Une forte pauvreté et des fragilités territoriales selon l’INSEE

Panorama de la pauvreté à La Réunion

20 octobre 2023

Avec 36 % de sa population vivant sous le seuil de pauvreté en 2020, La Réunion est le troisième département le plus pauvre de France, après Mayotte et la Guyane. La pauvreté y est 2,5 fois plus fréquente que dans l’Hexagone. Elle est plus élevée à l’est de l’île et un peu moindre au nord et à l’ouest. Un ménage jeune sur deux et une famille monoparentale sur deux sont pauvres.

À La Réunion, 23 % des ménages pauvres sont des ménages retraités et 11 % des ménages insérés sur le marché du travail, mais avec d’importantes charges familiales. Quatre autres types de ménages regroupent des ménages plutôt éloignés de l’emploi et dont les ressources proviennent majoritairement de prestations sociales.

Certaines fragilités économiques et sociales peuvent contribuer à renforcer la précarité des ménages pauvres. Au regard du niveau national, les EPCI de La Réunion sont très fragiles en termes d’insertion professionnelle de leurs habitants et de situations familiales potentiellement vecteurs de précarité. Ils apparaissent fragiles au regard de la formation initiale et des conditions de logement.

Le concept de pauvreté ne fait pas l’objet d’une définition unique. Être pauvre, ce n’est pas seulement vivre avec des revenus faibles, inférieurs à un seuil donné (pauvreté au sens monétaire). C’est également ne pas être en mesure de couvrir les dépenses liées à un certain nombre d’éléments de la vie courante considérés comme souhaitables, voire nécessaires, pour avoir des conditions de vie acceptables (pauvreté au sens de la privation matérielle et sociale). La pauvreté peut aussi être mesurée par la perception d’aides sociales spécifiques (pauvreté institutionnelle). Cependant, ces approches ne sont pas toutes mobilisables au niveau régional, a fortiori à un niveau géographique plus fin.

Seule l’approche monétaire permet une analyse fine d’un point de vue géographique, à un niveau régional ou infra-régional. Elle est par ailleurs relativement standardisée et commune à de nombreux pays. Selon cette approche, en 2020, 36 % des habitants de La Réunion vivent sous le seuil de pauvreté. La pauvreté est un peu plus élevée à l’est de l’île (43 % à la Cirest) et un peu moindre au nord et à l’ouest (32 % à la Cinor et au TCO). La pauvreté est bien plus prégnante à La Réunion : elle y est 2,5 fois plus élevée que dans l’Hexagone (14 %). La Réunion fait ainsi partie des régions et départements de France les plus concernés, derrière Mayotte et la Guyane. Le taux de pauvreté monétaire baisse cependant sur l’île : -11 points entre
2007 et 2020, dont -5 points depuis 2015.

Si la pauvreté monétaire est plus fréquente à La Réunion qu’en moyenne nationale, elle y est également un peu plus « intense » : le niveau de vie médian des ménages pauvres est légèrement inférieur à celui de l’ensemble des ménages de l’Hexagone vivant sous le seuil de pauvreté. Cet écart est accentué dans un contexte de coût de la vie est plus élevé à La Réunion. La population pauvre est fortement dépendantes des prestations sociales, qui constituent la majorité de leurs revenus (57 %), devant les revenus d’activité (22 %). Sans les prestations sociales, le taux de pauvreté serait encore plus élevé (50 %).

À La Réunion comme au niveau national, les ménages jeunes et les familles monoparentales sont les plus touchés par la pauvreté. Ainsi, 51 % des ménages de moins de 30 ans sont pauvres. Le taux de pauvreté diminue ensuite avec l’âge : la pauvreté concerne 29 % des ménages de 60 à 74 ans. Toutefois, aux âges les plus avancés, à 75 ans ou plus, la pauvreté monétaire reste élevée sur l’île (36 %), alors qu’elle est au plus bas dans l’Hexagone. En effet, à La Réunion les pensions de retraite figurent parmi les plus faibles de France. Les familles monoparentales sont également touchées par la pauvreté à La Réunion (52 %). Le plus souvent, il s’agit de mères de famille élevant seules leur(s) enfant(s), ce qui conduit les femmes à être globalement plus touchées par la pauvreté, comme partout en France. Cependant, lorsqu’elles vivent seules, les femmes sont un petit moins concernées par la pauvreté (43 %) que les hommes seuls (45 %).

Parmi les ménages réunionnais en situation de pauvreté monétaire, six profils peuvent être identifiés, représentatifs de la diversité de leurs situations vis-à-vis de l’emploi, leur âge ou le fait qu’ils soient propriétaires ou locataires de leur logement.

Près de 23 % des ménages pauvres sont des ménages retraités davantage constitués, comme ailleurs en France, de personnes vivant seules . Ces ménages sont majoritairement propriétaires de leur logement et résident plus souvent que les autres ménages pauvres dans les intercommunalités de la Civis et du TCO. Environ 11 % des ménages pauvres sont insérés dans l’emploi, mais leurs revenus sont trop faibles au regard de leurs charges familiales pour sortir de la pauvreté. Ils sont un peu moins nombreux que dans l’Hexagone car le taux d’emploi est plus faible à La Réunion. Quatre autres types de ménages regroupent des ménages plutôt éloignés du marché du travail et dont les ressources proviennent majoritairement de prestations sociales. D’une part, il s’agit de ménages jeunes de moins de 30 ans (9 % des ménages pauvres). Ce type de ménages est majoritairement constitué de jeunes mères de familles monoparentales, alors que dans l’Hexagone il s’agit essentiellement de personnes vivant seules. D’autre part, 18 % des ménages pauvres réunionnais sont des ménages propriétaires de leur logement, âgés entre 50 et 74 ans et non insérés dans l’emploi. Ces ménages disposent du niveau de vie le plus faible et résident plus souvent dans le sud de l’île, à la Civis et à la Casud. Les deux derniers profils de ménages pauvres correspondent à des ménages locataires, soit dans le parc privé (20 %), soit dans le social (19 %). Leurs revenus sont composés principalement de prestations sociales.

La situation de précarité des ménages pauvres peut être renforcée par le fait d’habiter dans un territoire exposé à différentes fragilités économiques et sociales. Ces fragilités potentielles sont appréhendées ici au niveau des intercommunalités, à travers sept thèmes : l’insertion professionnelles, le niveau de formation initiale, le logement, les situations familiales, la mobilité, l’accès aux soins et l’accès aux services publics. Au regard, du niveau national, les EPCI de La Réunion sont très fragiles en termes d’insertion professionnelle de leurs habitants et de situations familiales potentiellement vecteurs de précarité : ils font partie des 10 % des EPCI français les plus concernés par ces problématiques. Les EPCI de La Réunion sont considérés comme fragiles au regard de la problématique du logement, en raison notamment d’une sur-occupation élevée des logements des ménages pauvres sur l’ensemble de l’île. Les EPCI sont également fragiles du point de vue de la problématique de la formation initiale, notamment du fait de la part élevée des non-diplômés parmi les 20 ans ou plus. En revanche, par rapport à l’ensemble des EPCI de France, les EPCI de l’île ne présentent pas de fragilité au regard de l’accès aux soins et de la problématique de la mobilité, professionnelle ou même de l’éloignement des équipements et services nécessaires à la vie quotidienne.


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