Marcelo Bielsa et la sélection chilienne : un regard rétrospectif -3-

Témoignages de joueurs -1-

13 juillet 2017, par Salim Lamrani

L’entraîneur argentin a marqué le football chilien en dirigeant la sélection nationale de 2007 à 2011, suscitant l’admiration unanime des supporters. Un article de Salim Lamrani.

Marcelo Bielsa.

Les joueurs ayant évolué sous les ordres de Marcelo Bielsa ont unanimement exprimé leur gratitude à son égard et l’ont tous cité comme référence. Au-delà des résultats sportifs et du style de jeu proposé, l’entraîneur argentin a su changer les mentalités et convaincre les footballeurs de leurs capacités à obtenir les meilleurs résultats. Cette transformation a rejailli sur l’ensemble de la société chilienne.

Mauricio Isla, qui évolue aux postes de défenseur et de milieu, n’a pas oublié l’importance de Marcelo Bielsa dans sa carrière et celle de ses coéquipiers. « Cet entraîneur sort le meilleur de chaque joueur qu’il soit jeune ou vieux. Au Chili, il l’avait déjà accompli. Il a bâti une équipe jeune et l’a fait fructifier. Ensuite, Jorge Sampaoli a suivi son chemin avec le même jeu. On est arrivé à maturité pour remporter la Copa América », souligne-t-il. Isla rappelle également que le monde du football a découvert le Chili grâce au natif de Rosario : « Si beaucoup de joueurs chiliens jouent en Europe, tout a commencé avec Bielsa [1] ». Il se souvient également de son exigence : « Au début, tu as envie de te rebeller. Mais dès que tu réalises tes progrès, tu commences à l’aimer [2] ». A titre personnel, la rencontre avec l’Argentin a été décisive : « Marcelo Bielsa est le meilleur entraîneur que j’ai connu. Grâce à lui, je suis international. Je lui dois ma mentalité. C’est quelqu’un qui inculque la culture du travail [3] ».

Gary Medel, pilier de la sélection en défense, a également été marqué par le coach argentin. Il souligne son apport : « Marcelo Bielsa a changé la mentalité du footballeur chilien. Il nous a fait penser positivement, avec l’idée de jouer pour gagner, d’aller chercher les matchs. Il n’a pas été un entraîneur fondamental seulement pour moi, mais pour tout le football chilien [4] ».

Gonzalo Fierro, milieu offensif, partage cet avis. Pour lui, l’Argentin reste sa référence : « Mon meilleur entraîneur a été Marcelo Bielsa. Quand il est arrivé au Chili, il a changé la mentalité. Le joueur chilien a pris une autre ampleur [5] ».

Le défenseur Waldo Ponce insiste sur le travail psychologique effectué par Marcelo Bielsa qui a permis à tous les joueurs de se débarrasser de leur complexe d’infériorité. Il tient le propos suivant : « La différence fondamentale entre l’avant et l’après-Bielsa, c’est le changement de mentalité du footballeur chilien. Il a déclenché un truc qui fait que maintenant on ne se dit plus : ‘On ne peut pas’. Avec lui, on s’est rendu compte qu’on pouvait battre le Brésil ou l’Argentine ou n’importe qui. Le message principal, c’est : ‘Pourquoi le Chili ne pourrait pas ? Bien sûr que le Chili peut !’. Au niveau du foot, mais sans doute aussi de manière générale, le Chilien a toujours eu un complexe d’infériorité par rapport au Brésil ou à l’Argentine. Avant, c’était très commun pour un joueur chilien, ou pour les supporters aussi, de se dire avant un match contre l’Argentine : ‘Pourvu qu’on n’en prenne pas six, mais si on perd sans être ridicules, c’est bien.’ Tout a changé avec Marcelo Bielsa [6] ».

Salim Lamrani

Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim Lamrani est Maître de conférences à l’Université de La Réunion, et journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis.

Son nouvel ouvrage s’intitule Fidel Castro, héros des déshérités, Paris, Editions Estrella, 2016. Préface d’Ignacio Ramonet.

Page Facebook : https://www.facebook.com/SalimLamraniOfficiel


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