Les 15 ans de la COR

Une valeur d’exemple inestimable pour tous les travailleurs

23 juillet 2007

Dans la Halle des Manifestations, au Port, tout le personnel de la COR, des sociétés filiales et leurs familles, les très nombreux partenaires et amis, ont fêté vendredi soir les 15 ans de la première - et à ce jour unique - coopérative de manutention portuaire. Devant les nombreux invités de cette soirée - dont la Conseillère économique et sociale Marie-Claude Tjibaou, de retour de Mayotte, et Jean-Yves Langenier, Maire du Port - Paul Vergès a salué l’exploit des dockers en invitant les autres salariés de l’île à s’inspirer de leur exemple.

Parmi les nombreux invités, Paul Vergès et Marie-Claude Tjibaou se sont retrouvés pour honorer une belle réussite ouvrière.
(photo P.D.)

C’était une fête pour mesurer le chemin parcouru et prendre date pour l’avenir. Elle a été organisée autour de la réussite des salariés de la COR, ces équipes de dockers toujours à pied d’œuvre, durs à la tâche... et aussi les seuls, dans le port de la Pointe des Galets, à organiser eux-mêmes leurs équipes et leur temps de travail et à s’en partager la moitié des résultats, l’autre moitié allant aux investissements de la société, que préside Jacques Virin.
Le maire du Port et le président de la Région ont tour à tour salué cette réussite inégalée à La Réunion - où le secteur coopératif non seulement est peu développé mais reste peu connu. « Cette grande performance montre que les travailleurs, lorsqu’ils se regroupent, sont capables du meilleur. Bon vent ! », a dit Jean-Yves Langenier. Pour le Président de la Région, Paul Vergès, le parcours de la C.O.R est riche d’enseignements, en particulier du point de vue de la transformation du statut des dockers. « En 15 ans, des travailleurs ont fait la démonstration de leur capacité à s’organiser et à se conscientiser eux-mêmes, dans une autonomie de Direction, à améliorer leur productivité et à jouer un rôle décisif parmi les acteurs portuaires », a-t-il dit. S’adressant aux dockers, le président de la Région a souligné la « valeur d’exemple » de leur réussite. « Vous êtes la preuve que des travailleurs peuvent obtenir des résultats dans la dignité et dans la conscience de l’utilité sociale de leur travail ». Cette valeur d’exemple de l’expérience de la COR, Paul Vergès a souhaité pour finir « qu’elle soit un élément de réflexion pour tous, pour que nous puissions sortir de nos problèmes actuels ».
C’est ensuite le président de la Région qui a remis dans les mains de Jacques Virin la certification ISO 9001 pour « le système de management de la qualité » dans le traitement des marchandises.
Un court film réalisé par Crystal production a résumé toute la palette d’activités de la société et sa diversification depuis les tous débuts, en 1992. A cette époque, le port comptait encore quelques milliers de dockers, embauchés par le BCMO (bureau central de la main d’œuvre), et les autres dirigeants des sociétés d’acconage, emmenés par un patron de la vieille époque, cherchaient comment se débarrasser de la coopérative naissante. Ils tentèrent la “mensualisation” des dockers. Réalisée à toute force, au prix de la mutilation à vie de l’un des ouvriers portois, Théo Hilarion, elle fit passer la main d’œuvre de 3.000 dockers à moins de 250, répartis entre 4 sociétés, dont la Coopérative. C’est au prix de très gros sacrifices que les dockers ont porté “leur” société jusque là où elle est arrivée aujourd’hui : couronnée d’une certification ISO 9001 (certification industrielle) dont l’une des protagonistes, Directrice de la société DNV d’Anvers (Veritas norvégien), Henriette Degryse, faisait partie des invités.
Au moins 250 personnes avaient répondu à l’invitation de la COR, dont de nombreux acteurs portuaires, des dirigeants de société et des syndicalistes. Parmi les messages lus à la tribune, le mot de soutien et d’encouragement envoyé par Théo Hilarion depuis Marseille a beaucoup ému ses camarades. Les coopérants ont également reçu le message de Sylvie Nourry, de l’Union régionale des coopératives de Paris, et celui de Patrick Forest, ancien commissaire aux Comptes de la Coopérative.
La soirée s’est finie en musique, sur une découverte pleine de promesse, en première partie : un jeune groupe de “maloya évolutif”, constitué d’étudiants réunionnais à Montpellier. Grèn sémé - c’est son nom -, si ses fruits tiennent la promesse des fleurs, pourrait faire parler de lui dans quelques années.

P. David


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