Réforme des retraites

Une Fédération CGTR-BTP pour porter la voix des retraités

23 mars 2011, par Edith Poulbassia

La Fédération des retraités CGTR-BTP a vu le jour hier. Objectif, représenter d’abord les retraités du BTP et les soutenir dans leurs démarches, puis ouvrir cette Fédération à tous. Avec la réforme des retraites qui entre en application au 30 juin 2011, beaucoup de salariés ont besoin d’être informés et orientés.

Roger Alagama est le président du Conseil de cette nouvelle Fédération, dont le bureau compte 11 membres. A la retraite depuis 2001, il a fait son retour à la CGTR en mai 2010, après 13 ans de présence en tant que secrétaire général de la CGTR-BTP. Pour lui, il s’agit d’évaluer avec les salariés le meilleur moment pour partir en retraite. Beaucoup se sentent usés par le métier et ont envie de prendre leur retraite. Or, l’âge légal de départ passe de 60 à 62 ans et la cotisation à taux plein de 65 à 67 ans. Seule une incapacité physique au moins égale à 20% suite à une maladie professionnelle ou un accident de travail permet encore une retraite à 60 ans. Ceux qui ont commencé à travailler à 14 ans peuvent aussi espérer une retraite à 58 ans.
Roger Alagama souhaite recevoir les salariés et retraités du BTP, qu’ils soient à la CGTR ou pas, et par la suite tous ceux qui ont besoin de conseils. Une réunion prévue le 19 avril doit finaliser l’installation de cette Fédération des retraités. Un « monsieur retraite » sera désigné dans les entreprises pour orienter les salariés.

Qui va financer les retraites ?

Par ailleurs, la Fédération veut regrouper les retraités pour porter leurs revendications auprès des pouvoirs publics. Par exemple, la santé. « Les soins aujourd’hui sont payants même quand on a travaillé toute sa vie. Un retraité doit payer une mutuelle même lorsqu’il n’a que 600 euros par mois », affirme Roger Alagama. Autre problème, le paiement des retraites en début de mois qui représente 80 millions d’euros à La Réunion. « Les retraités doivent attendre le 15 du mois, et pendant ce temps, ils n’arrivent pas à payer les frais, les factures. Beaucoup de monde souffre aujourd’hui », poursuit-il. Il existe pourtant une caisse de réserve de 37,5 milliards d’euros. « Qu’est-ce que le gouvernement a fait de cette caisse de réserve ? », interroge Roger Alagama. La Fédération veut aussi poser la question de l’avenir de la retraite complémentaire et du financement des pré-retraites.
Dernier point, et non des moindres, la Fédération entend alerter sur la situation sociale. Il y a dix ans, quatre salariés cotisaient pour un retraité. Aujourd’hui, 1,8 salarié cotise pour un retraité. Roger Alagama estime que la situation est alarmante depuis une dizaine d’années. Avec 140.000 chômeurs aujourd’hui à La Réunion, dont 15.000 ont perdu leurs emplois dans le BTP, des carnets de commandes vides, la situation ne risque pas de s’améliorer. « Qui va payer nos retraites ? », demande Roger Alagama. Il constate que rien n’est fait pour relancer l’activité et l’emploi, que ce soit du côté des pouvoirs publics ou des patrons. On préfère les niches fiscales ou les bénéfices distribués aux actionnaires au lieu de financer les retraites. « L’ouvrier le plus pauvre aujourd’hui, il est à La Réunion », constate Roger Alagama, d’après une étude comparative dans les DOM. Les jeunes diplômés ou non se retrouvent sans emploi. « Quel espoir pour cette société ? », interroge Roger Alagama.

EP


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