Hausse de 3,6 % de l’emploi salarié non marchand mais augmentation de 3 % du nombre de demandeurs d’emploi

Une économie dynamique ne suffit pas à inverser la courbe du chômage à La Réunion

25 août 2016, par Manuel Marchal

L’INSEE a publié le 23 août une étude sur l’évolution de l’emploi salarié au premier trimestre de l’année 2016 à La Réunion. Ce document fait apparaître une augmentation du nombre d’emploi dans le secteur privé. Pendant qu’une augmentation des emplois occupés est constatée dans ce secteur, le chômage suit la même tendance.

Hausse du chômage au premier semestre 2016 alors que le nombre d’emploi a augmenté de 0,4% dans le secteur marchand.

Mardi, l’INSEE a publié l’étude trimestrielle de l’évolution de l’emploi salarié dans le secteur marchand. Elle indique une hausse du nombre de poste de 0,4 % pour cette période, et de 3,2 % sur les 12 derniers mois. Ces résultats sont dus notamment à la croissance des effectifs dans le BTP, du fait de la fin des congés avec +3,6 %.

L’industrie tire aussi son épingle du jeu, avec une augmentation de 1 % de ses effectifs sur un trimestre, et de 2,9 % sur une année.

Si dans le commerce, le nombre d’emploi est resté stable, il a baissé dans les services (-0,4 %). Malgré tout sur un an, ce secteur a vu le nombre d’employés s’accroître de 4,2 %.

Ces données soulignent l’existence d’une économie dynamique à La Réunion. Le taux de croissance de l’emploi salarié dans le secteur marchand est trois fois plus élevé qu’en France sur 12 mois (3,6 % contre 1,1 %). Cette différence peut notamment s’expliquer par les aides de l’État proportionnellement plus importantes versées à La Réunion aux entreprises, sous forme d’exonérations de défiscalisation, d’exonérations de cotisations sociales. Quant au crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), le taux outre-mer est plus fort qu’en France.

200 personnes pour 20 places…

Mais ce dynamisme ne suffit pas à inverser la courbe du chômage. Pendant que la croissance de l’emploi salarié atteint 3,6 % entre mars 2015 et mars 2016, celui du nombre de demandeurs d’emploi a augmenté de près de 3 %, et celui des Réunionnais totalement privés de travail pendant une période d’un mois de 1,5 %.

Des faits concrets soulignent cette impasse. Pas plus tard qu’hier, plus de 200 personnes ont postulé pour avoir un des 20 emplois promis par Disneyland à Marne la Vallée. Ce sont pourtant des contrats à durée déterminée, pour des emplois payés au SMIC dans la région de France où le coût de la vie est le plus important. Seul le logement fourni permet de dégager un peu de pouvoir d’achat.

Les données de la crise sont connues, elles classent La Réunion comme un département socialement hors norme avec près de 180.000 demandeurs d’emploi, plus de la moitié des jeunes de moins de 25 ans sortis de l’école au chômage, et près de la moitié de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté.

Comme si la France avait plus de 10 millions de chômeurs

La Réunion bénéficie d’une croissance économique supérieure à celle de la France, cela se répercute dans les créations d’emploi. Avec une situation analogue, la France serait sans doute proche du plein emploi. Mais ce n’est pas le cas à La Réunion. Notre île doit aussi faire face à la croissance de sa population active. Depuis 70 ans, aucune des politiques mises en œuvre n’a réussi à faire reculer le chômage. Il était déjà supérieur à 20 % dans les années 1970. Malgré le BUMIDOM puis la mobilité, cette situation n’a pas évolué. Elle découle de mesures qui ne sont pas adaptées à la situation spécifique de notre île. En effet, si la France comptait un taux de chômage équivalent à celui de La Réunion, elle compterait plus de 10 millions de chômeurs. Avec un tel chiffre, nul doute que d’autres politiques que celles menées actuellement seraient mises en œuvre.

M.M.

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