Une marge en hausse de 16% pour les 12 prochains mois

Fin de la grève des gérants de stations-service

3 février 2007

Depuis hier 13 heures, le mouvement de grève des patrons de stations-service est terminé. Ces derniers ont obtenu satisfaction : leur marge sera revalorisée et la rédaction d’une charte sera mise en œuvre. De 9 centimes d’euro, la marge perçue par les gérants pour un litre de carburant va progressivement passer à 10,5 centimes d’euros par le biais d’augmentations successives jusqu’au 1er février 2008. C’est une revalorisation de plus de 16% au cours des 12 prochains mois. Pour le moment, l’accord est sans conséquence sur le pouvoir d’achat des automobilistes : la baisse des prix du carburant arrêtée pour le 1er février est maintenue.

Entamé jeudi matin, le mouvement de grève des gérants de stations-service s’est conclu hier sur un accord satisfaisant les différentes parties. Depuis 13 heures ce vendredi, la distribution du carburant a repris et les automobilistes pourront bénéficier de la baisse des prix du carburant. Rappelons que le super et le gasoil affichent désormais un prix respectif de 1,27 euro le litre et 1 euro le litre. Quant à la bouteille de gaz, l’augmentation est confirmée. La recharge coûte désormais 19 euros 45.

Quant au contenu de l’accord, il prend en compte les revendications des grévistes. Pascal Plante, dirigeant du syndicat des gérants de stations-service, annonce une augmentation de la marge des distributeurs de carburants. Son montant est de 1,5 centime par litre. « L’augmentation va s’étaler dans le temps », précise-t-il, avec une part importante au 1er mai, puis une autre hausse le 1er octobre et une dernière le 1er février.

Un projet de charte

L’accord ne remet pas en cause le "coup de pouce" accordé par l’État l’an dernier. Dans un communiqué diffusé jeudi à la presse, la Préfecture rappelait que « le 1er février 2006, alors que le l’indice INSEE était de +3,6%, la marge des gérants a été augmentée de 5,1% ».
1,5 centime de plus sur une marge de 9 centimes par litre, tel est donc ce que les grévistes ont obtenu.

L’accord conclu hier signifie donc une hausse de plus de 16% de la marge des gérants de stations-service au cours des 12 prochains mois. Initialement, la Préfecture avait annoncé jeudi une hausse de 4% au 1er février.
Ceci permet de faire face à l’urgence et de débloquer le conflit. Pour Pascal Plante, l’avancée la plus importante est l’annonce de la mise en œuvre d’une charte concernant les gérants de stations-service. Ce document sera élaboré à partir de la prise en compte de toutes les difficultés de ces entrepreneurs. « Afin de prémunir l’économie réunionnaise, nous souhaitons bâtir un vrai projet », explique le responsable syndical. Ce document vise à définir précisément le métier de gérant, et à délimiter clairement les limites des responsabilités de tous les partenaires de la filière. « Nous avons sollicité la Préfecture pour que les services de l’État président les réunions de travail visant à l’élaboration de la charte », explique Pascal Plante pour qui cette charte est un outil « essentiel ».

« C’est un travail sur la vision que l’on souhaite avoir pour ce métier », ajoute-t-il. « Donner une perspective d’avenir aux gérants, c’est aussi donner une perspective au personnel », relève le dirigeant du syndicat des exploitants de stations-service qui rappelle qu’une des spécificités de la filière à La Réunion est le métier de pompiste : « le métier de pompiste n’existe plus en France, ni en Europe ». Autrement dit, la clarification permise par ce document est un moyen pour valoriser le travail des employés de stations-service par le biais de véritables plans de carrière.

Qui paiera ?

Cette journée et demie de grève a eu de fortes répercussions dans notre île. Elle a une nouvelle fois démontré la dépendance de toute une économie à un mode de transport et à une source d’énergie. Et nul doute que si le conflit s’était prolongé, c’est toute La Réunion qui risquait la paralysie.
Force est de constater que ce mouvement de moins de 2 jours a débouché sur d’importantes avancées pour les grévistes. Si l’accord signé hier est respecté, ces derniers vont voir leur marge augmenter de plus de 16% au cours des 12 prochains mois.
Si, aujourd’hui, les usagers ne sont pas mis à contribution pour financer cet accord, qu’en sera-t-il demain ? La question reste posée, Pascal Plante soulignant que c’est un paramètre que les gérants ne maîtrisent pas. C’est en effet l’État, par mesure dérogatoire depuis 1986, qui fixe le prix maximum des carburants à La Réunion. Un dispositif qui, rappelle la Préfecture, « permet, de fait, de faire bénéficier les gérants de stations-service, entre autres, d’une marge minimum ».

Manuel Marchal


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