CHD : après la grève de juin, le malaise reste entier

Vacances, j’oublie tout...?

9 août 2007

Le 29 juin dernier, à l’appel de l’Intersyndicale FO-CGTR-Sud Santé du CHD, le personnel hospitalier entrait en grève. À l’origine du mécontentement : le déficit de l’établissement et les conséquences en termes d’emplois et de conditions de travail. Plus d’un mois s’est écoulé et le malaise reste entier.

Au 31 décembre 2006, le déficit du CHD Félix Guyon s’élevait à 7,5 millions d’euros. Pour tenter de maîtriser sa situation financière, limiter ses dépenses et favoriser ses recettes, l’établissement avait mis en place un Plan de Retour à l’Équilibre (PRE) sur 2 ans, qui fixait comme objectif la diminution du déficit à 4 millions d’euros pour la fin 2007 et son épuration totale fin 2008.

«  Mieux dépenser, c’est l’objectif de l’établissement  »

Des objectifs ambitieux qui se sont rapidement avérés irréalisables. « Si nous ne faisons rien, il (le déficit) atteindra les 9 millions d’euros à la fin de l’année », accordait Patrick Gras, Directeur du CHD à la veille du mouvement de grève. « Mieux dépenser, c’est l’objectif de l’établissement », expliquait-il encore face à la presse qu’il avait conviée dans le but de relativiser la gravité de la situation auprès de l’opinion publique.
A la fin du mois d’avril de cette année, l’établissement a décidé d’accélérer l’application du PRE, définit comme « un plan d’économie qui vise à maîtriser les dépenses, rationaliser l’organisation du travail et booster l’activité pour préserver le plateau technique de l’hôpital sans mettre en cause la qualité de prise en charge. » Restrictions budgétaires, contrôle accru des dépenses, redéploiement du personnel vers 5 nouveaux services (censés générer de nouvelles recettes) et non renouvellement des contrats d’agents contractuels constituent les mesures phares de ce plan.
Accusant une gestion financière irresponsable et des conditions de travail en constante dégradation pour un personnel à bout de souffle, l’Intersyndicale ne partageait pas les objectifs fixés, notamment concernant le redéploiement et la suppression de postes. La journée de grève du vendredi 29 juin a donc été très largement suivie par le personnel administratif et médical, en dépit d’une faible mobilisation devant les bureaux de la Direction et d’importantes réquisitions. L’ARH a, tour à tour, reçu les différents syndicats, sa Directrice leur assurant que l’Agence soutiendrait financièrement le CHD sur les bases d’un nouveau Contrat de Retour à l’Équilibre qui dégagerait les points budgétaires sur lesquels agir, pôle par pôle, unité par unité, permettant ainsi de fixer son niveau d’accompagnement. Le lundi suivant, la Direction de l’hôpital devait à nouveau rencontrer l’Intersyndicale afin de statuer sur la fin éventuelle du conflit mais elle n’a pas honoré son rendez-vous. Depuis, le malaise perdure au sein des services.

«  Le ras de bol du personnel dans les services est toujours bien là  »

