33ème anniversaire de l’OMS du Port - 7 -

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25 août 2004

Raymond Lauret, dans sa conférence de 1998 sur l’OMS du Port, n’a pas oublié de parler de ces personnes qui ont apporté leur contribution pour la réussite de l’Office. Celui-ci était pour beaucoup une opportunité de sortir de leur “simple condition d’habitants de bidonvilles”. Il cite d’ailleurs Maurice Casimir, père des champions de gymnastique, comme exemple d’une de ces personnes. Grâce à l’existence de l’OMS, ce couseur sur le quai est devenu un membre important de l’association. Et ce sont des personnes comme lui qui ont fait l’association.

Une fois brisée la fatalité de l’exclusion, il s’agissait, en troisième lieu, d’adapter les structures de concertation et de travail au niveau qui était celui des intéressés. Car, on s’en doute, il n’était pas question de faire ni dans le paternalisme ou l’assistance démagogique et électoraliste, ni dans le grandiloquent intellectuel.
L’OMS “créa” une licence : un rectangle de bristol, le nom du quartier, le nom et le prénom du joueur, un “carré” pour la photo d’identité et une signature. Pour “gérer le secrétariat nécessaire”, l’OMS embaucha Maurice Casimir, le père de Patrice et aussi responsable d’une équipe interquartiers et qui apparaissait alors comme quelqu’un de valeur.
Entre le dur métier de couseur sur les quais, métier d’autant mal payé qu’il l’exerçait de manière épisodique, et celui de permanent à l’Office, Maurice n’hésita pas une seule seconde. Il allait pouvoir se donner à ses frères des bidonvilles...
La licence était payante. La cotisation demandée était une contribution à l’assurance-blessure que l’OMS avait contractée avec un assureur de la place.
Les équipes devaient se débrouiller pour trouver elles mêmes leurs équipements : maillots, shorts, bas et chaussures.
On vit des équipes arborer fièrement des tee-shirts tout simples, souvent à la gloire de telle marque ou de tel commerce. On dit aussi que certains joueurs n’hésitaient pas, en début d’année, à signer une licence dans un club affilié à la Ligue réunionnaise de football et profiter de la paire de chaussures que les dirigeants y “donnent gratuitement”. À la suite de quoi, ils prenaient licence interquartiers...
Tous ne procédaient pas de la sorte. Certains “achetaient” à des joueurs des clubs de Ligue, des chaussures qui avaient servi deux ou trois mois... d’autres jouaient en “basket”. Il y en avait même - mais ils étaient très peu nombreux - qui y allaient pieds nus...

L’essentiel

À côté de ces anecdotes, l’essentiel restait que chaque mercredi, des responsables (deux par équipes) se rencontraient à la salle de réunion de l’OMS pour discuter à partir des feuilles des matchs du week-end passé.
Petit à petit, ces hommes qui exerçaient le métier de docker, de manœuvre ou qui étaient seulement chômeurs, ces hommes qui, pour la quasi-totalité d’entre eux, ne devaient même pas avoir leur certificat d’étude, petit à petit ces hommes apprirent à faire des classements, à programmer des matchs, à désigner des arbitres, à établir une échelle de sanction pour les cas de discipline.
Petit à petit, ils s’ouvrirent à la nécessité de trouver un arbitre de Ligue qui organiserait des cours de perfectionnement, de contacter le commerçant du quartier pour sponsoriser le club et, même, à un certain moment, d’organiser une rencontre avec les interquartiers d’autres villes. Maurice Casimir apprit à utiliser le labo photo de l’OMS pour développer lui-même les photos d’identité... Ce qui donna à certains l’idée de solliciter ce brave garçon pour immortaliser tel ou tel événement familial.

(à suivre)


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