Début des négociations entre les paysans et le gouvernement en Inde

30 décembre 2020, par Mathieu Raffini

Ce mardi, des négociations ont débuté entre le gouvernement Modi du BJP et les organisations paysannes mobilisées depuis plus de 6 mois en Inde.

Pour plus d’informations sur la mobilisation paysanne en cours en Inde, voici le dernier article datant du 21 décembre dernier résumant la situation : https://www.temoignages.re/international/monde/mobilisation-paysanne-historique-depuis-plus-de-6-mois-en-inde,100102

Alors qu’au début du Dilli Chalo près de 150.000 paysans bloquaient déjà les entrées autoroutières de Delhi, ils sont aujourd’hui plusieurs millions après l’arrivée de nombre de camarades paysans venant de toute l’Inde. Cela prouve ainsi l’importance de cette mobilisation contre les lois iniques anti-paysans votées en mai et mises en application par le gouvernement Modi qui encouragent la thésaurisation et la spéculation des capitalistes sur le dos des paysans et met fin à la sécurité alimentaire du pays. Les organisations paysannes ont donc réussi à obtenir le soutien de l’ensemble du monde paysan en faveur de ce combat qui dure depuis des mois contre ce gouvernement ultra-réactionnaire.
Cette mobilisation, non contente de se renforcer aux alentours de Delhi, s’étend de plus en plus au reste du pays, avec de nombreuses actions d’organisations paysannes mais également de mobilisations de soutien menées en particulier par les partis communistes tels que le CPI ou le CPIM et leurs organisations-sœurs que sont les syndicats, les organisations de jeunesse, étudiantes, féministes, etc.

Preuve de ce soutien fort des composantes du mouvement social indien, les partis progressistes d’Inde, à savoir les partis communistes, les membres des coalitions de gauche, le Congrès National Indien et bien d’autres ont le 24 décembre dernier réalisé un communiqué commun annonçant leur soutien inébranlable à la mobilisation en cours et dénoncé la politique du gouvernement qui jouait jusqu’à présent la stratégie du pourrissement de ce mouvement historique.

Le gouvernement Modi et du BJP refusait en effet jusqu’à présent de rentrer dans des négociations sur des bases correctes. Les seuls éléments apportés ayant été la proposition d’une modification à la marge des lois anti-paysans avec la mise en place d’un prix minimum d’achat des biens produits par les paysans (MSP), ce qui a évidemment été considéré comme étant largement insuffisant de la part des organisations paysannes.
Pire encore, au-delà de cette proposition de mise en place de MSP, la seule autre réponse n’a été que la répression.
Ainsi, les paysans furent interdits de rentrer dans Delhi, expliquant ainsi leurs barrages à l’entrée de la ville. De plus l’ensemble des mobilisations ont connu une répression forte de la part des forces de l’ordre, faisant plusieurs morts. Le refus de négociations a également entraîné la mort d’autres manifestants, ces derniers décidant de braver le froid en tenant les barrages au beau milieu de l’hiver. Le gouvernement Modi et du BJP est pour cela responsable de plusieurs dizaines de morts de froid depuis le début de cette mobilisation.

L’annonce de ce début de négociations est donc une avancée significative dans la lutte menée depuis plus de 6 mois par les paysans indiens.
Mais, au-delà de ces négociations, les choses sont clairement en train de changer. Cette mobilisation est sur le point de mettre en échec la libéralisation du partie du champ économique indien voulue par le gouvernement Modi et le BJP, et met ainsi à la vue de tous un des symboles de la crise du capitalisme en Inde. De plus, le soutien de la majorité de la population, prouvée lors des grèves générales et des mouvements progressistes, que l’on peut également corréler avec le fort renforcement du mouvement communiste indien de ces derniers mois, montre qu’un changement de base idéologique est plus que probable à terme en Inde, s’opposant aux logiques libérales et mettant en avant l’intérêt commun et la solidarité.

Mathieu Raffini

IndeA la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

Madagascar

21 mars, par Manuel Marchal

Les étudiants malgaches auront la possibilité de suivre une formation de 4 ans en enseignement international du chinois. Les deux premières années (…)


+ Lus