Une révolte oubliée

7 octobre 2011

Sans aucun atout économique pour les États-Unis et l’Europe, la communauté internationale a omis de venir en aide aux milliers de manifestants yéménites réclamant le départ du président Ali Abdullah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans.

Faisant partie des pays les plus pauvres de la planète, le Yémen cumule une situation économique fragile avec une hausse démographique, conduisant le pays dans une misère qui s’aggrave au fur et à mesure des années. Dans la suite des révoltes arabes, débutées en Tunisie, les Yéménites réclament également la démocratie, la fin de la corruption et de meilleures conditions de vie. Représentatif d’un pouvoir vieillissant et dépassé, le peuple Yéménites réclame le départ du président Ali Abdullah Saleh, et conteste la mainmise par le congrès général du peuple.

« Liberté » et « Démocratie »


Depuis janvier, le mouvement de contestation, qui réclame le départ et la traduction en justice d’Ali Abdullah Saleh, s’est transformé en combats entre les unités militaires qui lui sont fidèles et les militaires dissidents, ceux-ci ont fait 173 morts en une semaine avant de s’interrompent samedi. Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues, vendredi 31 septembre, proclamant “Vendredi de victoire pour le Yémen et la Syrie”. Ce slogan fait référence à la coopération entre les manifestants antigouvernementaux dans les deux pays.

Soutenant les Syriens, les Yéménites ont également appelé à « liberté pour le Yémen (...) Le peuple veut construire un nouveau Yémen », après la prière de vendredi. À cette occasion, les manifestants ont demandé à la communauté internationale d’adopter une position stricte contre ce qu’ils appellent « les violences contre les manifestants ». En effet, la répression fait rage dans le pays, près d’une soixantaine de personnes ont perdu la vie, lors d’affrontement avec les forces de sécurité yéménites.

Un collectif de jeunes protestataires yéménites a écrit au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon pour demander une enquête du Tribunal pénal international (TPI) sur « les crimes de guerre » du régime du président Ali Abdallah Saleh, a indiqué l’Agence France Presse. Le collectif anime la protestation populaire et a demandé l’envoi d’une « commission internationale pour enquêter sur les crimes d’Ali Abdallah Saleh et de ses fils contre les manifestants pacifiques », dans la lettre que s’est procurée l’AFP.

Vers une guerre civile ?

Malgré l’accord passé, le président du Yémen, Ali Abdallah Saleh, a affirmé, jeudi 29 septembre, qu’il ne quittera pas le pouvoir si ses anciens alliés — devenus opposants — étaient autorisés à participer à des élections. Ce dernier a estimé que cela mènerait à une guerre civile. Toutefois, Franck Mermier, chercheur spécialiste du Yémen au CNRS, a expliqué au “Monde”, que le président Saleh, un "manœuvrier continuel", "prépare la guerre" et joue la « stratégie du chaos ».

Bien que de nombreux conflits surviennent dans différentes villes du pays, entre les forces militaires liées à l’opposition et les groupes tribaux d’une part, et la garde républicaine d’autre part, « le seul élément qui retient l’éclatement d’une guerre totale est la volonté de l’opposition de garder une contestation pacifique », a indiqué Franck Mermier.

Ce n’est pas l’arrivée en septembre, de l’émissaire des Nations Unies au Yémen, Jamal ben Omar, qui a pu résoudre le conflit. En effet, ce dernier a tenté de trouver « une solution politique sur la base d’un plan élaboré par les monarchies arabes du Golfe », mais un mois plus tard, Jamal ben Omar a quitté Sanaa sans résultat. Ce départ ne présage rien de bon pour les manifestants, qui espèrent toujours la fin du régime d’Ali Abdallah Saleh.

Année internationale de la jeunesse Nou lé Kapab - numéro 6

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