La CGTR fait le bilan de la grève du BTP

« Une lutte exemplaire à plus d’un titre »

18 mai 2004

Pour la Confédération générale du travail à La Réunion (CGTR) la grève de ce mois de mai dans le secteur du Bâtiment et des travaux publics (BTP) a traduit en actes la notion de solidarité en faveur des précaires. C’est ainsi que les travailleurs permanents se sont engagés dans une action difficile - certes pour des revendications intéressant l’ensemble de la profession, mais aussi et surtout pour l’extension de droits aux salariés précaires (en contrats de chantier), reconnus seulement aux permanents.

Les grévistes du B.T.P. devant la préfecture le 13 mai dernier. « La solidarité n’est pas un vain mot. Bien au contraire, elle est aussi action ». (Photo Imaz Press Réunion)

La bataille contre la précarité que mène la CGTR depuis de longues années a été victorieuse lors de la dernière grève du BTP : "La solidarité n’est pas un vain mot. Bien au contraire, elle est aussi action", déclare Ivan Hoareau, le secrétaire confédéral, dans un communiqué transmis à la presse hier.
Face à cela, la CGTR dénonce "une véritable politique de mépris de la part du patronat de la FRBTP et du MEDEF (faut-il rappeler la place essentielle du BTP au sein de cette organisation !)".
Au-delà des paroles du secrétaire général et négociateur de la FRBTP (Fédération réunionnaise du bâtiment et des travaux publics), Bernard Tillon, qui "resteront toujours gravées dans la tête des salariés", la CGTR insiste sur le fait que le principe de la négociation a été détourné par le patronat : "la négociation doit améliorer les conditions de vie et de travail des salariés, à partir du principe de faveur ; or, depuis un peu plus de vingt ans, le patronat utilise la négociation pour remettre en cause les acquis des travailleurs, dévoyant ainsi celle-ci de son objectif premier".
Ainsi la FRBTP est revenue, au bout de dix-huit mois de négociations, sur "sa parole donnée. C’est là, la manifestation d’un profond mépris pour les salariés", déclare la CGTR, qui poursuit : "de plus, elle a tenté, par des attitudes manœuvrières, en misouk, de faire signer des accords allant à l’encontre des intérêts des travailleurs. Ce faisant, c’est le principe même de loyauté, qui doit présider aux relations entre "partenaires" sociaux qui est mis en pièces".
Le syndicat s’insurge : "Comment, dans ces conditions, aborder sereinement des négociations, quand il faut, sans cesse, être vigilants aux attaques du patronat, les unes les plus sournoises que les autres, quand ne sont pas clairement définis, comme ils devraient l’être, tout au moins au regard de l’esprit des textes, dés le départ, les objectifs de la négociation ?"

La belle victoire des travailleurs

Au-delà de la justesse et de la légitimité des revendications, les syndicats du BTP, et notamment la CGTR qui s’est tenue au respect de ce principe jusqu’au bout, ont pratiqué la démocratie syndicale et ouvrière en informant les syndiqués et les salariés de l’évolution au jour le jour de la situation.
La CGTR regrette cependant que la signature de la Convention collective départementale (CCD) par les trois autres organisations syndicales n’ait pas été précédée de la consultation des travailleurs : "en effet, se pose la question de la prise en charge financière de cet accord ? Le gel des indemnités de déplacement et la perspective d’augmentation des prix publics évoquée par la Préfecture financent, en totalité ou en partie, les mesures prévues dans l’accord. Cette question du financement de l’accord aurait mérité une discussion préalable avec les salariés".
"Les syndicats du BTP ont su garder, malgré tout, leur unité d’action. C’est ainsi que, dès le lendemain de la signature de la CCD, faisant preuve de responsabilité, ils ont su, dans l’unité et en ayant conscience qu’au-delà des divergences l’intérêt essentiel des salariés devait primer, aborder les négociations salariales", se félicite le syndicat.
"Gardant des relations constantes et continues, ils ont construit la cohésion et l’unité. Cette unité d’action doit être maintenue. C’est elle qui a permis de gagner. Et c’est elle qui permettra de gagner les batailles à venir. Le rôle de la CGTR, ici, comme au niveau des inter professions, a été déterminante
".
La CGTR se dit "fière de cette lutte. Aujourd’hui, les travailleurs du BTP ont su mener une véritable campagne d’informations à destination des travailleurs du BTP et, au-delà, de l’ensemble des salariés". "Les arguments patronaux du coût financier, de la grève qui tue les petites entreprises... ont été mis en pièces. Ainsi, ils ont pu gagner la compréhension, voire le soutien, des salariés et de la population".
Enfin, la CGTR appelle solennellement le patronat à "ne pas mettre de l’huile sur le feu. Cette grève a été largement le fait de l’attitude méprisante du patronat, les travailleurs ne sauraient être inquiétés pour fait de grève. Sur ce point, notre vigilance s’impose".


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