Le “Mérite sportif” portois 2004 à Raymond Lauret

’Une politique sportive basée sur la confiance aux sportifs’

24 décembre 2004

Raymond Lauret lauréat du Mérite Sportif de l’OMS du Port. La nouvelle peut sonner comme une sorte de pléonasme, tant celui qu’on honorait hier soir au gymnase municipal du Port s’est fondu depuis trente ans au cœur même de la dynamique du sport réunionnais. Pléonasme ou pas, ce fut l’occasion, au-delà de l’amitié et de l’émotion perceptibles dans le public, de réaffirmer la “foi” partagée, foi dans un certain nombre de valeurs liées au sport dans notre société, et le “combat” qui en découle. Paul Vergès, le président de la Région présent hier soir du début à la fin de la soirée, a quant à lui insisté sur ’le rôle du sport dans la cohésion de la société’.

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Alain Grétry, président de l’OMS, a tenu d’entrée de jeu à dérouler le fil reliant le passé à l’avenir proche : "La présence de M. Paul Vergès, ce soir, est importante pour nous car Maire du Port à partir de 1971, c’est vous qui avez décidé, dans le cadre d’une plus grande démocratie participative, de confier la gestion des activités sportives aux sportifs. Cette confiance n’a jamais été remise en cause depuis, ni par M. Pierre Vergès, ni par M. Jean-Yves Langenier. Cette confiance, nous nous devons de ne pas la trahir et d’aller toujours de l’avant. C’est pour cela qu’en 2005 nous souhaitons mettre en place une “junior association” qui constituera l’un des premiers “OMS jeune” de France".
Le texte écrit par Mickaël Rosalie pour son complice ès sports depuis la cour de l’école Centre Est, où ils étaient tous les deux “instit”, fut lu ensuite par Halima Zalhata, la benjamine du conseil d’administration, en raison de l’absence de La Réunion de Mickaël. Il y retrace "l’aventure de l’OMS depuis août 1971". Une aventure générée par cette conviction partagée par le maire du Port d’alors et son jeune adjoint au sport : "Les sportifs n’ont pas que des muscles. Ils ont aussi une tête et une âme. Ils sont compétents, passionnés et peuvent faire preuve d’esprit de responsabilité. Ils peuvent être les artisans d’une politique sportive réfléchie et au servive du plus grand nombre".
Mickaël a bien mis en évidence le lien existant entre l’engagement du responsable sportif - avec sa "force de conviction" et son "obstination pour obtenir l’adhésion d’hommes et de femmes d’horizons différents" - et "cette prise en compte des exclus" qui s’est exprimée en particulier lors des "plus beaux exploits sportifs de Raymond" : les grandes marches le long de la route du littoral, avec des centaines d’autres “marcheurs”, contre le chômage, contre l’apartheid et la violence.
Après un message en forme de poème offert par Yvon Grondin à son ami et à l’ensemble du public, Jean-Yves Langenier devait faire remarquer que c’était à sa connaissance "la première fois qu’un homme politique “en exercice” se voyait décerner un Mérite sportif", ce qui se justifiait pleinement par le fait que "Raymond Lauret personnifie cet engagement de notre Ville à baser sa politique sportive sur la confiance faite aux sportifs". Une démarche qui a "dépassé les limites de l’île".
Dans son intervention, Paul Vergès a fait réfléchir son auditoire sur la place de l’effort physique dans la vie quotidienne du Réunionnais d’hier et d’aujourd’hui. "L’effort physique des Réunionnais jadis était infiniment plus important qu’aujourd’hui. Qu’on songe aux dockers, aux planteurs, et aus modes de transport. Cet effort physique au quotidien compensait l’absence d’activité sportive. Mais aujourd’hui le sédentarisme - ajoutée à l’urbanisation - menace le Réunionnais. Le sport joue désormais un rôle de maintien de la santé individuelle dans notre société".
Mais pour Paul Vergès, le rôle du sport va encore beaucoup plus loin. La croissance démographique que connaît La Réunion entraîne une importance croissante des classes d’âge jeunes, pour lesquelles le sport peut tenir une grande place. D’une façon générale, le sport, qui doit être "partagé par tous les âges et les deux sexes", est un "élément essentiel de la vie sociale, de sa cohésion et de son développement". "Le sportif est avant tout un citoyen", a-t-il rappelé.
Il est revenu au lauréat 2004 de clore cette riche soirée. Son engagement s’apparente, nous dit-il avec simplicité, à "un acte de foi". "Homme de foi engagé dans un combat" (combat pacifique à l’évidence) : telle est sa vérité intime. Puis il tint, avec chaleur, à citer certains de ses “vieux” compagnons d’aventure : Tonio Massain, Albert et Marie Mourvaye, Robert Ardon, Alex Eyquem, entre autres... Après avoir lancé un vibrant hymne à l’avenir du vélo dans l’île ; après avoir remis, gage de reconnaissance enjambant un demi-siècle, son trophée à son “vieux père”, Théophane Lauret ; après avoir adressé à Danielle, son épouse, les paroles d’un “militant” à la fois “présent et absent”, Raymond exprima un souhait. Que l’OMS l’accueille à nouveau, en toute simplicité, en tant que simple membre. Manifestement, le terrain lui manque.

A. D.


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