33ème anniversaire de l’OMS du Port - 16 -

L’épreuve de l’utopie

3 septembre 2004

Voici la dernière partie de la conférence sur l’histoire de l’OMS du Port, tenue en 1998 par Raymond Lauret à l’Université.

Mais, me direz-vous, nous nageons ici en pleine utopie. Jean-René Dreinaza n’a pas l’air de le penser lui qui, dans les colonnes du “JIR” du 28 octobre 1993, déclarait à propos du club de Boxe française de la Rivière des Galets : "Mais le CASE de La Rivière des Galets possède un atout que les autres clubs n’ont pas. À mon avis, l’Association se situe dans la commune la mieux organisée en politique sportive et où le sport est porteur de message et de réussite. C’est la différence...".
Au terme de cet exposé, je crois pouvoir dire que la politique sportive de l’OMS du Port, qui a fait l’objet d’un ouvrage en 1996, ne pouvait qu’être une réponse forte à ce que Evelyne Combeau-Mari appelle dans sa remarquable et toute récente publication la “chappe de plomb” qui, dans certains domaines, a pesé sur notre département à la fin des années 60. J’affirme cependant, parce qu’elle fut la volonté de laïcs et de démocrates qui, ne se situant pas forcément dans la même chapelle idéologique, ont eu l’intelligence et ont fait l’effort de placer l’homme et l’intérêt de leur pays au-dessus de tout.
Oui, j’affirme que cette réaction fut naturelle et tranquille et qu’elle puisa sa sérénité dans l’assurance que le Sport mérite qu’on lui offre le cadre d’un noble combat, le combat qui nous voit gommer nos différences pour laisser libre cours à ce qui nous rapproche.

Est-ce cela qui expliquerait qu’au moment de s’engager professionnellement, Patrick Lafosse, encore étudiant en Maîtrise dans ce Centre universitaire du Tampon l’an dernier, a fait le choix de rejoindre le staff de direction de l’OMS du Port ?
À l’OMS, Patrick Lafosse s’occupe de tout, et plus particulièrement il contribue à une prise de conscience générale pour que le vélo devienne un mode de déplacement urbain, dans le cadre d’une politique volontariste de réhabilitation du transport en commun à mener dans une île dont il a compris, en sa qualité de citoyen lucide, qu’elle est en train d’être étouffée par le tout automobile.
Patrick, quelques mois seulement après avoir été recruté, a eu à aller à Amsterdam, La Rochelle, Nantes et Strasbourg, pour étudier et comprendre la place et l’ampleur d’un phénomène qui aujourd’hui interpelle les États les plus riches de la planète et qui remet totalement en cause les appréciations sur l’échelle de certaines valeurs. Ce phénomène, c’est le vélo comme moyen valorisant de circuler en ville.
Avec les Assemblées départementales et régionales, avec la Caisse d’allocations familiales et l’Agence départementale d’insertion, avec aussi et surtout les enfants des écoles, depuis le primaire jusqu’au lycée, avec la population en général, Patrick n’a pas seulement un énorme travail à réaliser. C’est plus et bien mieux : c’est une mission dont nous aimerions tellement qu’elle prenne pour lui l’allure d’un véritable sacerdoce. Afin que, demain, au soir de notre vie, nous puissions dire que notre Université a bien mérité de La Réunion pour lui avoir également fourni des militants de belle facture.

L’OMS du Port, après avoir pendant longtemps dérangé, voire même agacé beaucoup de monde, fait-il aujourd’hui l’objet d’interrogations positives ? Maître Jacques Bertrand est-il en passe d’être rejoint, lui qui disait que "l’OMS du Port ne veut pas dénaturer l’esprit sur lequel se fonde l’existence d’un OMS et qu’il se subsidiarise tout simplement en accomplissant une tâche d’intérêt général dont l’exercice convient à la fois aux autorités territoriales et à ses membres qui jugent ses structures indépendantes, pluralistes et ouvertes ?...".
En serait-il de même concernant le propos de Bernard Lacour selon qui l’OMS du Port est "fondé sur une conception démocratique de la vie municipale, la volonté de rassembler largement, celle de réfléchir avant d’agir et de bien prendre en compte, dans sa réflexion, les données démographiques, économiques et sociales de la cité, sans pour autant négliger de jeter un regard sur le monde ?"
Dans notre île, quelques petits frémissements nous incitent à le croire et à nous reporter à ce que Coluche disait en parlant de l’intérêt des Restaurants du cœur : "D’abord, tu fais quelque chose qui est populaire et qui marche ; ensuite, ils feront une loi".
À moins qu’avec moi vous ne préfériez méditer cette phrase que l’on attribue au philosophe Régis Debray : "L’homme en société est ainsi fait qu’il respire mieux avec une cause à défendre plus grande que lui".


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