Football : un empire sans limites

10 juin 2006

Le football est le stade ultime de la mondialisation. Il n’y a pas aujourd’hui de phénomène qui soit plus global. Son empire ne connaît ni frontières, ni limites.
Phénomène plus extraordinaire encore, c’est le seul qui soit réellement populaire et par lequel les peuples enthousiastes réclament d’être conquis, ou se réjouissent de l’avoir été. Mis à part chez quelques grincheux, il ne suscite pas de résistance.
Il n’y a pas la moindre surface habitée de la planète qui ait su, pu ou voulu résister à la conquête du football. Ce sport si typiquement britannique est devenu le sport mondial. Quel beau succès pour les Anglais que d’avoir su exporter partout ce modèle. Il est vrai que cette conquête s’est faite de façon pacifique et non par les armes. Si Londres avait voulu imposer par la force le football, il serait resté un sport britannique, vaguement répandu dans quelques pays.
La globalisation, la mondialisation, sont devenues des termes courants pour qualifier le monde contemporain. Les frontières n’ont plus le même sens qu’autrefois. Les moyens de communication, qu’il s’agisse de rendre public les évènements, de les faire connaître ou de se déplacer, ont radicalement modifié les notions de temps et d’espace. Le monde est devenu un village global où tout se sait, ou du moins, tout peut se savoir. Il existe désormais des références universelles qui sont immédiatement identifiées par la majorité des citoyens du monde politique, culturel ou commercial, qu’ils vivent à Tokyo, Berlin, Los Angeles, Dakar, Buenos Aires ou Melbourne.
Or, le phénomène le plus global est bien le football. Bien sûr George Bush, Ben Laden, le Pape ou le Dalaï Lama, Madonna ou Youssou N’Dour sont universellement connus (et diversement appréciés). Mais Zidane, Beckham et Ronaldhino les dépassent de loin en notoriété, et plus encore en popularité. Le football est bel et bien l’archétype de la globalisation de la mondialisation plus encore que la démocratie, l’économie de marché ou Internet.
La moitié de la planète va regarder la finale de la Coupe du monde le 9 juillet. Il n’y a pas d’événement plus largement médiatisé. Le vainqueur de la compétition ne sera pas forcément le plus riche ou le plus puissant, mais celui qui aura le mieux fait éclore les talents individuels en les organisant collectivement.

 Pascal Boniface,
Directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). Il vient de publier “Football et Mondialisation” aux Éditions Armand Colin.


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