“Contrat première embauche” : réactions

Une page du Code du travail déchirée

19 janvier 2006

Le gouvernement de Villepin continue sa casse sociale et ouvre la voie à la grande précarité. Récemment, le Premier ministre proposait aux jeunes de moins de 26 ans un contrat précaire de 2 ans, un contrat qui enlève plusieurs pages du Code du travail.

Faire reculer le chômage des jeunes, oui, mais de cette manière, c’est une entrave aux droits fondamentaux du Travail. Dominique de Villepin propose en effet de créer un nouveau type de contrat, nommé CPE, entendez “Contrat première” embauche”. Lors de sa dernière rencontre avec les députés à l’Assemblée nationale, le gouvernement s’est illustré en vantant les mérites de ce contrat de grande précarité, qui permet soit aux jeunes de travailler, mais dans quelle condition ! Pendant 2 ans, ils ont tout simplement un véritable couperet sur la gorge, les jeunes embauchés pouvant à tout moment être renvoyés, sans excuse valable. La CGTR, le collectif “Agir Pou Nout Tout” et AC ! Chômage réagissent.

o Jean-Marc Gamarus (CGTR) : "le gouvernement est chevillé à la position du MEDEF"

"Notre position est la même que celle de la CGT France. Nous sommes tout simplement opposés à cette “mesurette”, parce qu’après le “Contrat nouvelle embauche” (CNE), et bientôt le contrat pour les seniors, et aujourd’hui avec ce “Contrat première embauche” pour les jeunes de moins de 26 ans, on constate que le gouvernement est chevillé à la position du MEDEF, en innovant dans le recul social. La CGTR est opposée, parce que ce contrat constitue une nouvelle forme de précarité, qui n’offre aucune perspective d’avenir pour nos jeunes, qui restent confinés aux petits boulots, aux petits contrats, à la précarité, à la désespérance. La CGTR aurait souhaité des mesures politiques courageuses, qui tiennent compte de la volonté des jeunes d’avoir un emploi pérenne, afin de construire leur avenir. Le compte n’y est pas, et la CGTR continuera sa lutte pour le plein emploi et la reconnaissance des compétences, des qualifications, des diplômes et de l’expérience professionnelle."

o Jean-Hugues Ratenon (collectif Agir Pou Nout Tout) : "C’est une stratégie de communication"

"Au lieu de s’attaquer véritablement à l’emploi, le gouvernement joue le jeu du saucissonnage, le but recherché étant de faire croire aux Français qu’il lutte contre le chômage, alors qu’il ne trouve pas de solution. C’est une stratégie de communication. Il suffit de voir toutes les mesures de ce gouvernement, soi-disant pour l’emploi. Alors, sous Raffarin ou sous de Villepin, c’est exactement la même chose. C’est blanc bonnet, ou bonnet blanc. Toutes ces mesures, telles que le Contrat jeunes en entreprise, le CNE, le RMA, Contrat d’avenir et compagnie, se sont toutes soldées par des échecs. Le gouvernement nous fait simplement croire qu’il a des solutions. On voit bien que ce n’est pas le cas, puisque ce sont des mesurettes, dans une logique de précarité. Nous sommes surtout dans une logique de fait d’annonce, malheureusement. Le collectif Agir Pou Nout Tout a toujours été très prudent, parce que l’on sait bien que ça ne marche pas. Dans 1 an ou 2, nous verrons l’inefficacité de ces mesures. C’est prévisible, comme il est prévisible que si vous vous faîtes piquer par un moustique porteur du chikungunya, vous contractez le chikungunya. Ici, c’est autant prévisible. Ces mesures n’apporteront aucune solution au problème du chômage."

o Jean-Pierre Técher (AC ! Chômage) : "C’est l’ère de l’insécurité des salariés"

"On parle de “Contrat première embauche” (CPE), on parle d’embauche des seniors, de ceci, de cela. En fait, on parle de la généralisation de la précarité, qui aboutit à l’insécurité du salariat. C’est l’ère de l’insécurité des salariés. La logique ? C’est d’entrer de plus en plus tard sur le marché du travail. Il deviendra de plus en plus difficile d’arriver à la retraite. Et il faut noter qu’aucune réforme ne va dans l’intérêt de la population et des travailleurs, encore moins de chômeurs. En fait, ce qu’il faut retenir de cette initiative, c’est la continuité d’une casse sociale, un recul du droit du travail. Celui qui paie, c’est le salariat."


La parole à un jeune chômeur

Yann Dijoux, 23 ans :
"Moi, ce que je veux, c’est un vrai contrat CDI"

"On ne finit pas d’entendre les mesures gouvernementales pour nous sauver du gouffre du chômage. Aujourd’hui, on nous propose un Contrat première embauche, comme on propose aussi aux jeunes un Contrat jeunes en entreprises. Force est de constater que cela ne favorise que les entreprises et leurs patrons surtout. Pour l’heure, avec un BTS gestion d’entreprise en poche, je cherche toujours un poste qui corresponde à mes compétences et mon diplôme surtout. Et ce n’est pas faute de chercher depuis presque 2 ans maintenant. En fait, il faudrait que l’on accepte tous les contrats avatars, surtout avec un petit salaire, sans possibilité d’évolution professionnelle. Moi, ce que je veux, c’est un vrai contrat CDI, qui m’oblige à des responsabilités. Par contre, je souhaite aussi que le patron s’oblige à respecter mes droits de travailleur. Si j’ai bien compris, mon employeur, avec ce type de contrat, peut me renvoyer, sans motif valable, à tout instant. Il paraît aussi que je pourrais bénéficier d’une indemnité chômage préférentielle. Il faut savoir ce que le gouvernement veut faire. En tout cas, je sais maintenant qu’il ne travaille pas à la pérennisation de l’emploi. À la prochaine présidentielle, ce gouvernement devra s’attendre à un vote marteau. Les jeunes devront choisir un candidat qui souhaite vraiment changer les choses, mais j’avoue que celui-ci n’est peut-être pas encore né."


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