Base nautique des Mascareignes – Handivoile

Les voiliers du partage

29 novembre 2011

Donner la possibilité aux personnes à mobilité réduite et atteintes de déficience visuelle et auditive d’accéder à la voile. Tel est le but de la section handivoile de la Base nautique des Mascareignes au Port. Depuis un an, elle propose des cours d’apprentissage grâce à deux voiliers mixtes, “Cap au large” et “Va Vangué”. Mixtes, car ils peuvent aussi bien accueillir des personnes valides que des personnes atteintes d’handicap. Pour que la mer devienne un lieu de partage et de convivialité pour tous.

À l’initiative de ce projet handivoile se trouve Éric Juguet. Kinésithérapeute de profession et amateur de voile, il confie en avoir eu l’idée lors d’une rencontre avec l’un de ses patients, Brice Ramdhani. « Brice m’a accompagné lors d’une balade sur un voilier classique, et c’est à partir de là que nous avons décidé de permettre aux personnes à mobilité réduite d’accéder à ce loisir », explique Éric Juguet. Ils y voient ainsi un moyen d’évasion, sans qu’il ne soit question de notion de handicap.



À partir de là, les deux coordinateurs du projet se lancent à la recherche de voilier. Leur but n’était pas d’adapter un bateau aux personnes à mobilité réduite, mais bien de créer un voilier à partir de l’idée de les accueillir. 



C’est en 2009 que “Cap au large” et “Va Vangué” sont livrés. Parrainés par le chanteur réunionnais Jim Fortuné et le Docteur Durrieu, personnage de la vie associative portoise, les deux embarcations biplaces, des Néo 495, quillards de sport, ont été construites à Montpellier. « L’ergonomie des bateaux permet une accessibilité aux commandes aussi bien pour les personnes valides que porteuses de handicap », précise Éric Juguet. Par exemple, la barre est adaptable. Le coordinateur du projet souligne avoir voulu, avec Brice Ramdhani, « favoriser la mixité » et « créer un moment de partage et de convivialité », car, dit-il, « nous sommes tous au même niveau sur l’eau ».



Depuis un an maintenant, la section handivoile, qui compte sept encadrants se relayant, propose des cours d’initiation, mais aussi des compétitions le samedi et dimanche. « Nous comptons aujourd’hui une quinzaine d’adhérents, valides ou non. Certaines personnes à mobilité réduite font aussi de l’encadrement », indique Éric Juguet. Il insiste : « Nous leur permettons d’être tous ensemble. C’est de la voile pour tous ».



Outre l’activité de loisir, la section développe également une démarche de soins. Elle accueille à raison d’une demi-journée en semaine des personnes issues des MAS (Maison d’accueil spécialisée), des IME (Institut médico-éducatif) et des centres de rééducation de l’île. « Nous choisissons alors à tour de rôle trois patients, avec un programme bien défini au préalable. Ces patients sont ensuite encadrés par des moniteurs de voile. Mise à part la démarche de réadaptation, c’est l’occasion pour eux de s’affranchir totalement de leur handicap et de montrer qu’on peut faire des choses malgré tout », affirme l’animateur et coordinateur. Selon lui, la notion cognitive est toute aussi intéressante, car la pratique de la voile nécessite de la concentration et de l’attention.



En 2012, deux équipages s’envoleront pour les championnats de France. « Ce sera au tour de La Réunion de les accueillir en 2013 », termine Éric Juguet. 



Émilie Sorres pour www.ipreunion.com


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus