Représentant le continent africain dans le groupe de la France

Le Togo encourage les Éperviers

12 juin 2006

À la veille de son premier match face à la Corée du Sud, les Togolais défraient la chronique extra-sportive avec une histoire de primes. Les Éperviers portent pourtant les espoirs de tout un pays qui verrait bien son équipe marcher sur les traces des Sénégalais de 2002.

Avec son équipe nationale surnommée les Éperviers, le Togo participe cette année pour la première fois, à une phase finale de la Coupe du monde. Le football est la discipline sportive la plus populaire et la plus pratiquée dans le pays. Mais il est très mal encadré, s’inquiètent à l’unanimité les techniciens locaux.
Depuis les indépendances, le football est demeuré amateur avec un Championnat de football de première division animé par 16 équipes qui, faute de moyens, n’entraîne pas grand monde dans les tribunes.
La Fédération togolaise de football (FTF) chargée de promouvoir l’organisation du football dans le pays, n’a pas que des admirateurs, tant dans le cercle des spécialistes de la discipline que dans la presse. Improvisation, conflits de compétence et de leadership sont les écarts que l’on reproche le plus souvent à l’équipe dirigeante du football national.

Des centres de formation

"Nous avons en projet l’ouverture d’académies de football à Lomé, à Kpalimé (120 km au Nord-Ouest de Lomé) et à Sokodé (environ 350 km au Nord de la capitale)", avait annoncé le président de la FTF, Rock Gnassingbé, lors d’une intervention à la télévision togolaise.
En fait, il existe dans le pays une dizaine de centres de formation de football qui, de l’avis du directeur de Cabinet du ministre de la Jeunesse et des Sports, Abotsi Adom, "sont créés de façon sauvage, sans aucune base légale".
M. Adom s’élève par ailleurs contre le mercantilisme qui s’instaure dans ces centres où des promoteurs revendent aux clubs européens de jeunes footballeurs.
Au-delà de ces initiatives, la promotion de la discipline dans les quartiers de Lomé et dans les villes secondaires incombe à de "simples amoureux" du ballon rond qui, à travers diverses compétitions dotées de trophées et de modiques sommes d’argent, permettent à de jeunes talents cachés de s’exhiber, de se faire connaître, sans grand investissement de la Fédération dans leur épanouissement.

Comment suivre les jeunes ?

La Direction des sports scolaire et universitaire (DISSU), créée pour coordonner et détecter des talents dans les établissements scolaires pour nourrir le championnat national, est restée sans activité pendant plusieurs années.
Réactivé depuis près de cinq ans, le football scolaire manque d’attraits, malgré le soutien apporté à son démarrage par des Organisations non-gouvernementales comme Plan-Togo, Aide et Action, aussi bien que Western Union qui appuie le ministère de la Jeunesse et des Sports dans l’organisation de tournois au niveau des cadets (de la classe de 6ème en 3ème) dans toutes les préfectures.
"Une chose est d’organiser des championnats et des tournois pour la promotion du football. Une autre est de suivre les jeunes talents pour les amener vers des structures de perfection", avertit Abotsi Adom qui, malgré son optimisme, admet qu’il n’y aura pas de développement certain du football sans argent, sans moyens matériels et humains.

Franck Ayawo Assah
Correspondant de la PANA


Preuve de l’engouement pour les “Éperviers”

