Tour du monde à contre-courant de Maud Fontenoy

Un temps clément pour les fêtes

5 janvier 2007

Maud Fontnoy a passé avec succès l’étape tant redoutée des navigateurs : le Cap Horne. Toujours au Sud de l’océan Pacifique, elle s’achemine maintenant vers La Réunion, en passant au large de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie. Elle espère ainsi être de retour sur l’île aux alentours du 1er mars. Elle nous racontait hier ses jours de fête à bord du l’Oréal. A la fois un rêve qui s’est réalisé et une épreuve, car loin de sa famille.

Depuis maintenant 2 mois et demi, la navigatrice Maud Fontenoy poursuit son tour du monde à contre-courant. Actuellement dans le Sud du Pacifique, elle nous donnait hier de ses nouvelles. « Sur le bateau, il est 1 heure du matin, confiait-elle. J’ai mis mon réveil pour ne pas rater ce rendez-vous ». C’est en effet grâce à la radio que Maud peut garder un contact hebdomadaire avec les enfants qui suivent son aventure, et tous ceux qui la soutiennent. Car, de soutien, Maud en a bien besoin. Elle l’avoue elle-même, les heures, les minutes, les secondes commencent à peser, le corps se fatigue et elle a hâte de retrouver la terre ferme. « Je me sens isolée dans mon bateau, j’ai besoin de chaleur humaine, et heureusement que j’en reçois beaucoup grâce aux mails qui me parviennent chaque jour », nous racontait-elle hier.

Un souhait : être de retour pour le 1er mars

Cette période de fêtes était d’autant plus difficile que sa famille lui manquait. « Je pense bien évidemment à ma famille, à mes proches, à tout le monde. J’ai envie d’un regard, d’un sourire, j’ai envie qu’on me prenne dans les bras. Passer les fêtes seule sur un bateau, avec de la nourriture en poudre, ce n’est pas très gaie. Mais ça s’est bien passé. J’ai eu de la chance, le grand univers était avec moi et j’ai eu un temps plutôt clément pour les 24 et 31 décembre. J’ai pu cuisiner un peu. Pour Noël, j’ai mangé du riz au lait et des crêpes pour le Jour de l’An. Ça m’a permis de souffler un peu, de dormir plus de 2 heures d’affilé. Avec le recul, je me dis que j’ai passé un bon Noël et un bon réveillon », concluait-la navigatrice. Passer le réveillon toute seule dans cette mer si difficile du Pacifique est en effet une première pour Maud Fontenoy et elle vient de réaliser un de ses rêves, ce qui la faisait tant rêver quand elle lisait les récits des navigateurs.
Maintenant qu’elle a franchi le Cap Horne, étape réputée la plus périeuse du parcours, Maud Fontenoy espère mettre les bouchées double pour arriver au plus vite à La Réunion. Mais consciente du côté imprévisible de l’aventure qu’elle a entreprise, elle préfère rester prudente et ne pas trop s’avancer sur la date de son arrivée à La Réunion. « Après le passage du Cap Horne, je me suis dit que j’allais me dépêcher, que cette fois j’allais mettre les bouchées double. Mais j’évite de faire de plan sur la comète tout en espérant de rejoindre la terre ferme aux alentours du 1er mars. J’ai franchi le Cap Horne, le plus difficile, mais le navigateur Philippe Monet que j’ai eu en ligne m’a mis en garde en précisant que c’est tout le Pacifique qui est dur à traverser, d’un bout à l’autre. Je n’oublie pas qu’il me reste la Nouvelle-Zélande, l’Australie et le Cap Lewin à passer », expliquait-elle.
Après 2 mois et demi de navigation sur le l’Oréal, Maud Fontenoy se sent toutefois mieux armée pour affronter le reste du parcours jusqu’à La Réunion. « J’ai acquis de l’expérience, j’anticipe mieux mes manœuvres, je suis plus à l’aise même si je souffre de tendinites et que j’ai mal aux coudes et aux bras », précise la jeune femme. Et d’ajouter qu’il est évident qu’elle pense à l’arrivée depuis le jour où elle a quitté La Réunion. « J’ai le droit sur mon bateau de rêver aux palmiers, aux fruits de La Réunion. J’ai hâte d’y être », confiait-elle.
En attendant, Maud Fontenoy continue à garder la motivation pour atteindre son objectif. « Je tiens vraiment à réaliser ce rêve parce que j’ai tellement travaillé pour mettre en place ce projet, avec le soutien de partenaire exceptionnel comme l’Oréal. J’ai bien sûr des moments de crainte, de doute, d’angoisse. Je suis un être humain et j’ai besoin d’être rassurée. Je me confie souvent à maman qui, d’ailleurs, m’a contacté aujourd’hui (hier). Ce n’est pas facile à expliquer, mais j’ai parfois envie de mourir, de m’endormir... Une minute, ça va et puis une autre, j’ai envie de tout arrêter. Et puis non, on ne s’arrête pas, l’aventure continue, je m’accroche sans cesse aux photos de mes proches et aux cadeaux que les enfants m’ont offerts avant de partir. Ces petites peluches m’apportent un peu de douceur. Ce sont des milliers de petits détails qui me font tenir bon », expliquait la navigatrice, toujours souriante et en pleine forme.

Edith Poulbassia


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