Conférence en ligne : « le bombardement d’Israël par l’Iran change tout »

Israël gagne des batailles mais pas la victoire

7 octobre 2024, par Ary Yée-Chong-Tchi-Kan

Samedi 5 octobre 2024, j’ai tenu une visio-conférence ayant pour thème : « le bombardement d’Israël par l’Iran change tout ». Actualité oblige, la première partie a traité du thème et la 2e partie a été consacrée à une mise en perspective. L’objectif n’était pas de faire de la réinformation mais de montrer la rupture dans le narratif ambiant.

1)La fin du mythe de l’invincibilité d’Israël

Les médias présentent Israël systématiquement comme la victime des pays arabes. Israël n’hésite pas à monter des opérations de représailles, allant jusqu’à assassiner des dirigeants politiques en terre étrangère. Il est puissamment armé par les États-Unis, la France et l’Allemagne. Après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, il a rasé Gaza, tué 41 000 personnes dont une majorité de femmes et enfants. Il s’en prend au Hezbollah au Liban. Il bombarde le consulat iranien en Syrie. Il tue le chef du Hamas, en Iran. Il assassine le secrétaire général du Hezbollah au Liban. Auparavant, il fait exploser les bippeurs et talkies-walkies des combattants résidant au Liban, tuant et blessant des milliers de personnes. Il sème la terreur et ses crimes sont impunis.

Lassé par ces crimes odieux, l’Iran finit par tirer une salve de 200 missiles sur Israël. Des installations militaires sont touchées mais aucun bâtiment civil. Une telles précision, sans mort, démontre la retenue de l’Iran et la fragilité du dispositif du dispositif de sécurité qui se voulait impénétrable. Blessé dans son orgueil, Netanyahu annonce des représailles.

2) L’isolement grandissant

Biden a jugé bon d’intervenir le premier pour commenter les frappes de l’Iran et orienter l’analyse. Le Président des États-Unis, l’allié indéfectible, ne peut pas accepter un affrontement direct entre Israël et l’Iran, dans le mois précédant l’élection présidentielle du 5 novembre. Accusé de laxisme par le candidat Républicain Trump, il dira que personne n’a fait autant pour Israël que lui. Cet échange souligne la responsabilité des États-Unis. Nous l’avons déjà signalé dans un article sorti le 11 octobre dans Témoignages. A lire en annexe.

Israël s’en prend au Secrétaire Général de l’ONU en le déclarant personae non grata. C’est tellement excessif que cela crée un malaise en France et chez Biden qui avaient essayé, en vain, d’organiser un cessez-le-feu et une trêve de 21 jours pour rechercher les conditions d’une paix.

3) L’affirmation de l’axe Iran-Russie

Les excès d’Israël ont fini par créer un grand mouvement de solidarité politique lors de la 79e Assemblée générale de l’ONU, en particulier dans le monde arabo-musulman. La visite du Premier ministre de Russie en Iran, la veille du bombardement, inaugure un soutien actif dont on ne connaît pas la teneur. Tout laisse à penser que le niveau ne sera pas moins que l’intervention en Syrie, ce qui a sauvé le régime d’ Assad des prédateurs occidentaux. On a vu apparaître également un axe Israël-Ukraine.

Poutine a été très clair : si les pays de l’Occident donnent à l’Ukraine des armes pour atteindre la Russie en profondeur, il les considérera comme cobelligérants et se permettra d’armer les voisins de ces pays. Du reste, il a demandé aux ressortissants Russes qui vivent en Israël de quitter ce pays. Ils sont près de 2 millions d’âmes. Macron a demandé de ne plus fournir d’armes à Israël. Cela lui a valu des réactions virulentes de Netanyahu qui l’accuse de ne pas comprendre qu’il s’agit d’une guerre de civilisation et de survie pour Israël.

4) L’État palestinien

La situation générale renforce l’appel pour doter les Palestiniens de frontières sûres. C’est la seule issue politique que nous voyons pour une sortie de crise durable. Les États-Unis sont dans l’impasse en Ukraine et ne sont plus écoutés en Israël. C’est le moment pour l’ONU de proposer un Traité de Paix et de Sécurité pour tous les peuples. Au final, Israël peut continuer à gagner des batailles, mais il perdra la victoire.

Ary Yée-Chong-Tchi-Kan

Annexe

Israël : la responsabilité des États-Unis

Article publié le 11 octobre 2023.

Tous les dirigeants politiques qui ont effacé la question palestinienne de leur agenda sont surpris par l’initiative du Hamas qui mène une lutte de libération nationale contre l’expansion coloniale israélienne.

La nouveauté réside dans le choix stratégique de l’option militaire sur le sol ennemi. Le bilan humain (morts, blessés, disparus et otages) est lourd pour un pays qui se dit invincible. Pas sûr qu’en bombardant des habitations à Gaza, cela va rassurer une population israélienne taraudée par l’angoisse sécuritaire après l’appel à se barricader, lancé par les autorités politiques et militaires. Personne ne peut dire, quand et comment cela va se terminer.

En finir avec l’impunité

Si durant 8 décennies, rien n’a été épargné aux Palestiniens, la responsabilité relève des États-Unis et des pays qui lui sont alliés. Le droit du peuple palestinien de vivre libre et en sécurité dans un État aux frontières reconnues par l’ONU ; la dépendance au gouvernement israélien pour la fiscalité, la douane, la nourriture etc ; le vol des terres palestiniennes et de leurs plantations ; la destruction des habitations à coup de bulldozer et l’installation de nouvelle colonies ; la liste des souffrances endurées est longue.
En 80 ans, que reste-t-il du territoire palestinien hérité des frontières de la colonisation britannique après la 2e guerre mondiale ? Les États-Unis et leurs alliés sont allés jusqu’à entériner Jérusalem, capitale d’Israël, en violation du droit international qui avait placé ce sanctuaire religieux sous direction de l’ONU. Ce coup de force a occasionné des manifestations violentes sur l’esplanade des Mosquées, lieu hautement symbolique pour l’islam. Faut-il voir dans l’opération du Hamas, « Déluge d’Al-Aqsa », l’ultime tentative de laver un lieu Saint, souillé par l’initiative de Donald Trump, en 2017 ?

L’annexion de Jérusalem

Après le sacrilège, Trump a transféré l’ambassade US dans ce territoire illégalement annexé à Israël. Cet acte relève du terrorisme d’État. Les dirigeants des 2 pays sont restés sourds aux protestations internationales. Auront-ils le courage de revenir sur leurs conquêtes impériales, libérer la Palestine et Jérusalem ?

Ary Yee Chong Tchi Kan
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