Manifestation pour des visas pour aller à la Coupe du monde

Plusieurs supporters de la sélection nationale de football du Togo, les "Éperviers", ont manifesté, jeudi en début d’après-midi à Lomé, pour réclamer des visas afin de se rendre en Allemagne.
Arborant des T-shirts jaunes aux couleurs de la sélection nationale, ces supporters protestent notamment contre les "tracasseries administratives" qui les empêchent d’avoir les visas.
Selon Mme M. Afisétou, dite "Maman Togo", patronne des supporters, le ministère de la Jeunesse et des Sports qui intervient auprès du consulat d’Allemagne, leur réclame le bulletin de paie et l’attestation de travail pour compléter le dossier de demande de visa.
Or, affirment des supporters, la quasi-totalité des personnes qui soutiennent l’équipe nationale sont des conducteurs de moto-taxi, des apprentis et autres petits vendeurs évoluant dans l’informel.
Pour que leurs revendications aient plus d’échos, ils ont assiégé aux environs de 13 heures, une rue qu’emprunte le président Faure Gnassingbé qui, sorti justement à cette heure-là, les a vus le long de son cortège, a-t-on constaté.
Depuis 14h30, ils sont retournés à l’ambassade d’Allemagne, attendant les formalités pour l’obtention de visa et ne savent pas encore s’ils obtiendront ce "sésame" qui leur ouvrira les portes de l’Allemagne afin de supporter leur équipe.
Lors d’une conférence de presse tenue fin avril dernier, l’ambassadeur d’Allemagne au Togo, Klaus Günther Grohmann, avait indiqué aux journalistes que le ministère fédéral des Affaires étrangères et les missions diplomatiques et postes consulaires allemands avaient pris des dispositions pour permettre à ceux qui demandent le visa pour le Mondial de l’obtenir dans le cadre d’une "procédure rapide et non bureaucratique".
À cet effet, a-t-on constaté, le service consulaire de la représentation diplomatique à Lomé a aménagé un espace spécial pour les demandeurs. Il exige des demandes individuelles et non de groupe, des conditions financières adéquates pour assurer les frais de voyage, de séjour et une attestation d’assurance couvrant éventuellement des frais de rapatriement sanitaire et médicaux en cas de maladie.
Outre ces documents, le consulat exige une attestation de travail, des bulletins de salaires, une autorisation de congé. Ce sont des pièces que n’ont pas la plupart de ces supporters, en majorité des conducteurs de taxi-moto, des apprentis et des vendeurs du secteur informel.
L’ambassade d’Allemagne, contactée par la PANA, n’a pas voulu se prononcer sur le sujet, se contentant d’affirmer que les fonctionnaires concernés n’étaient pas disponibles.


Kodjovi Mawuena nouvel entraîneur pour les Eperviers

L’entraîneur de l’équipe de football du Togo, Otto Pfister, est remplacé par son ancien adjoint Kodjovi Mawuena au Mondial 2006 en Allemagne. Le nouvel entraîneur sera aidé dans sa tâche par un autre Togolais, Camelio Akoussa, actuel directeur technique de l’équipe. Ils auront pour conseiller, Bachirou Salou, un ancien joueur des Eperviers, qui a longtemps joué en Allemagne.
Lors de la CAN Ghana-Nigeria en 2000, Kodjovi Mawuena avait déjà remplacé un autre Allemand, Goetlib Goeller, dont il était l’adjoint à la tête des Eperviers qui, ironie du sort, réussissent ce jour là battre le Cameroun par le score de 1 but à zéro. Le Togo devenait ainsi la seule équipe à battre le Cameroun, qui remporta néanmoins la coupe.
Depuis quelques jours, les Eperviers font la "Une" de la presse internationale pas pour leur habilité sportive mais pour des questions de primes. Sujet jeté sur la place publique par les joueurs eux-mêmes. "Apothéose" vendredi avec l’annonce du départ de l’entraîneur allemand, Otto Pfister.
Ce dernier a indiqué qu’il ne se voyait "à présent aucune chance d’être sur le banc pour le premier match du Togo contre la Corée du Sud" demain à Francfort. "C’est le rêve de toute une vie qui est détruit", a ajouté le doyen des sélectionneur du Mondial-2006. Le technicien allemand et son adjoint, Piet Hamberg, ont démissionné vendredi soir alors que le problème des primes de participation des joueurs au Mondial 2006 n’était toujours pas réglé.
La fédération et les joueurs togolais ont tenté de le faire revenir sur sa décision, mais le technicien allemand, 68 ans, est resté inflexible.
"Quand j’ai débuté en tant que sélectionneur du Togo, on m’avait promis que les primes des joueurs seraient garanties", a-t-il déclaré samedi sur le site Internet FIFAworldcup.com. "Ce n’est toujours pas le cas, j’ai donc décidé de démissionner immédiatement. C’est une décision professionnelle".
Pour les sociétés qui ont beaucoup investi en partenariat avec l’équipe du Togo, la pilule est amère. "Quand nous avons décidé de devenir sponsor des Eperviers, c’était justement pour en tirer des bénéfices en terme d’image. Or, depuis près d’un mois c’est l’effet inverse qui se produit", explique le patron d’une société qui a misé sur l’effet "Coupe du monde". Car depuis leur arrivée à Wangen en Allemagne le 15 mai dernier, les joueurs sont parvenus à unir les médias internationaux sur un seul thème : la question des primes.
Il n’y a que la presse locale pour s’intéresser au volet sportif tout en regrettant la discrétion des joueurs togolais qui n’ont fait aucune apparition en ville au grand dam des habitants qui n’ont pourtant pas ménagé leurs efforts pour transformer Wangen en un petit Togo.


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