Rencontre avec une jeune professeure des Ecoles :

« Passé 25 élèves, il nous est très difficile de faire un travail correct »

9 septembre 2011

Marion (NDLR : souhaitant garder l’anonymat, c’est comme ça que nous l’appellerons) est une jeune professeure des écoles. Après avoir obtenu en 2010 son concours en externe et suivi son année de stage avec une classe en responsabilité totale, elle est désormais titulaire. À l’occasion de la rentrée, elle nous livre sa vision des politiques au sein de l’Education nationale.

Quel est votre sentiment général en cette rentrée ?

— Je suis assez inquiète comme beaucoup de mes collègues en ce qui concerne les conditions d’enseignement qui sont de plus en plus difficiles. L’Etat supprime énormément de postes dans l’Education nationale (162 à La Réunion cette année), au-delà d’un aspect quantitatif, cela a des répercussions sur le qualitatif.

À La Réunion, 12% des jeunes sortent du milieu scolaire sans diplôme soit deux fois plus qu’en France hexagonale. L’Académie de La Réunion en fait son cheval de bataille, qu’en pensez-vous ?

— Nous devons effectivement travailler à réduire ce chiffre, mais l’Education Nationale est marquée par de profondes contradictions : il y a un écart grandissant entre les déclarations de volonté et les actes, on supprime des postes et l’on multiplie les dispositifs. Je pense qu’il faut régler le problème en amont, garder un nombre de postes qui permettent aux élèves d’étudier dans de bonnes conditions, de la maternelle à l’université. C’est la base, après on peut, en fonction des difficultés, les orienter vers des dispositifs spécifiques.

Vous pointez du doigt les classes surchargées…

— Passé 25 élèves dans une classe, il nous est très difficile de faire un travail correct. De toute évidence, ça ne nous laisse pas le temps d’accompagner les élèves vers la réussite et notamment ceux qui sont le plus en difficulté.

Quelle est la plus grande difficulté à laquelle vous devez faire face ?

— C’est de pouvoir jongler entre les différents niveaux des élèves, les différents dispositifs, le tout en respectant le programme dans un délai, en vue de la réalité à laquelle nous sommes confrontés, relativement court. Je continue cependant à entretenir l’espoir que chacun d’entre eux puisse acquérir les notions nécessaires à la réussite de leur cursus scolaire et de leur vie plus généralement.

Nou lé Kapab - numéro 2

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