Assemblée générale de l’AJFER

« Priorité à l’embauche des Réunionnais » : un combat permanent

21 octobre 2011

L’activité de l’AJFER durant ces années a fortement été marquée et continue de l’être par la bataille pour la priorité à l’embauche des Réunionnais, à La Réunion. Et pour cause, à La Réunion, ce n’est pas moins d’un jeune sur deux qui est sans emploi. Plus fort taux de chômage de France et d’Europe, une situation qui semble finalement être devenue « banale », mais qui n’en demeure pas moins injuste.

La population réunionnaise est jeune, et les jeunes dans l’île, malgré le fait qu’ils soient de plus en plus qualifiés et diplômés, sont durement frappés par le chômage. Le service public est un employeur non négligeable, mais force est de constater que les postes échappent aux Réunionnais. Faute notamment à un système de recrutement datant de plusieurs dizaines d’années, aujourd’hui dépassé et créateur d’injustices. C’est le cas de l’Éducation nationale, mais aussi de la police ou autres administrations publiques. Les postes de cadres dans le secteur privé n’échappent malheureusement pas à la règle.

La contribution aux États généraux d’Outre-mer

Déjà un mot d’ordre fort dans les propositions que nous enverrons au Président de la République pendant les États généraux, la priorité à l’embauche des Réunionnais, sujet souvent tabou, car assimilé à du racisme, finira par prendre une place considérable dans les débats. C’était une première victoire, mine de rien, quand Nicolas Sarkozy traitait la question dans les conclusions du Conseil interministériel de l’Outre-mer en affirmant qu’il fallait « favoriser l’affectation des ultramarins dans leur département ». Mais nous savions pertinemment que l’on ne pouvait se contenter de promesses.

De Nicolas Sarkozy à Mostafa Fourar, en n’oubliant pas les ministres

Alors, en janvier 2010, durant le séjour dans notre île de Nicolas Sarkozy, l’AJFER loue un bus qu’elle décore d’affiches au slogan « Priorité à l’embauche des Réunionnais » et suit le parcours du Président de la République, les militants seront à plusieurs reprises immobilisés à plusieurs centaines de mètres des lieux de passage du Président par les forces de l’ordre avant de se faire simplement « gazés » à la manifestation de fin de journée, au rond-point de la salle Candin.

Ce combat s’est aussi traduit par une multitude de demandes de rendez-vous avec les ministres de passage dans l’île : ministre de l’Outre-mer, ministre de la Fonction publique, ministre de la Cohésion sociale… Toujours reçue par des “conseillers” avec ces mêmes phrases : « Je suis là pour prendre vos doléances que je transmettrai au ministre, je n’ai aucun pouvoir décisionnel, mais je transmettrai ». Jusqu’au moment où l’on se dit : « Les ministres viennent, repartent, reviennent, mais dans le fond, rien ne change, et les problèmes de fond, sans compter de perdurer, ne sont même pas étudiés ».

Au niveau local, une multitude de rencontres ont également eu lieu avec, entre autres, le Sous-préfet en charge de la Cohésion sociale ou encore le directeur régional du Pôle Emploi. Une multitude d’actions aussi, que ce soit au Parc national des Hauts ou encore à la centrale EDF. Mais il y en a un que nous interpellons annuellement, au moment de la rentrée scolaire : le recteur. Une demande récurrente et simple est faite à chaque fois : la transparence sur le recrutement au sein de l’Académie de La Réunion. Trois ans et toujours aucune réponse. Mostafa Fourar se plaît à garder toute l’opacité.

« La route est encore longue et c’est un devoir de la poursuivre »

Depuis plusieurs années, la bataille est donc menée et ce n’est pas facile. Des avancées tout de même, ne serait-ce parce que l’on en parle, que l’on en débat. Il a fallu expliquer que cette revendication n’était pas du racisme et que c’est même parce que l’on a trop souvent fait ce rapprochement que les choses n’ont pas avancé. Il a aussi fallu expliquer que c’était avant tout la défense du droit au travail, à La Réunion, pour les Réunionnais. Se refuser de tomber dans le débat créole/zoreil fut également une bataille, se refuser simplement de faire de la question de la priorité à l’embauche des Réunionnais une question de personnes au profit d’une question de système injuste.

La route est encore longue, mais c’est un devoir de la poursuivre, parce qu’à diplômes et compétences égaux, le Réunionnais n’est pas moins qu’une personne venant de l’extérieur et que le chômage est tel dans l’île que nous ne pouvons nous permettre de ne pas embaucher la population locale.


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