Langue régionale : Une petite révolution s’est produite dans le silence.

12 juillet 2023, par Julie Pontalba

Ces deux dernières semaines ont été marquées par le meurtre d’un jeune adolescent qui a provoqué des soulèvements légitimes partout en France et dans les Outre-Mers. Puis, avant de partir en vacances, nous avons eu droit aux immanquables résultats au Brevet des collèges ainsi qu’à ceux du Baccalauréat. Ces faits d’ampleur ont caché un évènement, peu spectaculaire, mais pourtant signe d’un véritablement engagement des jeunes dans la construction identitaire qu’ils souhaitent pour eux et pour les générations à venir.

Les médias ont minimisé leur cas et pourtant. Des jeunes de Vannes ont annoncé, peu avant les dates d’examens, leur intention de passer leur épreuves de sciences, du Brevet National des Collèges dans la langue Bretonne. Ils n’avaient aucune assurance que le geste soit accepté. En effet, des dérogations existent pour certaines académies et dans certaines conditions. Par exemple l’épreuve de sciences peut être composé en Basque, mais ce n’est pas possible en Breton. Une autre dérogation existe pour l’épreuve d’enseignement moral et civique.

Cependant, fiers de leur identité et convaincus de la nécessité de la faire vivre jusque dans les institutions, ils ont bravé l’interdit, au risque que leur copie ne soit pas corrigées et flanqué d’un zéro. Il fallait du courage et de l’abnégation pour un tel acte. A quelques jours des examens le ministre PAP N’DIAYE a finalement annoncé que leurs copies rédigées en Breton seront finalement corrigées. Cependant, c’est une « exception » pour cette année, rien n’est acquis mais c’est déjà une victoire. Soyons sûrs qu’avec les associations et les militants de la cause, une réflexion sera portée pour faire évoluer les règles lors des prochains examens.

A La Réunion aussi, le passage de certaines matières peuvent se faire en langue créole ; c’est le cas pour l’oral, comptant pour 100 points sur 400. Malheureusement, bien souvent c’est la communauté éducative elle-même qui refuse cette opportunité aux élèves alors que cela pourrait leur permettre d’améliorer leur score. Même si des progrès ont été réalisés, nous sommes toujours sous le coup d’un complexe « de la goyave de France », où ce serait prétendu plus prestigieux de passer son examen en français, quitte à être moins à l’aise et avoir une note moins bonne. Quel dommage.

Le rectorat aurait un rôle très important à jouer dans la promotion de la langue et de la culture réunionnaise. Il pourrait notamment participer à l’officialisation d’une graphie pour l’ensemble de notre académie puisque cet enseignement est désormais légal sur notre île.

Julie PONTALBA

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