
Fusion ANPE/Assedic : les agents ANPE en grève le 18 décembre
Une réforme dangereuse
15 décembre 2007

Après une première mobilisation le 27 novembre qui a rassemblé 50% de grévistes, à l’appel de l’intersyndicale CGTR-SNU-FO-UNSA, les agents ANPE marqueront à nouveau leur opposition au projet de fusion ANPE/Assedic, le 18 décembre. Un projet, selon eux, « extrêmement néfaste pour les demandeurs d’emploi comme pour l’ensemble des salariés ».
Ancré dans sa politique de rupture, le gouvernement veut refonder le service public de l’emploi. Selon lui, la fusion entre l’ANPE et l’Assedic doit globalement permettre de faciliter le parcours du demandeur d’emploi et d’alléger la gestion des instances administratives. Une simplification qui annonce surtout la privatisation du service de placement des chômeurs.
Pressions sur les chômeurs
L’Intersyndicale dénonce la création d’un nouvel organisme qui serait juge et partie, ayant à la fois à gérer l’indemnisation, le placement, le contrôle, les radiations, etc... Les deux administrations qui collaborent déjà ensemble ont en effet deux cultures bien différentes : l’ANPE, plus tournée vers le social, défend l’individualité de la prise en charge, la prise en compte du projet de vie dans la construction d’un projet professionnel, alors que l’Assedic procède d’une logique comptable et de contrôle.
Les syndicats insistent ainsi sur les menaces que fait peser cette réforme sur les droits des demandeurs d’emploi. « Nous sommes inquiets des moyens qui seront utilisés pour parvenir aux objectifs de plein emploi du gouvernement », explique Pascal Hoareau (CGTR-ANPE). Quels seront effectivement les moyens utilisés pour parvenir au quota de radiation fixé par le gouvernement et multiplié par 4 ? Qu’en sera-t-il du taux de placement ? Qu’entend le gouvernement quand il parle d’emploi valable qui, refusé deux fois, ouvrira à des sanctions ? « Qu’est-ce qu’on entend par emploi valable à La Réunion ?, questionne le syndicaliste. Il faut s’intéresser à cette question ».
Pour l’intersyndicale, cette refonte va surtout engendrer des pressions sur les demandeurs d’emploi pour qu’ils acceptent n’importe quel travail, à n’importe quelles conditions, ce qui rejaillira sur les garanties collectives de l’ensemble du monde du travail.
Cette fusion n’est guère plus profitable pour le respect des droits des salariés : la Convention collective des agents Assedic passe à la trappe, de même que le statut public des agents ANPE. Ce sont les principes fondateurs du service public de l’emploi qui sont remis en cause, l’indépendance des agents publics face aux pressions privées. De plus, ce projet n’intègre pas la dimension spécifique du chômage à La Réunion. Quel service public de l’emploi, avec quels acteurs de l’insertion ? Quid de la mission locale qui accueille 1 jeune Réunionnais sur 2 sans emploi ? Quid encore de l’agence d’insertion qui a à charge 70.000 érémistes sur notre territoire ?
Que disent les élus locaux de la majorité ?
Beaucoup de questions sans réponse qui révèlent que des acteurs fondamentaux (AFPAR, Région Réunion, ADI...) sont écartés de la mise en place de ce projet de réforme dont on ne sait pas encore ce qu’il apportera localement au chômage de masse. L’intersyndicale souhaite ainsi, avec ce second mouvement, alerter les usagers et parlementaires locaux sur une fusion menaçante qui annonce le service payant du placement, la privatisation du service public de l’emploi.
Les syndicats ont déjà rencontré la Sénatrice Gélita Hoarau, et la semaine prochaine, s’entretiendront avec la Députée Huguette Bello. « Nous voudrions obtenir des rendez-vous avec les élus de la majorité pour exprimer notre position et connaître la leur », souligne Pascal Hoareau, qui déplore ne pas avoir encore obtenu de réponse des intéressés.
Validé le 6 décembre en Conseil des Ministres, le projet sera encore examiné le 21 janvier à l’Assemblée nationale. Les agents de l’ANPE, en dépit d’un calendrier officiel volontairement serré, souhaiteraient que soit engagé localement un Grenelle de l’Emploi ou du moins une table-ronde qui permettrait de déterminer localement des axes concrets pour faciliter le parcours du demandeur d’emploi et le conduire vers l’emploi. L’appel est lancé.
Longeras Stéphanie
(Nous vous invitons à consulter dans nos archives les différents articles que nous avons produits sur la question)
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Témoignages - 80e année


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