Une précarité tenace à La Réunion

26 juillet 2008, par Edith Poulbassia

La plate-forme de Coordination de l’Observation Des Etudes Sanitaires et Sociales (CODESS) et l’Observatoire Régional de la Santé (ORS) ont édité le deuxième tableau de bord de la précarité à La Réunion. Un document qui recense toutes les informations disponibles, permettant de dresser une photographie de la précarité.

Des données sur les situations financières, sur l’accès aux soins de santé, sur le logement, sur l’échec scolaire, sur le chômage y sont rassemblées. Sans surprise, les statistiques, études, diagnostics confirment la situation de La Réunion : les insécurités qui définissent la précarité sont bien installées et empêchent une grande partie de la population de jouir de droits fondamentaux.
L’élément le plus significatif, et qui pourrait changer la donne pour les Réunionnais victimes de la précarité, c’est sans doute la situation par rapport aux revenus. Les données sur les minima sociaux, le surendettement et le chômage mettent en évidence la précarité financière.
Sans passer en revue l’ensemble des minima sociaux, il est possible d’affirmer que 30% de la population, donc des 800.000 habitants, dépend d’un minimum social. Le RMI (Revenu Minimum d’Insertion) représente la prestation au montant le plus important versé. Fin 2006, 186.131 personnes étaient couvertes par cette prestation, 40% sont allocataires.
Et la situation ne semble pas s’améliorer. « Depuis 2005, le nombre de bénéficiaires du RMI diminue en Métropole et à La Réunion. Néanmoins, la part que représentent ces allocataires pour 1.000 personnes âgées de 20 à 59 ans continue d’augmenter à La Réunion, passant de 163 en 2003 à 176 en 2006 ». L’allocataire est celui qui perçoit l’aide, que ce soit pour lui ou pour les bénéficiaires que sont les enfants, le conjoint. « Entre 2002 et 2006, l’évolution du nombre d’allocataires du RMI est plus importante que celle de la population générale. En 2002, 16,3% des personnes âgées de 20 à 59 ans percevaient le RMI contre 17,9% en 2006. Ce sont les 30-49 ans qui en bénéficient le plus (avec une part de 64% des allocataires) ». Avec les personnes de plus de 50 ans au RSO (Revenu de solidarité), la proportion de la population couverte est évaluée à 24,3%. On peut ajouter les 2% de Réunionnais bénéficiaires de l’AAH (Allocation Adulte Handicapé), ou encore les 1,7%, soit 13.306 personnes, qui ont droit à l’ASS (Allocation de Solidarité Spécifique), prestation versée par l’Assédic aux chômeurs. « Comme pour l’ensemble des minima sociaux, la part d’allocataires dans la population générale est plus importante à La Réunion qu’en France métropolitaine ». Fait remarquable, avec plus de 33.000 bénéficiaires, il y a quatre fois plus de femmes allocataires de l’API (Allocation Parent Isolé) à La Réunion qu’en Métropole.
A ces personnes aux minima sociaux, s’ajoutent près de 94.000 chômeurs recensés en 2006. « La typologie des chômeurs étudiée par l’INSEE fait apparaître deux groupes principaux parmi les chômeurs : les personnes d’âge moyen qui restent cantonnées dans des emplois précaires et les jeunes sans diplôme qui n’arrivent pas à entrer sur le marché du travail », mais « le profil majoritaire des demandeurs d’emploi en fin de mois déclarés par l’ANPE correspond à des personnes qui sont au chômage pour fin de contrat, qui sont des employés qualifiés et qui font partie de la catégorie 1 des demandeurs d’emploi », c’est-à-dire à la recherche d’un emploi à durée indéterminée à plein temps.
Enfin, le surendettement apporte un éclairage supplémentaire. « L’ensemble des DOM a vu son nombre de personnes en interdiction bancaire baisser, mais cette baisse a été plus modérée à La Réunion (-0,7%). Cependant, la proportion de personnes en interdit bancaire est à La Réunion la moins élevée des quatre DOM. Les surendettés sont plus jeunes à La Réunion qu’en France métropolitaine, et compte tenu du nombre important de chômeurs-inactifs sur l’île, la part des surendettés est donc plus importante dans cette catégorie par rapport à la Métropole ». Plus de 21.000 personnes étaient interdites bancaire en 2005. C’est en effet un peu moins qu’en Martinique et en Guadeloupe. 759 dossiers de surendettement ont été déposés en 2006, soit une centaine de plus qu’en 2003. Plus de 63% des surendettés sont des chômeurs, viennent ensuite les employés (20%).

EP

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