui se pose à La Réunion, celui du manque terrible de logements pour une grande partie de la population.
Un dessin signé Cabu est paru dans le dernier numéro du “Canard Enchaîné”. Il s’intitule “Les nouveaux chiffonniers”. On y voit, en amorce à gauche, le cercueil de l’Abbé Pierre. Devant le cercueil, est posée à terre une grande image qui le représente poussant une charrette, sur laquelle est entassé un monceau de vieux vêtements. Un panneau sommaire est accroché à la charrette, sur lequel est inscrit : “je récupère tout”. Le travail inlassable du fondateur d’Emmaüs et de ses compagnons, effectivement, depuis des décennies...
Sur la droite, trois personnages en grand deuil, dans des habits aussi noirs que la soutane de l’Abbé, sont rangés en file indienne face au cercueil. Ils sont là pour rendre un dernier hommage au disparu. Le premier, Jacques Chirac, procède à l’aspersion d’eau bénite en agitant un goupillon. Il est suivi de Nicolas Sarkozy puis de Ségolène Royal. Chacun des trois porte une grosse gerbe. Sur les gerbes, qui sont identiques, on lit la même inscription : “MOI AUSSI”.
« Je récupère tout »... « Moi aussi »
Oui, c’est bien cela, ont dû se dire beaucoup de ceux qui ont été troublés par la tonalité générale des cérémonies officielles ayant marqué l’hommage à l’Abbé Pierre. Comme si la solennité démultipliée de l’événement avait permis de déposer un voile épais - un voile impudique - sur une immense vérité, sur un non-dit intense, sur une question brûlante.
Comment, en effet, ne pas avoir été perturbé par toutes ces marques ostentatoires et emphatiques d’hommage à l’œuvre de l’Abbé Pierre, de la part d’un monde politique qui, s’il avait authentiquement respecté le message de l’Abbé, aurait dû crier à tous les échos que la question du logement des plus pauvres - qui est une question POLITIQUE par excellence - n’a jamais trouvé de solution à sa mesure depuis plus d’un demi-siècle ?
Une vérité occultée
On aurait dû entendre dans les discours officiels et les réactions politiques - ce qui aurait alors constitué la marque de respect qu’aurait méritée l’Abbé - le fait indubitable que le combat acharné de l’abbé Pierre en matière de logement s’est soldé par un échec tragique. Que l’engagement de toute sa vie, afin d’arracher la mise en œuvre du droit au logement de tous, et tout particulièrement des plus fragiles, a débouché sur une situation aussi révoltante en 2007 qu’elle l’était en 1954. Voilà la vérité, occultée parce qu’explosive. Cette vérité, reconnue et réinscrite avec force dans le destin du pays, aurait donné un sens authentique à cet adieu à l’Abbé Pierre. Une vérité reconnue par toutes les forces politiques, qu’elles se réclament aussi bien de la gauche que de la droite.
Les hommages, exprimés au-dessus de la fosse que représente ce grand silence, ne peuvent qu’ulcérer les victimes de ce manque d’une politique qui ferait du principe d’“un logement pour chacun” la priorité nationale majeure. Afin que tous, nous puissions nous regarder en face.
Le Ministre Jean-Louis Borloo a annoncé que la prochaine loi sur le logement portera le nom de “Loi Abbé Pierre”. Inconscience ou cynisme, on peut hésiter entre les deux ; mais derrière cette décision, il y a en réalité le mélange intime des deux. Inconscience, non conscience du fait que le degré de civilisation d’une société “développée” se mesure au sort qu’elle réserve aux membres qui survivent dans ses franges. Cynisme, cynisme du responsable politique qui cherche à exploiter l’émotionnel, à récupérer les sentiments de générosité du peuple, alors que son gouvernement n’a pas respecté les attentes de l’Abbé Pierre et de ses compagnons. (1)
La loi qui instaure le “droit au logement opposable” ne couronne pas, hélas, l’œuvre de l’Abbé Pierre. Elle ne fait au contraire que mettre cruellement en lumière la carence des politiques du logement qui ont pu se succéder tout au long des années 50, 60, 70, 80, 90, pour parvenir en ce début de 21ème siècle à ce “fait divers” récent, sordide et innommable : une personne sans-logis a été broyée par un camion-poubelle où elle a été jetée parmi les cartons qui lui servaient d’abri contre le froid.
La résolution de l’immense problème du manque de logements, face aux besoins élémentaires de la population, ne peut bien évidemment passer que par la production intensifiée, opiniâtre et planifiée d’une quantité de logements décents et à bas loyers supérieure à la quantité de logements produits aujourd’hui.
A La Réunion, des mesures de salut public
Sur ce plan, la situation est encore plus alarmante à La Réunion (et dans les autres DOM) qu’en France hexagonale. Alors que la production de logements sociaux a connu récemment un certain regain dans l’hexagone, il n’en a pas été de même dans les DOM. C’est même exactement le contraire qui s’est produit : à La Réunion, le nombre de logements locatifs sociaux produits ces dernières années n’atteint pas le quart de l’objectif minimum reconnu par tous (2). La filière logement se retrouve dans une impasse sans précédent.
La notion de droit au logement opposable va rentrer dans les termes de la loi. Cette reconnaissance d’un droit imprescriptible va dans le bon sens. Mais elle restera vide de tout contenu sans la mise en œuvre d’une politique publique du logement social. Au niveau symbolique, il s’agit certes d’un pas en avant. Mais il convient de sortir du symbolique et d’en tirer les conclusions sur le plan de l’efficacité et des résultats.
