Lancement de la Coupe du monde de rugby :

À ce prix-là, ce n’est plus du sport, c’est de la télé-réalité !

9 septembre 2011

C’est aujourd’hui à 11h30 (heure de La Réunion) qu’aura lieu la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde de rugby en Nouvelle-Zélande. Ce ne sont pas moins de 48 matchs qui se dérouleront jusqu’à la finale, le 23 octobre prochain. Nombreuses et nombreux serons-nous à suivre cet évènement mondial, de près ou de loin, au moins en tout cas dans la plupart des journaux quotidiens. Chez certains, ce sera un choix, animé par une passion. Chez d’autres, c’est la société de consommation qui aura choisi pour eux. Mais quoi qu’il en soit n’en perdons pas pour autant, notre esprit critique.

Au-delà d’un fait d’actualité, le sport trouve aujourd’hui sa place dans les plus hautes instances. C’est notamment le cas à l’Organisation des Nations Unies (ONU) qui tente de se servir du sport pour répondre en partie aux Objectifs du Millénaire pour le Développement. Ainsi, l’ONU insiste sur ce que le sport peut apporter en matière de paix entre les peuples, d’éducation, de santé, de tolérance et, d’un point de vue général, de progrès humain. C’est en substance ce qu’a rappelé le Secrétaire général des Nations Unies, Monsieur Ban-Ki-moon, en avril dernier, lors d’une cérémonie avec la mission permanente de la Nouvelle-Zélande pour le lancement de la Coupe du monde de rugby 2011.

« Le sport au service du développement et de la paix »

Effectivement, le sport trouve de nombreux avantages humains. Quelles que soient les échelles où il est pratiqué, c’est un véritable outil au service de la cohésion sociale. D’un point de vue santé, c’est probablement la meilleure prévention que l’on puisse faire pour prévenir de graves pathologies physiques ou mentales. Des bonnes habitudes de vie, à prendre dès le plus jeune âge, une bonne école de la vie aussi à travers le respect, le travail d’effort, de rigueur, de dépassement de soi…

Beaucoup reste à faire et, qu’on se le dise, trop de Réunionnaises et Réunionnais aujourd’hui encore sont privés d’une pratique sportive pendant que les collectivités peinent à trouver des fonds pour assurer ce qui devrait relever d’un véritable service public du sport, des outils de proximité, ne serait-ce pour des raisons de santé publique. C’est aussi ça, le développement durable.

Des perspectives menacées : quand l’argent dénature le sport

Dans toute cette histoire, il y a tout de même un couac et pas des moindres : le coût financier. Les salaires de nos joueurs — notamment certains que nous retrouverons lors de cette Coupe du monde de rugby — atteignent des sommes vertigineuses, avoisinant en moyenne 300.000 euros nets annuels ! Bien sûr, cela va sans compter, entre autres, les revenus de la publicité qui permettrait à certains de toucher plus de 1,2 million d’euros par an.

Cependant, il ne serait pas honnête de cibler pour cause d’actualité les joueurs de rugby en oubliant ce qu’il se fait ailleurs, dans d’autres disciplines, en France et partout dans le monde. Ainsi, dans le monde du football, du rallye ou encore du golf, les salaires annuels s’expriment en millions, voire dizaines de millions d’euros.

Quelle répartition des richesses ?

En début d’année, la Banque mondiale indiquait que durant le deuxième semestre 2010, 44 millions de personnes dans le monde avaient basculé dans l’extrême pauvreté, portant le chiffre total à 1,2 milliard d’habitants. La situation d’extrême pauvreté est avérée lorsqu’une personne vit avec moins de 1,25 dollar par jour.
1,2 milliard de personnes vivent avec moins de 1,25 dollar par jour
Et nous voilà arrivés, comme souvent, à deux constats, deux extrêmes, avec pour question centrale la répartition des richesses. Un salaire annuel de 1,2 million d’euros représente plus de 73 ans de SMIC (1.365 euros par mois).
Alors, que l’on nous parle de l’effort sportif, de l’esprit d’équipe ou encore de valeurs est une chose, mais vaut-elle autant ? Devons-nous cautionner de telles inégalités ? Est-ce cela qu’ils appellent justice ?

Nou lé Kapab - numéro 2

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus