Équipe de France de football

La forme change mais pas le fond

14 août 2010, par Céline Tabou

“Témoignages” a à de nombreuses reprises montré, lors de la Coupe du Monde, comment le football était devenu un business rapportant des millions aux médias, annonceurs, mais aussi aux joueurs. La l’équipe de France dirigée par Laurent Blanc aura montré un beau jeu, mais au final elle a connu la défaite.

Cette nouvelle équipe remodelée par Laurent Blanc reste une équipe de France avec tout ce que cela signifie. L’utilisation du jeu des comparaisons le prouvent. Blanc comparé à Raymond Domenech, l’attaquant Loïc Rémy comparé à Thierry Henry... Les comparaisons vont train, car l’idéologie même du football reste la même.
La question qui se pose après ce match France-Norvège, est qui sera sélectionné. À ce moment, le jeu individualiste va prendre place. En effet, chacun tentera de montrer son meilleur côté, et les sélectionnés auront le droit de mettre en avant leur égo, sur le collectif, et les perdants resteront sur leur frustration.
Parce que le football est une compétition, mais aussi une concurrence à outrance entre joueurs, entre clubs, entre équipes nationales. C’est la communication, et les médias qui poussent les joueurs à devenir des égocentriques, et à ne plus penser au jeu en tant que telle, c’est-à-dire basé sur le collectif.
Cette nouvelle équipe est donc une transition psychologique pour les supporters, car tout le monde est heureux de voir une équipe de football jouer le jeu, et offrir un beau spectacle. Mais, dans le fond, les valeurs et le discours sont identiques à une sortie de crise. Seul l’image de l’équipe et ce qu’elle rapporte est important.

Jouer sur le rêve

Les Français, bien avant l’équipe de France, ou l’entraîneur ont une part de responsabilité vis-à-vis de ce rêve qu’une équipe de football peut être championne à vie. L’entraîneur et tout le star système autour en a profité pour jouer sur le rêve de l’ancienne équipe de football de 1998. Les acteurs du système ne se sont pas rendus compte que le monde avait appris de la Coupe du Monde 1998, et que ce qui avait marché en 1998, ne peut être reproduit aujourd’hui, si les uns et les autres en tirent pas les leçons des précédentes Coupes de Monde de 1998, 2002, 2006, et 2010.
D’autant puisque l’idée d’une équipe championne à vie ne peut pas se concrétiser, les supporters s’enivrent d’un jugement erroné proclamant qu’une équipe gagne tout le temps. Et comme dans tout système, il faut un bouc émissaire, ici c’est l’entraîneur qui devient la cible de toutes les critiques, en cas de défaite.
Laurent Blanc l’a promis. Si la France n’est pas qualifiée à la Coupe d’Europe, il démissionnera. Cela montre qu’en cas de défaite, seul l’entraîneur prend la responsabilité de tout un système. Si l’on suit ce raisonnement, en cas de victoire, les entraîneurs devraient démissionner pour ne pas rester sur une défaite, et pouvoir sortir la tête haute.

Écraser l’autre pour réussir

Le concept même du match de football est de dominer l’autre pour gagner, de le battre comme un champ de bataille, le lexique en est d’ailleurs le témoin : “combattif”, “confrontation”, “tension”, “battre”... À la Coupe du monde, deux équipes arrivées, l’Espagne et les Pays-Bas, ont réussi à franchir toutes les étapes pour arriver en finale.
La moindre des choses aurait été de faire preuve de fair-play, le gagnant réconfortant le perdant, et saluant son effort. Mais au lieu de cela, les égos prennent place, et la victoire gargarise les uns et les autres.
L’esprit du sport argent a pris place à l’esprit d’équipe, et au plaisir du jeu. Les gens dépités, déprimés et en colère, trouvent plus simple de se retourner contre l’entraîneur, qui est aussi le sélectionneur de l’équipe, et de l’accuser de tous les maux. Au lieu de remettre en cause le système, et chercher à comprendre pourquoi le jeu n’est plus.

Céline Tabou


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