On a fait le tour à La Réunion de l’éventail des facteurs de blocage de la production. Il y a le foncier, sa rareté et son coût, le coût excessif de son aménagement, qu’il faut mieux financer. Il y a les effets non maîtrisés de la défiscalisation qui viennent pénaliser le logement social. Il y a le caractère insuffisant des paramètres de la LBU déterminant les subventions des opérations, ce qui fait que la faisabilité de ces dernières est de plus en plus compromise, ce qui bloque toute la machine. Il y a la revalorisation nécessaire de l’allocation logement afin de diminuer les loyers à la charge des familles les plus modestes, qui sont les plus nombreuses.
Sur tous ces problèmes, et beaucoup d’autres - le LES (Logement Évolutif Social), le PTZ (Logement avec prêt à Taux Zéro), les conditions de vente aux locataires de leur logement etc... -, on ne voit rien bouger jusqu’à présent. Or, le signal d’alarme a été tiré depuis longtemps, et de façon unanime, comme à l’occasion de cette Semaine de l’Habitat en avril 2003, d’où étaient sorties des propositions réunionnaises pour forger une véritable politique du logement à La Réunion.
Dans les prochaines semaines, devrait enfin se tenir à Paris la Conférence Nationale du Logement Outre-Mer, conférence annoncée par le Premier ministre lors de son voyage en Guadeloupe en octobre dernier. Il faut impérativement que de ces travaux, présidés par les Ministres Baroin et Borloo, émanent des orientations et des décisions concrètes à même de changer résolument de cap. Il faut une sorte de comité de Salut Public pour le Logement, où les acteurs réunionnais doivent pouvoir s’exprimer en dépassant leurs contradictions et en imaginant des solutions novatrices. Sans une production qui fasse un véritable bond en avant, le droit au logement opposable restera lettre morte à La Réunion.
« L’Abbé Pierre ne voulait pas de fleurs, pas d’hommage, mais que l’on apporte sur sa tombe les clés des maisons que l’on aura données aux plus défavorisés » (3). Avant de partir, l’Abbé l’a bien dit : l’hommage ne suffit pas. Mieux : l’hommage n’est que du vent sans le ciment d’une politique qui permette de forger “les clés des maisons”.
La lutte des mal-logés, des familles réunionnaises vivant dans des logements insalubres, dans des logements insupportables de promiscuité, cette lutte continue de plus belle. Elle seule, en fin de compte, peut imposer que la lutte de l’Abbé Pierre ne soit pas foulée au pied.
Alain Dreneau
(1) Heureusement que le gouvernement n’a pas décidé de baptiser rétroactivement “Loi Abbé Pierre” la loi SRU de décembre 2000, qui a instauré en décembre 2000 l’exigence du quota obligatoire de 20% de logements sociaux par commune, mais qui a subi les pires attaques pour abroger ces quotas ! Quand il avait pris connaissance du nouveau projet de loi qui visait à dissoudre les quotas, l’Abbé avait été pris d’une sainte colère. Mais celle-ci n’avait pas été suffisante pour empêcher un vote de l’Assemblée nationale de janvier 2006 décidant un “assouplissement” des quotas (le Sénat revenant 3 mois plus tard sur cette décision sans redonner à la loi sa plénitude).
(2) La livraison de logements locatifs neufs a plafonné en 2006 à 1.200. Cela représente une chute importante par rapport aux 2.500 logements par an de la période 1995-99, ou même aux 1.500 logements par an de la période 2000-04... alors que l’objectif de logements sociaux est d’au moins 6.000 logements par an... et devrait être considérablement revu à la hausse (voir la conférence de presse du PCR du 8 janvier 2007, qui a préconisé toute une série de mesures concrètes pour régler le problème de l’habitat social).
(3) D’après le Directeur général de la Fondation Abbé Pierre à Paris, Patrick Doutreligne (voir “Témoignages” du 23 janvier 2007.)
Alors qu’Emmanuel Macron retrouve cette semaine son pouvoir de dissolution, la moitié des Français dit souhaiter dans les prochains mois une (…)
Mézami, dimansh soir dann télé, banna la anparl in mess roganizé laba dann Sin-Bénoi avan la rouvertir la koupe kann dan lèst. A s’ki paré lété (…)
Dans son nouveau rapport annuel sur la conjoncture financière des collectivités territoriales, les analyses de la Cour des comptes sur les (…)
Médam zé méssyé, la sossyété, mi panss zot i koné la doulèr tonm dann in ni fourmi, sirtou fourmi k’i morde,kalité fourmi i pike aou in landroi é (…)
Les dirigeants du groupe des BRICS ont condamné les attaques contre l’Iran, Gaza et le Cachemire lors de leur sommet le 6 juillet, présentant le (…)
La conférence historique sur le financement du développement à Séville s’est conclue avec un sentiment renouvelé de détermination et un accent mis (…)
C’est dans une ambiance chaleureuse avec un état d’esprit fraternel que les délégués de la Section PCR de Sainte-Suzanne se sont réunis en (…)
La section PCR du Port apprend avec une profonde tristesse le décès de Nadia PAYET, ancienne déléguée syndicale CGTR. Militante engagée et (…)
Les technologies de Google Cloud renforceront la plateforme d’Ecobank pour améliorer la banque digitale, le soutien aux petites et moyennes (…)
Le patron des communistes, Fabien Roussel, ne se rendra pas à une réunion de la Gauche sur l’hypothèse d’une candidature commune de gauche en (…)
Une information récente communiquée par le ministre de la Justice Gérald Darmanin concerne la création de nouvelles prisons sur l’ensemble du (…)
La FSU Emploi Réunion tient à rappeler que la mise en œuvre des programmes de transformation de France Travail, issus de la loi Plein Emploi, ne (…)