Yémen

Quel avenir ?

14 octobre 2011

Le président yéménite, Ali Abdallah Saleh, a déclaré cette semaine qu’il était prêt à quitter le pouvoir dans les prochains jours, « Je ne veux pas le pouvoir, et je l’abandonnerai dans les jours prochains », lors d’un discours télévisé au cours duquel il a fustigé ses opposants.

« Il y a des hommes sincères, qu’ils soient militaires ou civils », capables de gouverner le Yémen, a cité l’“Agence France Presse”. Ali Abdallah Saleh a annoncé qu’il allait convoquer une réunion du Parlement dans les prochains jours, sans préciser pourquoi. Toutefois, si le président quitte le pouvoir, le gouvernement remplaçant devra suivre plusieurs réformes politiques, économiques et sociales pour faire face à la hausse démographique, l’analphabétisme de 50% de la population et le chômage d’au moins 35% de la population active.

En dépit d’un secteur agricole développé et dense, celui-ci ne parvient pas à couvrir les besoins alimentaires du pays.

Un pays à reconstruire

Au pouvoir depuis 1978, Ali Abdallah Saleh, 69 ans, est contesté depuis janvier par des jeunes qui campent sur la place du Changement de Sanaa, la capitale. Ces derniers dénoncent le népotisme du président et la corruption gouvernementale. Pays le plus pauvre de la région arabique avec un revenu annuel par habitant d’environ 775 euros contre 10.409 euros pour l’Arabie saoudite et 53.159 euros pour le Qatar. Les faibles revenus pétroliers assurent 70% des ressources de l’État et vont s’amenuiser au fur et à mesure que les gisements s’épuisent.

La mal-gouvernance du pays a causé la crise politique débutée le 27 janvier 2011, avec les manifestations réclamant le départ du Président Saleh. Corruption, népotisme, autoritarisme, tribalisme avec les 75 tribus, regroupées en confédérations, jouent un rôle politique non négligeable, tant comme acteurs que comme objets, incurie et discriminations rongent le pays, a expliqué Patrice Gourdin, enseignant en Relations internationales et Géopolitique. Ce dernier met en avant le qualificatif d’état « inachevé » octroyé au Yémen, depuis l’unification des Yémen du Nord et du Sud en 1990.

Instabilité politique et crise alimentaire

Après avoir été blessé dans le bombardement de son palais en début juin, Ali Abdallah Saleh s’était rendu en Arabie saoudite pour se faire soigner. Durant un mois, le pays a eu un temps de liberté, au cours duquel la transition du pouvoir avait mener à la discorde. Les 75 tribus du pays ont tenté de prendre leur place dans le nouveau gouvernement, mais ces dernières n’ont pas eu le temps de s’organiser. Le Président Saleh a ordonné à son armée de réprimer la population, tout en promettant des changements.

Après plus de neuf mois de contestation, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé un risque de famine au Yémen en raison d’une hausse des prix des produits alimentaires, de sévères pénuries de carburant et de l’instabilité politique. Une étude du PAM dans les quatre régions les plus touchées par les violences, Rayma, Amrane, Hijja et Ibb, a indiqué que de plus en plus de Yéménites ont du mal à s’alimenter alors que 50% des enfants souffraient de malnutrition chronique avant même la contestation. Le PAM a accru son assistance à 3,5 millions de Yéménites vulnérables, et plus spécialement à 70.000 qui ont fui leurs demeures en raison des combats dans le Sud et à 500.000 qui ont été déplacés par le conflit de sept ans dans le Nord, théâtre d’une rébellion chiite.

La communauté internationale s’intéresse

Une semaine après l’annonce de son départ, Ali Abdallah Saleh persiste et pousse son armée à attaquer les Yéménites. Cependant, les manifestants sont prêts à résister. Ces derniers ont manifesté mardi 11 octobre pour demander « au Conseil de sécurité et aux grandes nations du monde de condamner le Président Saleh et son régime ». Le jour même, les pays occidentaux au sein du Conseil de sécurité de l’ONU ont réclamé l’adoption d’une résolution appelant à démissionner le président du Yémen. « Il est grand temps d’inclure à l’ordre du jour la question sur la situation au Yémen », a déclaré devant les journalistes Peter Wittig, délégué permanent allemand auprès de l’ONU, avant le début de la réunion du matin du Conseil de sécurité.

De son côté, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a appelé les autorités yéménites à lancer les réformes nécessaires pour mettre un terme à la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire dans le pays. « Ce qui est important maintenant, c’est que le Président Saleh mette en œuvre immédiatement des réformes politiques afin que les populations puissent vivre dans un monde meilleur sans crainte de l’oppression et en voyant leurs droits humains pleinement protégés », a déclaré Ban Ki-moon lors d’une conférence de presse à Copenhague, au Danemark, aux côtés du Premier ministre danois, Helle Thorning-Schmidt.

Nou lé kapab - numéro 7

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