Violences sexuelles : encore trop nombreuses

Une femme sur cinq et un homme sur sept victimes dans l’enfance au niveau mondial

9 mai

Selon le Lancet, 18,9% des femmes et 14,8% des hommes ont été victimes de violences sexuelles avant l’âge de 18 ans dans le monde. Cette étude estime qu’une femme sur quatre (26%) en France en a été victime, contre 13,8% des hommes.

Environ une femme sur cinq et un homme sur sept dans le monde a subi avant l’âge de 18 ans des violences sexuelles, agressions massivement répandues aux effets dévastateurs sur la santé et la vie d’adulte, selon une étude publiée le 8 mai dans The Lancet.

Menés par des chercheurs de l’université de Washington à Seattle et financés par la fondation de Bill Gates, l’étude porte sur le nombre de personnes ayant subi des violences sexuelles pendant l’enfance ou l’adolescence dans 204 pays, en exploitant les données d’études réalisées par l’OMS et les Nations Unies - dans un nombre bien moindre de pays - de 1990 à 2023.

Les résultats sont alarmants : 18,9% des femmes et 14,8% des hommes ont été victimes de violences sexuelles avant l’âge de 18 ans à l’échelle mondiale, mais ces estimations, bien que globalement stables depuis 1990, varient très fortement d’une région et d’un pays à l’autre.

Aux États-Unis, la proportion de femmes ayant subi de telles violences est de 27,5%, contre 16,1% des hommes, au Royaume-Uni de 24,4% des femmes et 16,5% des hommes. En France, l’étude estime qu’environ une femme sur quatre (26% contre 20,7% en moyenne en Europe de l’Ouest) en a été victime et 13,8% des hommes.

En Inde, elle grimpe jusqu’à 30,8% des femmes, soit près d’un tiers, mais elle est un peu inférieure pour les hommes, à 13,5%. Ces violences touchent 6,9% des femmes au Monténégro mais 42,6% aux îles Salomon, 4,2% des hommes en Mongolie mais 28,3% d’entre eux en Côte d’Ivoire.

Un enjeu de santé publique

L’étendue réelle des violences sexuelles envers les enfants est probablement sous-estimée étant donné la rareté des données disponibles et les difficultés à mesurer ces agressions - recensées selon des critères hétérogènes -, notent les auteurs de l’étude. De plus, de très nombreuses victimes ne portent pas plainte ou ne parlent pas de leurs agressions.

Les chercheurs appellent à collecter des données précises afin de « cibler les efforts de prévention ». Car il s’agit d’un enjeu crucial pour la santé publique et les droits humains, ces violences ayant « de graves conséquences à long terme pour les personnes concernées ».

Ces victimes ont « des risques accrus de troubles dépressifs majeurs, d’anxiété, de consommation de substances addictives, de problèmes de santé à long terme » et auront « un épanouissement individuel limité, avec un niveau d’éducation et une réussite économique réduits ».

Alors que la toute première Conférence ministérielle mondiale sur l’élimination de la violence à l’égard des enfants a eu lieu en novembre 2024 à Bogota, en Colombie, les chercheurs jugent que « protéger les enfants de la violence et atténuer ses effets cumulés sur la santé tout au long de la vie est un impératif moral ».


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