Fête du Travail

Une grande première à Moroni

2 mai 2008

Versement régulier des salaires, lutte contre la vie chère et dialogue social sont les mots d’ordre de la plus importante mobilisation syndicale de ces dernières années. L’euphorie populaire qui règne depuis la libération d’Anjouan, l’implication des pouvoirs publics et le dialogue social qui a commencé depuis quelques semaines semblent expliquer ce regain de militantisme.

Ils étaient présents, ils tenaient à le faire savoir avec leurs banderoles et leurs pancartes. Les enseignants et le personnel médical connus de tous comme les faiseurs de grèves ont pris bien entendu les devants car pour eux, le combat pour la régularité des salaires est toujours d’actualité. Les employés de Comores Telecom, classés parmi les mieux lotis, battaient également le pavé. Ceux de la Mamwe, la compagnie publique de l’électricité et de l’eau, longtemps accusés de contribuer à la paralysie de leur propre entreprise, étaient heureux de sortir la tête hors de l’eau. En effet, les habitants de la capitale ont fini avec les coupures d’eau et d’électricité qui durait depuis près de 1 an.
La véritable nouveauté de ce 1er mai 2008, c’est sans doute la participation des revendeuses des deux marchés de Moroni. C’était une petite révolution de voir une de ces femmes monter sur l’esplanade de l’assemblée de l’île. Au nom de ces collègues, elle a dénoncé le renchérissement du coût de la vie, et la mauvaise gestion des administrateurs des marchés qui entretiennent l’insalubrité de leurs lieux de travail, alors qu’elles s’acquittent régulièrement de leurs cotisations.
Comme on pouvait s’y attendre, les représentants des travailleurs ont stigmatisé l’accumulation des arriérés de solde des fonctionnaires. Le porte-parole de la Confédération des Travailleurs Comorien a été longuement applaudi lorsqu’il a condamné la signature par le Ministre des Finances de l’Accord intérimaire sur les APE avec l’Union Européenne sans consulter les partenaires sociaux.

Il n’y a pas de magie

Le représentant du patronat, comme ceux des travailleurs, a salué la sincérité du gouvernement dans le dialogue social en cours. Prenant à son tour la parole, le tout nouveau Ministre de la Fonction publique, de l’Emploi et du Travail de Ngazidja, fidèle à lui-même, a parlé à l’assistance sans la langue de bois habituelle. Assoumani Saandi, favorable à une nouvelle approche dans la gestion des fonctionnaires, s’est permis de dire quelques vérités à l’assistance. Plutôt que de faire des promesses, il a dit qu’il n’était pas un magicien : « Tant que nous ne maîtriserons pas la masse salariale, tant que vous continuerez à discuter en face des ministères au lieu de travailler, tant que nous garderons 300 chauffeurs dans l’administration, alors qu’il n’y a pas de voiture, il n’y aura pas de régularité de salaires ».
Dans la foule, des cris d’hostilité se sont fait entendre, mais les responsables syndicaux, eux, disent comprendre et se disent même prêts à soutenir le jeune ministre pour se débarrasser des parasites et fantômes.
En fin de journée, syndicalistes, membres du gouvernement et des partenaires au développement se sont retrouvés dans les jardins du Ministère de l’Emploi et du Travail pour continuer la célébration de cette Fête du Travail décidément très particulier.

A. Mohamed


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus