Mobilisation pour l’emploi des Réunionnais

Unité et solidarité avec le personnel de la SERMAT

15 mai 2013, par Céline Tabou

La grève à la SERMAT n’a toujours pas trouvé son épilogue.
(photo Toniox)


A la sortie de son assemblée générale, la CGTR Ports et Docks a réitéré sa solidarité envers le personnel de la SERMAT en grève depuis treize jours. Ces derniers souhaitent le maintien des emplois et la réintégration de la maintenance au sein du GIE. Cette mobilisation remet au cœur des débats la question de l’emploi des Réunionnais.

Ivan Hoareau a rappelé que l’intérêt de la Fédération Nationale Ports et Docks « est de défendre les travailleurs ».
(photo CT)

Devant de nombreux travailleurs, Michel Séraphine, secrétaire général de la Fédération Ports et Docks de La Réunion (CGTR), Danio Ricquebourg, délégué syndical CGTR de la SERMAT, Ivan Hoareau, secrétaire général de la CGTR et de Gilles Leperlier, président de l’AJFER-Nou Lé Kapab, invité par la CGTR, ont apporté leur soutien au « combat mené par le personnel de la SERMAT ». « Un message de solidarité qui doit être fort et responsable avec le combat de la SERMAT et tous les autres travailleurs de La Réunion », a indiqué Michel Séraphine.

Solidarité, maitre mot

Ivan Hoareau a rappelé que l’intérêt de la Fédération Nationale Ports et Docks (V. encadré avec le communiqué) « est de défendre les travailleurs ». Ce dernier a dénoncé « l’objectif du patronat, de tuer la fédération CGTR, de mettre bas les travailleurs et de créer la division ». Pour lui, « la solidarité est l’élément essentiel qui constitue la Fédération Ports et Docks. On est confronté aux multinationales, avec Carrefour, Star, qui jouent l’usure et tentent de tuer la solidarité et le syndicalisme ». Suite à cette intervention, Danio Ricquebourg est revenu sur les raisons de la grève et du blocage du Port, et s’est réjoui du « soutien du monde du travail et d’une association de jeunes qui disent mener le combat pour que les jeunes compétents travaillent. Les jeunes sont le nerf des dockers ».
« On s’est sacrifié pour envoyer nos enfants faire des études, mais ce sont d’autres qui prennent la place », a dénoncé le délégué syndical, qui pointe du doigt les facilités obtenues par le patronat en 2005 avec la défiscalisation. Cette disposition gouvernementale a permis aux entreprises d’obtenir des aides de l’Etat, à hauteur de 8,6 millions d’euros, avec obligation de conserver le personnel durant cinq ans. Le syndicat a proposé à la direction de maintenir le personnel, de réintégrer la manutention, mais aussi trouver le moyen de faire économiser 97.000 euros par mois à la SERMAT. « On a commis un crime lèse-majesté en leur disant qu’on était capable. Capable de faire un meilleur travail et avec un moindre coût », a déclaré Danio Ricquebourg devant l’assistance. Le syndicaliste a dénoncé les propos de la direction qui « dit que les Réunionnais ne sont pas capables » et qu’en leur « donnant de l’argent pour être au chômage, ils seront heureux ».

Gilles Leperlier a apporté le soutien de son organisation, l’AJFER au personnel de la SERMAT, dont le « combat est un exemple aujourd’hui ».
(photo CT)

Conscient des gênes entrainées par la fermeture du Port, le syndicat s’est dit « solidaire des patrons et des petites entreprises qui perdent de l’argent et attendent. On sait ce que c’est une grève », a-t-il déclaré. D’autant plus que Michel Séraphine a salué la présence de Jean-Alain Cadet dont le conteneur de riz à moins d’un euro le kilo était bloqué au Port. « Il se bat lui aussi contre les multinationales, en créant sa coopérative solidaire de riz » a indiqué Michel Séraphine.

« Nou Lé Kapab »

Invité par la CGTR Ports et Docks à s’exprimer, Gilles Leperlier a apporté le soutien de son organisation au personnel de la SERMAT, dont le « combat est un exemple aujourd’hui que nous donnez aux Réunionnais et aux jeunes formés et capables qui voient des gens de l’extérieur occuper des postes qui pourraient leur revenir ». Rappelant le contexte, ce dernier a affirmé qu’il « faut continuer et mener la lutte parce que cette situation ne peut plus durer ». La Réunion connait l’un des plus forts taux de chômage de France, avec notamment 60% des jeunes de moins de 25 ans, sans emploi, « mais derrière, il y a des familles qui se sont sacrifiées pour envoyer leurs enfants à l’école et avoir des diplômes, mais ces jeunes restent à terre ».
Le jeune homme a dénoncé un système qui « fait en sorte que le Réunionnais reste à terre. Votre combat est juste, parce que vous avez raison. Les Réunionnais doivent voir que les batailles menées sont importantes. Il faut que les Réunionnais puissent travailler à La Réunion. » Pour conclure, Gilles Leperlier a précisé qu’à « La Réunion, nou lé kapab pour nout péi ! Faut se rassembler sur l’essentiel qui est l’emploi. Les Réunionnais doivent pouvoir travailler à La Réunion ». C’est pour cette raison que l’AJFER-Nou Lé Kapab a appelé au rassemblement le 20 mai devant la préfecture, à 10h, pour la Priorité à l’embauche des Réunionnais. « Nous sommes en phase avec les propos de Gilles. Le combat de l’AJFER, c’est le combat de tous les Réunionnais », a indiqué Michel Séraphine.

Il « faut arrêter la main mise des multinationales sur le Port. On défend notre outil, le Port est l’outil du développement économique de La Réunion et non aux mains des nantis et d’un clan. Il faut de la justesse et de la responsabilité » a souligné Michel Séraphine.
(photo CT)

Ce dernier a également expliqué qu’il « faut arrêter la main mise des multinationales sur le Port. On défend notre outil, le Port est l’outil du développement économique de La Réunion et non aux mains des nantis et d’un clan. Il faut de la justesse et de la responsabilité ». De son côté, Danio Ricquebourg a affirmé « On va leur faire payer en leur démontrant que nous réunionnais, nou lé kapab. On n’a plus besoin d’être tenu en laisse ». « Je demande aux camarades de se rassembler au-delà des problèmes de personne » a-t-il ajouté.

Céline Tabou

20 mai : « Nous serons présents aux côtés des jeunes, car c’est notre rôle »

Danio Ricquebourg a réaffirmé la présence de la CGTR Ports et Docks lors de la mobilisation du 20 mai 2013 devant la préfecture pour la Priorité à l’embauche des Réunionnais. Organisé par l’AJFER-Nou Lé Kapab, cet évènement a été salué par les représentants syndicaux Danio Ricquebourg et Michel Séraphine qui ont appelé les grévistes à se rassembler pour participer à cette mobilisation. L’objectif est de « poursuivre le combat, de ne pas baisser les bras. Le Réunionnais doit pouvoir travailler dans son pays ».

Soutien de la Fédération Nationale Ports et Docks

Dans un communiqué, publié le 13 mai et distribué à l’ensemble des dockers, la Fédération nationale des Ports et Docks a appelé à l’union, la combativité et la solidarité avec le personnel de la SERMAT.
« Chers Camarades,
La Fédération Nationale des Ports et Docks C.G.T. a pris connaissance du conflit qui oppose les travailleurs portuaires de la SERMAT à leur direction qui tente une remise en cause des emplois et de leur statut conventionnel.
L’ensemble des travailleurs portuaires regroupés massivement au sein de la Fédération Nationale des Ports et Docks C.G.T. apporte son soutien sans faille aux travailleurs de la SERMAT qui luttent pour une cause juste avec l’appui de la Fédération C.G.T. Réunion des Ports et Docks.
Nous dénonçons l’orientation prise par le patronat d’enlisement du conflit pour tenter de discréditer auprès de la population les actions menées par les travailleurs portuaires.
La Fédération interpelle les employeurs pour que s’engagent très rapidement de réelles négociations prenant en compte les revendications de nos Camarades afin de conclure un accord permettant de retrouver la sérénité dont le port a besoin.
La Fédération souhaite vivement que l’ensemble des structures patronales, utilise leurs énergies à développer, en priorité l’activité de l’île afin de résoudre le chômage et la précarité subis par la population réunionnaise.
La Fédération Nationale des Ports et Docks C.G.T. qui a une longue histoire de lien syndical et de fraternité avec les travailleurs de La Réunion est prête à renforcer sa solidarité sous différentes formes si le conflit devait perdurer.
Tous unis, combatifs et solidaires au sein de la Fédération Nationale des Ports et Docks C.G.T. et de la Fédération C.G.T Réunion des Ports et Docks C.G.T.
Recevez, Chers Camarades, notre salut fraternel et syndicaliste
 ».

Médiation à la Direction du Travail

Echecs des négociations

Suite à l’assemblée générale, les représentants syndicaux étaient invités à la table des négociations, à la Direction du travail, afin de trouver une sortie de grève. Danio Ricquebourg avait indiqué dans la matinée la volonté du personnel d’obtenir les comptes de la SERMAT, afin de constater les difficultés économiques mises en avant par la direction. Cependant, à la sortie des négociations, le patronat n’a pas tenu à fournir ces documents, restant sur ses positions : le licenciement de 19 salariés et le transfert du personnel restant au sein d’une autre société. Devant la presse, Danio Ricquebourg a dénoncé ceux qui « défiscalisent à tour de bras puis abandonnent des salariés », ajoutant, « On veut capturer des requins, il y en a au Port ».
Raphaël Gossard a expliqué que « le Port sera fermé, mais les transporteurs qui le souhaitent pourront récupérer les conteneurs frigorifiques ». Vis-à-vis des négociations, la Direction du travail a annoncé qu’elle rendrait ses conclusions au préfet, car « elle n’a rien pu faire avec les deux parties. Tout est dans les mains du préfet », a expliqué le syndicaliste. Concernant les menaces de liquidation judiciaire posée par la direction, « ils disent cela parce qu’ils n’ont pas d’arguments pour contrer les accusations des syndicats. Les patrons n’ont aucune solution, ni raison de licencier. Ils veulent externationaliser la main d’œuvre et licencier 19 personnes », a indiqué Raphaël Gossard.

La Coop-solidaire livrée

Les dockers ont permis à la Coopérative solidaire de recevoir son container de riz à bas prix. À cette occasion, Jean-Alain Cadet a affirmé le soutien de la Coop-solidaire au mouvement des travailleurs de la SERMAT.
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