« La Direction s’était engagée à convier les syndicats ne siégeant pas en Conseil d’Administration aux réunions consultatives. Nous avons appris qu’il y avait bien eu une réunion mais ni la CGTR ni Sud Santé n’ont été sollicités », explique Marlène Derfla, délégué CGTR Santé du CHD. Il semblerait qu’il faille encore attendre septembre, voire octobre, pour connaître la teneur du nouveau Contrat de Retour à l’Équilibre. D’ici là, les deux syndicats minoritaires ne désarment pas. « La CGTR n’a pas fermé la grève, elle est toujours en vigilance, car le problème reste entier, poursuit la syndicaliste. Le ras-le-bol du personnel dans les services est toujours bien là. On continue à nous solliciter. »
Les agents contractuels arrivant au terme de leur mission ne sont effectivement pas reconduits. En 2005, la CGTR s’était mobilisée pour obtenir la création d’un poste de secrétaire médicale en consultation externe au laboratoire : ce poste vient d’être supprimé. Au sein des cuisines, service pour lequel la Direction souhaite ouvertement faire des économies, « le personnel est sous pression, confie encore Marlène Derfla. Je l’ai rencontré la semaine dernière, il est très fatigué. » Un personnel qui de l’aveu même de la Direction, dans une lettre de communication interne, ne bénéficie ni de la formation, ni du suivi nécessaire.
Les cadences de travail des agents, quel que soit le service, sont une menace pour la qualité des soins selon Jean-Max Nativel, délégué Sud Santé du CHD qui déplore que le mouvement de grève, le mécontentement avéré du personnel, n’aient pas incité la Direction à se raviser quant aux fins de contrats. En juin, Patrick Gras estimait que l’effectif était suffisant, avançant que le quota en personnel était bien supérieur à celui de la métropole. Un comparatif qui pourtant sur le terrain ne trouve pas sa traduction.

Des postes contractuels supprimés mais un cadre recruté

« Ce matin, dans le service de médecine civique qui compte 30 patients, une infirmière travaillait seule, sans aide soignante, déplorait hier Jean-Max Nativel, mentionnant également qu’il n’y a plus d’infirmière et d’aide soignante sur le pool de remplacement. « Cette situation est inquiétante aussi bien en termes de prise en charge des malades que pour le personnel. On peut légitimement se demander s’il est en sécurité vis à vis des malades », poursuit le délégué Sud Santé qui souligne qu’avec des horaires décousus (6 à 10 heures puis retour à l’hopital de 17 à 21 heures), il n’a plus ni de vie de famille, ni de vie sociale. Dans ces conditions, les prérogatives de rationalisation apparaissent incompatibles avec le bon fonctionnement de l’établissement.
Sud Santé comme la CGTR ne sont pas encore informés des dispositions qui seront prises pour réduire le déficit. Patrick Gras est revenu de vacances lundi, alors que la Directrice de l’ARH poursuit les siennes ! « On ne reconduit pas les agents contractuels, mais on recrute un autre cadre, un attaché à l’information médicale, constate avec dépit Jean-Max Nativel. Ce n’est pas ça qui fera avancer la situation du personnel et des malades. »
La politique de coopération sanitaire dans la zone est elle aussi compromise. Depuis le mouvement de grève de juin, la Direction a pris le parti de ne plus soutenir les médecins qui partiraient en missions humanitaires dans la zone. Jusque-là, les actions qu’ils engageaient étaient prises sur leur temps de travail, désormais, ce sera sur leurs congés. Ils devront même, à leur retour, payer la stérilisation de leur matériel.

La santé a bien un prix

Toujours en juin, Patrick Gras soulignait que l’aspect économique n’était qu’une donnée du problème maintenant que, en dépit des difficultés de l’établissement (comme la moitié des hôpitaux publics en France aujourd’hui en déficit), « tous les hospitaliers sont très attachés au service public. » Une façon peu convaincante de rassurer les usagers sur l’opérationnalité du CHD, sur le libre accès aux soins pour tous. La réforme Hôpital 2007 induit certes une « nouvelle loi du tarif », constitue une véritable rupture dans le fonctionnement des hôpitaux en France et rend surtout désuet cet adage qui dit que « La santé n’a pas de prix. » Dans l’ère de la gestion entreprenariale, tous les services publics sont mis à mal : les usagers le constatent au quotidien. « Mieux dépenser » certes mais à quel prix ?

Stéphanie Longeras

Nous avons tenté à plusieurs reprises de joindre André Nicole, délégué FO Santé du CHD (syndicat majoritaire) mais il semble que ce dernier soit également en vacances. Appel manqué avec le Directeur de l’établissement, Patrick Gras qui souhaitera certainement s’exprimer aujourd’hui.


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