Fin des retraites majorées des fonctionnaires outre-mer

UNSA : C’est toute La Réunion qui perd

20 septembre 2008, par Edith Poulbassia

L’UNSA appelle les Réunionnais à prendre conscience de la perte que peut représenter la fin des retraites majorées des fonctionnaires pour l’économie locale. Contrairement à ce que Yves Jégo affirme, l’argent récupéré ira avant tout dans les caisses de l’Etat. Aucun bénéfice pour La Réunion.

Négociation. Nom féminin singulier qui désigne l’action de traiter une affaire par la discussion, la concertation entre plusieurs partenaires, en vue d’obtenir un accord. Le gouvernement n’a semble-t-il toujours pas compris le sens de ce mot, qu’il utilise pourtant fréquemment. C’est du moins le sentiment de l’UNSA Réunion sur la réforme de l’Indemnité Temporaire de Retraite (ITR) des fonctionnaires d’Etat installés en outre-mer. Deux syndicalistes réunionnais, Jean-François Rialhe, secrétaire général du SE-UNSA, et Jean-Claude Bénard (Solidaires), ont participé mardi dernier à une réunion avec le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, Yves Jégo. « Nous avons eu l’impression que le projet était déjà bouclé », commente Jean-François Rialhe. Une réunion pour rien, soutient donc l’UNSA, puisque le projet de réforme sera examiné le 15 octobre au Parlement, puis au Conseil des ministres, pour une application dès janvier 2009. « Quelles marges de manœuvre nous restent-ils ? », interroge Jean-Raymond Mondon. Pas question pour les syndicats de négocier les détails de la réforme, l’UNSA rejette en bloc ce projet. Les syndicats se réuniront ce lundi pour confronter leurs points de vue, et interpeller les députés.

Pour l’UNSA, il est évident que par la réforme de l’ITR des fonctionnaires d’Etat installés en outre-mer, l’Etat cherche à faire des économies.
(photo EP)

Des économies de bout de chandelle

Pourquoi une telle opposition à cette réforme ? Les raisons sont nombreuses, tant sur la forme que sur le fond. « Yves Jégo va au-delà de ce qui a été annoncé », affirme Jean-Raymond Mondon. Sous prétexte de « corriger les excès », minimes, selon l’UNSA, le gouvernement remet en cause le système entier. Il annonce que l’INSEE sera chargé d’étudier le différentiel de prix entre la métropole et chaque territoire concerné par la réforme, mais après le vote de la loi. « Il faudra au moins deux ans pour une étude sérieuse. On ne peut pas se contenter seulement du panier de la ménagère. La vie chère, ce n’est pas que ça à La Réunion. Et quand ce différentiel sera établi, nous voulons en discuter pour l’ensemble de la population, pas seulement les fonctionnaires », déclare Jean-François Rialhe.

Impact sur l’emploi local

Jean-Raymond Mondon, par ailleurs président du CESR, insiste sur l’impact d’une telle réforme sur l’économie de La Réunion, tirée par la consommation. Quelles en seront les conséquences sur l’emploi ? Pour l’UNSA, il est évident que l’Etat cherche à faire des économies de bout de chandelle. Cet argent sera-t-il récupéré pour le développement de La Réunion, dans un « fonds de développement outre-mer », comme l’a annoncé Yves Jégo ? L’UNSA n’en est pas convaincu. L’Etat avait annoncé la même chose lors de la suppression de la prime d’éloignement. « Où sont passées ces économies ? », demande Jean-Raymond Mondon. Et il ajoute : « sur 100 euros économisés, 50 iront dans la poche de l’Etat. La somme restante sera affectée sur l’ensemble des Territoires d’Outre-mer, même pour ceux qui ne bénéficient pas de cette indemnité. Sur les 50 euros restants, 26 vont revenir à La Réunion. 74% ne seront pas injectés dans le circuit économique de La Réunion ».

Edith Poulbassia


La réforme en bref

La Réunion : le territoire le plus concerné

Dans un document remis aux syndicats, l’Etat justifie cette réforme : « à l’heure actuelle, la sur-retraite, en particulier dans les territoires du Pacifique (75% de la pension), induit des effets d’aubaine pour les personnes sans lien avec le territoire qui y prennent leur retraite pour bénéficier d’avantages financiers ». Mais aucun chiffre n’est avancé sur ces abus. En revanche, 16.000 fonctionnaires d’Etat à la retraite en outre-mer sur 34.000, soit 46%, touchent une majoration supérieure à 8.000 euros par an. Cette majoration, appelée indemnité temporaire de retraite, concerne 7.005 retraités sur 20.748 à La Réunion, soit 34%. Le seul DOM à être concerné, et le territoire qui recense le plus de fonctionnaires.
A Mayotte, 119 retraités perçoivent cette indemnité sur 326, 103 à Saint-Pierre et Miquelon (sur 589), 4.961 en Polynésie Française sur 6987 et 3.656 en Nouvelle-Calédonie sur 5.555. Wallis et Futuna est aussi concerné. Cependant, c’est à La Réunion que cette majoration est moindre, avec 35%. Elle est de 75% en Nouvelle-Calédonie.
Que prévoit la réforme ? La suppression des majorations des retraites des fonctionnaires d’Etat dans 20 ans, une réforme amorcée dès janvier 2009. Les dix premières années (2009-2018), les fonctionnaires qui partiront à la retraite toucheront une ITR plafonnée à 8.000 euros. Les dix années suivantes (2019-2028), ils toucheront une ITR qui décroîtra d’année en année pour atteindre 0 en 2028. Et il faudra désormais avoir exercé au moins 15 ans en outre-mer pour pouvoir y prétendre.

EP

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