France-Brésil en quart, une affiche qui sonne comme une finale avant l’heure pour les deux équipes

Sur un air de revanche

1er juillet 2006

Malgré les promesses de Raymond Domenech, voire celles de Jacques Chirac, il n’y avait plus grand monde pour imaginer un France-Brésil en quart de finale de la Coupe du monde. En particulier côté tricolore, où les récentes prestations n’incitaient guère à l’optimisme démesuré. Mais les Bleus ont su renverser la vapeur en huitièmes de finale face à l’Espagne. Dans un rôle d’outsider, qui semble leur convenir à merveille, ils ont enfin livré ce match plein et couronné de réussite que l’on attendait depuis un certain temps.
Certes, un quart de finale ne constitue pas une fin en soi, mais à voir l’effervescence que cette qualification a soulevée à travers le pays, ça y ressemble fort. Sur les Champs-Élysées, mardi soir, des milliers de supporteurs ont fêté l’événement, comme en 1998, jusque dans les Hauts de La Réunion. Un parfum de nostalgie mêlé de soulagement, qui semble avoir effacé d’un seul coup l’humiliation du Mondial 2002, mais aussi l’angoisse des matches contre la Suisse, la Corée et le Togo. À tel point qu’une défaite contre le Brésil serait sans doute moins douloureuse, et une victoire encore plus belle...

Opération rachat

Néanmoins, il ne faudra pas compter sur la Seleçao pour faciliter la tâche des Français. Ils ont eux aussi quelques dettes à effacer face aux Bleus. À commencer par la fameuse finale de 1998 au Stade de France, où Ronaldo et les siens avaient manqué leur rendez-vous avec l’Histoire. Ils se sont bien rachetés en 2002, mais l’idée d’une revanche contre la bande à Zidane doit forcément trotter dans un coin de leurs têtes.
En remontant encore un peu dans le temps, un autre France-Brésil refait surface, celui de 1986 à Guadalajara. Petit clin d’œil supplémentaire, c’était en quart de finale du Mondial mexicain. Les Tricolores, emmenés par Michel Platini, avaient déjà pris le dessus, au terme d’une épique séance de tirs au but. L’histoire va-t-elle se répéter ? La France va-t-elle réussir la passe de trois contre les quintuples champions du monde ?
Quoi qu’il en soit, le vainqueur de cette nouvelle confrontation sera consacré à sa juste valeur. Pour les Français, il s’agira de se faire pardonner définitivement les errements de ces quatre dernières années ; pour les Brésiliens, l’enjeu sera de vaincre la malédiction bleue et affirmer sa suprématie sur le football mondial. Le vaincu, pour sa part, guettera impatiemment la prochaine occasion de se venger...


Commentaires
Jours de coulpe (du monde)

La victoire sur l’Espagne aidant, certains de ceux qui avaient émis (parfois) de violentes réserves envers les bleus battent (ou sont invités à le faire) leur coulpe.

Depuis la qualification pour les quarts de finale de la Coupe du monde, il est de bon ton de critiquer ceux qui ont critiqué l’équipe de France. Dans certains journaux, quelques éditorialistes se flagellent, battent leur coulpe au son du "je suis désolé d’avoir dis du mal de ces Bleus magnifiques, je le referais plus, promis juré".
Les Bleus de 2006 ont été un peu secoués, avant le début du Mondial, et surtout durant le premier tour par quelques critiques acides. Certaines vaches et démesurées, la grande majorité justifiées et tempérées. Pour l’ensemble de son œuvre contre la Suisse, la Corée du Sud et le Togo, la France ne méritait pas autre chose. Ou alors il aurait pour le coup fallu faire preuve d’une immense mauvaise foi.

Mais aujourd’hui qu’on n’attend plus que ce soir samedi pour redevenir heureux comme Crésus, voilà que les inquisiteurs sont de retour et intentent à nouveau quelque procès en sorcellerie à ceux qui avaient osé ne pas entonner l’hymne à la joie dès le début. À ceux qu’on accuse de se raccrocher au wagon de l’unanimisme ambiant. Mais comment faire autrement que d’aujourd’hui écrire que cette équipe de France-là, souriante solidaire et unie, on l’aime ? Comment faire autrement en quelque sorte que de dire la réalité ? Car le fond du problème est là : il ne s’agit pas de retournement de je ne sais quelle veste, ou maillot, il ne s’agit de faire preuve d’opportunisme, il s’agit simplement de raconter les choses telles qu’elles sont, sans les inventer, et en tachant de ne pas trop les déformer. Quand on aime, on ne compte pas, on ne modère pas, alors c’est vrai, on peut parfois se montrer injuste ou un peu trop dur mais c’est la vie.

La réalité

L’adversité est un moteur, surtout pour des compétiteurs. Les critiques formulées à l’encontre de l’équipe de France et de ses piètres performances au premier tour ont servi au groupe, c’est indéniable. Ceux qui prétendent le contraire en estimant que c’était "dégueulasse" sont déconnectés de la réalité, ils sont hors-jeu. Qu’est-ce qu’un bon supporter ? Un supporter qui est là à tous les matches, même quand ça va mal ? Vrai. Mais ces publics-là, de fidèles, et pas forcément de grands connaisseurs du jeu, sont des publics très exigeants, qui se montrent souvent durs avec les dirigeants et les joueurs. C’est vrai à Lens autant qu’à Marseille, c’est vrai en Angleterre comme en Espagne, tous pays des vrais supporters, acharnés et susceptibles, passionnés et excessifs. Fervents et impitoyables.
La critique, pas si aisée que ça, est nécessaire à l’art, fut-il du contre-pied.


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