Marcelo Bielsa et la sélection chilienne : un regard rétrospectif -2-

Bilan de Marcelo Bielsa

10 juillet 2017

L’entraîneur argentin a marqué le football chilien en dirigeant la sélection nationale de 2007 à 2011, suscitant l’admiration unanime des supporters. Un article de Salim Lamrani.

Marcelo Bielsa.

Lors du Mondial 2010, le Chili est tombé dans le groupe H, en compagnie de l’Espagne, de la Suisse et du Honduras. La Roja a remporté ses deux premiers matchs contre Le Honduras et la Suisse sur le score de 1-0. Elle s’est ensuite inclinée de justesse 1-2 face à l’Espagne, futur vainqueur de la compétition. Ainsi, en l’espace d’une semaine, la sélection dirigée par Marcelo Bielsa a remporté davantage de victoires en coupe du monde qu’en quatre participations depuis 1966. Qualifié en huitièmes de finale, le Chili s’est incliné face au Brésil 3-0 [1].

Le jeu offensif proposé par Marcelo Bielsa a impressionné les observateurs du sport le plus populaire de la planète. Une légende du football a particulièrement été impressionnée : Johan Cruyff. Le meilleur joueur néerlandais de l’histoire, qui a remporté trois Ligues des champions et trois Ballons d’Or, qui a révolutionné le jeu du FC Barcelone, référence actuelle du football offensif, a tenu des propos élogieux au sujet de La Roja : « La plus belle sélection que j’ai vue est celle du Chili. Offrir quelque chose de plus aux supporters a toujours été l’une de nos qualités [Pays-Bas], mais je dois admettre que le Chili a pris la relève. L’équipe a déjà montré beaucoup de qualités et elle a très bien compris que même si les possibilités d’un sacre sont faibles, elle a la possibilité de faire en sorte que le public prenne du plaisir à la voir jouer [2] ».

Identité de jeu

Sous l’ère de Marcelo Bielsa, le Chili a joué 51 matchs, pour 28 victoires, 8 matchs nuls et 15 défaites, soit 55% de victoires, avec un total de 69 buts marqués pour 49 encaissés. A titre de comparaison, Nelson Acosta, qui a dirigé La Roja pendant 99 matchs de 1996 à 2001 puis de 2005 à 2007, après un intérim en 1993, a une moyenne de 40% de victoires. Seul Jorge Sampaoli, qui a été sélectionneur de 2012 à 2016, présente une moyenne supérieure à celle du natif de Rosario avec 61% de victoires [3].

Le travail de Marcelo Bielsa à la tête de la sélection nationale a permis aux joueurs chiliens de s’exporter en Europe. Plusieurs d’entre eux jouent désormais dans les plus grands clubs du Vieux continent. Ainsi, l’attaquant Alexis Sánchez a été recruté au lendemain du Mondial 2010 par le FC Barcelone et joue désormais à Arsenal. Le milieu de terrain Arturo Vidal a intégré la Juventus de Turin en 2011 et joue désormais pour le Bayern Munich. Le défenseur Gary Medel a été acheté par le FC Séville en 2011 et est aujourd’hui un élément-clé de l’Inter de Milan.

Lorsque Marcelo Bielsa a quitté le Chili en 2011, la sélection nationale disposait d’une identité de jeu et était respectée à travers le monde. Le natif de Rosario a jeté les bases d’un nouveau football vaillant, offensif et généreux. Il a professionnalisé le sport phare du pays. La Roja suscite désormais la fierté du peuple chilien, heureux de voir qu’il est possible de réaliser des exploits contre les grandes nations du football et d’affronter l’adversité avec travail, discipline, honneur et conviction. C’est ce qui explique l’immense popularité du technicien argentin.

Poser les fondations

Arrigo Sacchi, considéré comme étant le meilleur entraîneur italien de l’histoire, qui a remporté tous les titres possibles à la tête du Milan AC et qui a été finaliste de la Coupe du monde 1994 avec l’Italie, a bien compris que l’héritage de Marcelo Bielsa dépassait le cadre du football. « Au Chili, il est considéré comme un demi-dieu, non seulement pour les résultats qu’il a obtenus, mais également pour la façon dont ils ont été atteints », note-t-il, saluant la philosophie du technicien argentin [4].

Le travail de Marcelo Bielsa a structuré une équipe qui remporte quelques années plus tard la Copa América à deux reprises (2015, 2016). Pep Guardiola, actuel entraîneur de Manchester City et référence mondiale du football offensif, rappelle l’importance de l’action de l’Argentin : « Tout cela n’aurait pas été possible sans Bielsa. Il y a toujours quelqu’un qui édifie les fondations pour construire la cathédrale [5] ».

Salim Lamrani

Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim Lamrani est Maître de conférences à l’Université de La Réunion, et journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis.

Son nouvel ouvrage s’intitule Fidel Castro, héros des déshérités, Paris, Editions Estrella, 2016. Préface d’Ignacio Ramonet.

Page Facebook : https://www.facebook.com/SalimLamraniOfficiel


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