Papy et Mamie Boumer : de nombreux défis à relever, et vite !

13 mai, par Julie Pontalba

Les enfants qui naissent aujourd’hui ont, dans la majorité des cas, la chance de connaître leurs grands-parents, voire leurs arrière-grands-parents — parfois même leurs arrière-arrière-grands-parents. C’est une situation inédite dans l’histoire de l’humanité. Aucune génération avant celle-ci n’avait bénéficié d’une telle continuité familiale.

Ce phénomène s’explique par les immenses progrès de la médecine, l’amélioration des conditions de vie, et la forte natalité enregistrée à partir des années 1950. A La Réunion, où la mortalité infantile a chuté de plus de 70% entre 1960 et 2000, va voir sa population de seniors croître significativement d’ici 2030.

Selon l’INSEE, à La Réunion, les plus de 60 ans représenteront environ 30% de la population en 2030, soit autant que les moins de 20 ans. Cette bascule démographique impose dès aujourd’hui des politiques publiques ambitieuses, dans les domaines du logement, de la santé, de la mobilité, et de l’accompagnement social.

Un environnement adapté : une nécessité urgente

Avec l’augmentation rapide du nombre de personnes âgées, il devient essentiel de créer un cadre de vie sécurisé, accessible et agréable pour nos gramoun. Il faudra multiplier les zones piétonnes, limiter la vitesse à 30 km/h dans les centres urbains, développer les commerces et services de santé de proximité.

Certaines villes en France ont emboité le pas au changement. À Saint-Étienne, une ancienne zone industrielle a été entièrement repensée pour accueillir une population intergénérationnelle, avec une forte proportion de seniors. Résultat : logements adaptés, commerces accessibles à pied, rues sécurisées et surtout, une vie sociale riche où solidarité et entraide prennent du sens.

À Metz, la ville a travaillé main dans la main avec les aînés pour installer dans l’espace public des bancs adaptés et des assis-debout, permettant de marcher en toute sérénité, sans crainte de ne pas trouver de repos.

Santé, autonomie et lutte contre l’isolement

Autre défi crucial : préserver la santé et l’autonomie des seniors, qui restent actifs de plus en plus longtemps. Il est donc primordial de proposer des activités physiques, intellectuelles et culturelles, accessibles à tous.

À Saint-Denis de La Réunion, le dispositif «  Plan Seniors en Action  » propose une multitude d’activités à partir de 55 ans, pour seulement 5 euros par an et par activité. Piscine, mosaïque, anglais, yoga, danse, théâtre, ....

Plusieurs milliers de personnes s’y activent chaque année. La ville a d’ailleurs obtenu en 2023 le Label Or des villes amies des aînés, ainsi que le prix “Coup de cœur” pour sa célèbre Marche Bleue, qui rassemble chaque année plus de 3 000 marcheurs seniors.

Un service public d’aide à la personne et à l’environnement

Pour accompagner cette transition démographique, il faudra aussi former et recruter massivement du personnel qualifié dans l’aide à la personne, le soin à domicile, et l’accompagnement social.

Le Parti Communiste Réunionnais (PCR) porte depuis longtemps l’idée d’un service public de l’aide à la personne et à l’environnement, qui devient aujourd’hui plus que jamais une nécessité.

Des lieux de vie dignes, accessibles et humains

Enfin, il faudra anticiper l’augmentation du nombre de personnes en perte d’autonomie ou atteintes de maladies chroniques, qui ne pourront plus vivre seules. Cela passe par la création urgente de structures d’accueil adaptées, abordables et respectueuses de la dignité humaine.

Trop souvent, le placement en établissement est vécu comme une souffrance par les familles. Il est donc impératif de construire des lieux de vie agréables, bien intégrés dans leur environnement, où les personnes âgées se sentent entourées, utiles, respectées. Ces structures doivent être accessibles à tous car dans nos sociétés la santé ne doit être un commerce.

Le plus grand défi de La Réunion

C’est sans doute là le plus grand défi pour notre île. Car ici, nous avons un attachement profond à nos aïeux, à nos racines, à la mémoire vivante qu’ils incarnent. Il serait impensable de ne pas leur offrir une place digne dans la société qu’ils ont contribué à bâtir.

La transition est là. Les réponses doivent l’être aussi.

Julie PONTALBA.


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