Politique d’Education à la Région

Entre riz chauffé et fausses bonnes idées

2 septembre 2011

La Région a tenu en cette rentrée sa conférence sur les politiques d’éducation. A l’exception de quelques nouveautés, c’était surtout l’occasion de faire un peu de com’. Pas questions donc de tirer un bilan sincère des dispositifs mis en place, l’heure était à l’énumération de ce qui se fait (sous leur impulsion ou pas) et de se jeter quelques fleurs. Faut bien que quelqu’un s’en charge et on n’est jamais mieux servi que par soi-même.

On pourrait y croire, si seulement on ne nous avait pas déjà fait le coup l’année dernière. Alors que la Région estime que le POP doit être « un véritable outil pédagogique », nous en sommes encore loin. Les premiers concernés sont nombreux à le faire savoir : le problème de la formation des professeurs, l’adaptation des cours sur ordinateur, l’autorisation même de ces outils en salle de classe, la question de l’obligation pour le lycéen d’emmener son ordinateur, … Alors que le bilan de cette première année POP s’est résumé dans la phrase « Année de lancement », sans plus ni moins, espérons que la Région sera un peu plus bavarde dans un an, au moment du bilan de l’année 2 !
« Le POP est une mesure d’équité », nous déclarait le président de Région à la rentrée. Arrivés du collège, beaucoup de lycéens disposent déjà d’un ordinateur portable, d’autre n’en possèdent pas. Il y a donc une inégalité. Mais face à une situation inégale, l’application de mesures identiques pour tout le monde ne fait que maintenir ces inégalités. De plus, les lycéens bénéficient d’un bon de 500 euros mais sont libres d’acheter un ordinateur à un prix plus élevé s’il en les moyens. Ainsi, face à une situation inégale, le dispositif POP ne réduit pas forcément les inégalités sociales. En tout cas, surement pas au point de pouvoir parler d’ « équité ».


Ils l’appellent « Prêt à taux zéro » , nous l’appelons « droit à l’endettement »

C’est la mesure phare de la Région pour cette rentrée. La Région va rembourser les intérêts dans la limite de 4,3% lorsqu’un étudiant contracte un prêt dans la limite de 20.000 euros.

Voilà donc la réponse de la Région aux jeunes qui ont des soucis financiers. Il s’agit selon eux de « responsabiliser » les jeunes, nous y voyons plutôt une manière de leur dire « si vous avez besoin de vivre décemment, vous n’avez qu’à payer et pour cela, vous endetter ». Achat de voiture, moto ou meubles pour un logement, autant de raisons qui effectivement peuvent créer un besoin important d’argent. Mais se déplacer et se loger ne devraient-ils pas être des droits accessibles à tous ? Renforcer et encourager les modes de transports en commun, augmenter le nombre de chambre en cité U. Voilà des solutions durables, pour que les jeunes puissent étudier sereinement. Encourager le prêt revient ainsi à la solution facile. Encore une fois, on traite les problèmes sans en chercher les causes.

Se pose aussi la question du remboursement des prêts. Contractés maximum sur une durée de 8 ans, cela suppose que l’étudiant ait un moyen de le rembourser sur cette durée. Cela veut donc dire y consacrer une partie de sa bourse dans le meilleur des cas et trouver un emploi après les études. Or, la Réunion compte 55,3% de jeunes sans emploi. De nombreux pays sont frappés par les conséquences de ces prêts dont le remboursement n’est pas garanti. Au Japon, bon nombre d’étudiants se retrouvent black-listés des banques à la sortie de leurs études. Au Chili, les jeunes se sont mobilisés il y a quelques semaines car ils sont obligés de s’endetter pour étudier.

 « Il ne faut pas minimiser les répercussions que peuvent entraîner
ces prêts pour l’avenir des jeunes »
 

Le coût de ce projet est estimé à 1,8 millions d’euros. Ce n’est pas rien. Etant donné que cet argent est destiné à rembourser les intérêts, ce n’est pas aux étudiants qu’il ira mais aux banques. Typiquement UMP finalement. Et parce que du système on sait généralement en profiter, autant vous dire que les banques ne manqueront probablement pas de fixer leurs taux d’intérêts à 4,3% minimum. Les jeunes attendent une véritable politique d’aides sociales.


L’allocation de frais d’inscription : on attend l’extension à tous les étudiants !

Lancée l’année dernière l’Allocation de Frais d’Inscription est reconduite. Elle est destinée aux étudiants non boursiers s’inscrivant en première année dans l’Enseignement Supérieur de bénéficier d’une aide ponctuelle de 200 euros.

Moins de 20% de l’enveloppe à été utilisée l’année dernière soit 690.592 euros sur 3,6 millions.

Regrettant que les fonds consacrés n’aient pas été utilisés et considérant que tous les étudiants devraient être aidés chaque année, pas seulement à la première, Béatrice Leperlier, conseillère régionale de l’Alliance, a demandé que cette aide soit étendue à l’ensemble des étudiants non boursiers (ceux qui paient les frais d’inscription).

Alors que la Région s’était engagée à examiner la proposition, aucune nouvelle n’a été donnée à ce jour. De toute évidence, un refus d’extension serait un manque de volonté politique car en plus d’avoir des marges financières importantes sur le dispositif actuel, la Région vient tout de même de consacrer 1,8 millions d’Euros au droit à l’endettement.

Didier RobertNou lé Kapab - numéro 1

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