Les J.O. 2012 échappent à Paris

27 millions partis en fumée !

7 juillet 2005

Soutenu par un club regroupant de grandes entreprises (Lagardère, Lafargue, Bouygues, Carrefour, Suez, Accor...) le Comité d’organisation des J.O. à Paris en 2012 a dépensé 27 millions d’euros pour préparer la candidature française. Après la décision du CIO de choisir Londres, tout cet argent n’aura servi à rien.

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Une partie de La Réunion a soutenu la candidature malheureuse de Paris pour les J.O. de 2012. Sans doute par nationalisme sinon par chauvinisme. Le choix de la capitale française - à laquelle a été préférée Londres - n’aurait eu aucune retombée directe ni pour notre île ni pour l’Outre-mer français : les organisateurs de Paris 2012 avaient imaginé de concentrer tous les sites de compétition sur le territoire hexagonal. Pas une seule miette pour les DOM et les TOM !
Nous ne devons pas oublier que les délégués du CIO avaient à choisir entre 5 capitales occidentales. Alors que l’on vante l’universalisme des Jeux, ces derniers ne se dérouleront pas de si tôt en Afrique qui nous est si proche. Comme si ce continent ne méritait pas d’héberger les compétitions olympiques.
Ajoutons à l’intention de ceux qui l’ignoreraient encore que les familles royales européennes sont représentées de droit au sein du Comité qui a eu à choisir hier la ville-hôte des Jeux 2012 !
Quant à la candidature de Paris, dans son édition de juillet, “Le Monde Diplomatique” stigmatise une "imposture olympique" fondée "des arguments souvent fallacieux".
Le mensuel parisien précise que "le Club des entreprises Paris 2012 comprend notamment Lagardère, Lafargue, Bouygues, Carrefour, Suez, Accor, c’est-à-dire des “humanistes” adeptes des licenciements boursiers". “Le Monde Diplomatique” rappelle que "Vingt-sept millions d’euros ont été dépensés pour le seul dossier de candidature ! Un montant à mettre en balance avec les énormes besoins non satisfaits en logements sociaux, crèches et équipements de proximité dans la capitale et sa banlieue, mais aussi avec la précarité sociale de tant d’étudiants".
"Loin de répondre aux besoins sociaux et culturels d’un pays ravagé par le chômage, la pauvreté et l’exclusion, les Jeux sont un indécent étalage de promesses démagogiques, de vœux pieux et de dépenses somptuaires", commente le mensuel.
Quant aux Jeux eux-mêmes, à ce qu’ils sont devenus aujourd’hui, nous renvoyons nos lecteurs au court essai publié à la veille des J.O. d’Athènes par Albert Jacquard et intitulé “Halte aux Jeux !” (1) . Le biologiste, spécialiste en génétique des populations fait une analyse incisive de toutes les dérives de l’olympisme. "On nous montre de superbes et fringants athlètes mais on nous dissimule l’envers du décors : la souffrance de tous, l’échec de la plupart, l’inévitable dérive du dopage".
"Il faut mettre fin à l’hypocrisie", dit Albert Jacquard, qui pense qu’on peut aller vers un modèle d’olympisme enfin humaniste et qui "pourrait être de retrouver à toute occasion un état d’innocence". "Il ne s’agira pas de courir plus vite ou de sauter plus haut mais de contribuer à une mise en commun des émotions et des espoirs qui nous permettra de vivre et de sourire ensemble", écrit dans sa conclusion le savant.

J. M.

(1) Albert Jacquard : “Halte aux Jeux” chez Stock à 10 euros


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