Mobilisation contre la réforme des retraites

Une mobilisation peu suivie

7 juin 2023

« Le match est en train de se terminer, qu’on le veuille ou non, avec cette inconnue de ce qui se passera jeudi à l’Assemblée », a reconnu le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger

Après cinq mois de manifestations contre la réforme des retraites, les syndicats voient venir la fin du "match" avec une participation au plus bas pour leur 14ème journée de mobilisation. Cependant, ils entendent "rester unis" pour peser sur d’autres sujets.

Les chiffres donnés par les autorités et les syndicats sont les plus faibles depuis le début du mouvement social : 8 000 à 50 000 manifestants à Toulouse, entre 5 500 et 10 000 à Rennes, ou encore 5 000 à 10 000 à Grenoble, près d’un millier à La Réunion.

A Paris, la CGT a revendiqué 300 000 participants, chiffre déjà atteint à deux reprises durant l’hiver. Les gens ne sont pas descendus dans la rue comme l’espérer les syndicats, qui voulaient remettre la pression deux jours avant l’examen d’une proposition de loi visant à abroger la réforme promulguée mi-avril.

"Le match est en train de se terminer, qu’on le veuille ou non, avec cette inconnue de ce qui se passera jeudi à l’Assemblée", a reconnu Laurent Berger. Le secrétaire général de la CFDT, a appelé les syndicats à "peser dans le rapport de force à venir" sur d’autres sujets comme les salaires ou les conditions de travail.

"Nous voulons de vraies négociations", a indiqué la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet. Cette dernière a indiqué que "les retraites resteront toujours un combat", mettant en avant l’objectif de "gagner des avancées concrètes". "L’intersyndicale va rester unie", a-t-elle ajouté, jugeant "probable qu’il y ait d’autres manifestations au vu de la colère dans le pays".

En dehors de quelques actions coup de poing comme une intrusion au siège du comité d’organisation des JO-2024 et une coupure d’électricité en banlieue parisienne, les perturbations sont restées très limitées.

Dans l’éducation nationale, à peine plus de 5% des professeurs étaient en grève. Dans les transports, la SNCF a fait circuler neuf trains sur dix en moyenne, tandis qu’un tiers des vols ont été annulés à l’aéroport d’Orly.

Le défilé parisien s’est fait tranquillement, les manifestants ont redoublé de huées et collant sur le sol, en lettre majuscules : "Ci-git la démocratie". Signe de la désillusion des manifestants après les passages en force de l’exécutif au Parlement, malgré la tentative d’abrogation des oppositions.

De son côté, le gouvernement dit continuer à avancer, notamment avec la publication le 5 juin au JO des deux premiers décrets d’application, dont celui portant progressivement l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans.

Un texte qui passera en force, le 8 juin

Le 8 juin, la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, devrait utiliser l’article 40 de la Constitution - qui interdit aux parlementaires de déposer des amendements ayant un impact financier - pour faire obstacle au texte Liot.

A Gauche et dans le groupe Liot, la députée Sophie Binet a indiqué qu’il est "indispensable de laisser le Parlement voter" au risque d’une "énorme anomalie démocratique". Mais pour Laurent Berger, "ce n’est pas bien parti". Jean-Luc Mélenchon (LFI) a promis mardi que "la lutte continuera(it)" contre la réforme même s’il a admis ne pas savoir "sous quelle forme".

Pour la droite "le match est joué", a estimé le chef des sénateurs LR Bruno Retailleau sur Sud Radio. Pour le président de la République, Emmanuel Macron, le débat doit se tenir "dans le cadre démocratique et le respect de la Constitution".

Le gouvernement prévoit la tenue mi-juin d’une réunion multilatérale, soit à Matignon, soit à l’Elysée, avec les syndicats et le patronat. Un rendez-vous qui n’enchante pas les leaders syndicaux, qui devraient se réunir en visio le 13 juin. Frédéric Souillot (FO) a déjà fait savoir qu’il "n’irait pas", tandis que François Hommeril (CFE-CGC) n’a "pas envie d’aller à une opération de communication".


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