Santé des étudiants

Faute de moyens financiers, les étudiants renoncent aux soins

2 décembre 2011

Il y a un mois, l’UNEF et la FAGE tiraient la sonnette d’alarme sur le coût de la santé des étudiants avec un dossier de presse très complet sur leur état de santé. Après le communiqué paru dans notre édition du 4 novembre, nous nous arrêtons aujourd’hui sur la dégradation de la santé des étudiants.

L’augmentation du coût de la santé a accentué des phénomènes de renoncement aux soins. Les étudiants, déjà frappés par la précarité et par l’augmentation quotidienne du coût de la vie, ne peuvent plus se protéger et garantir leur santé. La moitié des étudiants vit avec moins de 600 euros par mois. Ils sont donc contraints d’arbitrer chaque jour parmi leurs dépenses prioritaires : loyer, frais d’inscription, alimentation, santé).
Faute de prévention suffisante et à cause des difficultés à se saisir du parcours de soin (déclaration du médecin traitant, franchises…), la santé est donc devenue une variable d’ajustement dans les dépenses étudiantes.
Les risques sanitaires sont graves. Des étudiants qui ne se soignent pas aujourd’hui, c’est demain toute la société qui devra en payer les dégâts. Les jeunes, à l’âge où ils doivent prendre de bonnes habitudes en matière de santé, sont de moins en moins protégés, renoncent à des soins faute de complémentaire santé, et sont trop peu informés du fonctionnement du système de soins.

Une situation sanitaire et sociale dégradée

Les étudiants sont les premiers touchés par le recul des protections sociales. Selon la dernière enquête de l’EPSE parue en mai dernier, 20% des étudiants jugent que leur état de santé s’est dégradé par rapport à l’an passé et 10% des étudiants ont une maladie chronique. Au-delà des maux physiques, le mal-être psychique est lui aussi en train d’exploser : 38% des étudiants ont eu une période de déprime pendant l’année.
De plus, la méconnaissance du système de santé ainsi que le coût de plus en plus important de la santé font augmenter l’automédication.
Enfin, les étudiants développent une méfiance généralisée vis-à-vis de notre système de soins qui vient en partie de leur perception assez réaliste du système à deux vitesses mis en place par les réformes successives de l’assurance maladie, les déremboursements ou les franchises médicales.
Pour 50% des étudiants, notre système de santé ne permet pas d’être soigné, quelle que soit sa condition sociale et financière.

Un renoncement aux soins toujours important chez les étudiants

La dernière enquête sur la santé des étudiants (EPSE) montre un renoncement au soin grandissant chez la population étudiante. Ceci est dû à plusieurs facteurs et, en premier lieu, aux difficultés financières des étudiants.
Déjà précaires avant la crise, ils en ont été les premières victimes : pouvoir d’achat en baisse, hausse du coût de la vie et insuffisance de mesures sociales en leur direction. Alors même que nombre d’étudiants n’arrivent plus à joindre les deux bouts, l’investissement financier qui leur est demandé afin de prendre en charge leurs dépenses de santé passe après celui consacré au logement, à la nourriture et aux frais liés à leurs études.

Si le renoncement aux soins touche l’ensemble de la population, les étudiants, plus fragiles socialement, sont encore plus touchés par ce phénomène.
34% des étudiants ont renoncé à des soins faute de moyens financiers contre 23% sur l’ensemble des assurés sociaux. Le renoncement aux soins concerne principalement les soins « chers » et peu remboursés par l’assurance maladie comme le dentaire ou l’ophtalmologie, mais est également de plus en plus important pour les soins quotidiens, comme aller chez le généraliste.

Aujourd’hui, ce phénomène a atteint une telle ampleur que la France est devenue la championne d’Europe du renoncement aux soins ! Ce phénomène est également amplifié par le recul du nombre d’étudiants possédant une complémentaire santé. Or, pour bénéficier d’une protection sociale globale à l’heure où la sécurité sociale ne rembourse plus que 50% de nos frais de santé, avoir une complémentaire est devenue une obligation pour bien se soigner à moindre coût.

Malheureusement, au vu de leur situation sociale dégradée, les jeunes sont de moins en moins nombreux à avoir les moyens d’adhérer à une mutuelle et 19% des étudiants ne disposent pas de complémentaire santé, alors qu’ils étaient 13% en 2005. En comparaison, dans le reste de la population, seuls 5% n’en disposent pas.

En conséquence, le niveau de protection sociale des étudiants est largement insuffisant au regard du transfert de charges croissant qui fait de plus en plus reposer sur eux le coût de leur santé au détriment de la solidarité nationale.

A La Réunion

Si les étudiants ont pour 94% d’entre eux consulté un médecin généraliste au cours des douze derniers mois, le recours à des spécialistes est très faible et plus particulièrement chez le gynécologue. En effet, elles ne sont que 34% à avoir consulté un gynécologue au cours des douze derniers mois contre 51% en France hexagonale.

Par ailleurs, les coûts de la santé à La Réunion étant 20 à 30% plus chers que ceux pratiqués dans l’hexagone et la mise en application récente de la taxe sur les complémentaires santé laissent craindre un renoncement important à une protection sociale globale. Or, 50% des étudiants réunionnais étant boursiers, cela laisse présager à un pur et simple renoncement aux soins.

La santé des étudiants en chiffres

40 millions d’euros
, c’est la somme qui a été prélevée par l’État sur la santé des étudiants depuis 2007. C’est la moitié de l’argent concédé pour financer le dixième mois de bourse cette année.

34% des étudiants déclarent devoir renoncer à un traitement en 2010-2011.

19% des étudiants ne peuvent se payer une complémentaire santé.

20% des étudiants déclarent que leur santé s’est dégradée depuis l’année dernière.

92% des étudiants ont recours à l’automédication en 2010-2011.

78,15% d’augmentation des taxes au titre de franchises et participations forfaitaires depuis 2007.

7,4% d’augmentation de la cotisation étudiante depuis 2007.

6,08% correspond à l’inflation du prix des soins.

(Source : UNEF & FAGE)


Nou lé Kapab - numéro 14

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