Guerre Hamas-Israël : pas de pauses humanitaires

Veto américain à une résolution devant le Conseil de sécurité de l’ONU

24 octobre 2023

Sur 15 Etats membres du Conseil, 12 ont voté le 18 octobre pour un projet porté par le Brésil pour une "pause humanitaire" à Gaza, deux se sont abstenus, dont la Russie. Les Etats-Unis, un des cinq membres permanents, ont voté contre.

Les Etats-Unis ont mis leur veto à une résolution du Conseil de sécurité qui appelait à une "pause humanitaire" entre le Hamas et l’Etat hébreu. Washington a dénoncé un texte qui ne mentionnait pas le "droit d’Israël à se défendre".

La Russie a fait porter l’entière responsabilité de cet échec aux opposants à ses amendements, qui ont voté selon elle pour la poursuite du "bain de sang" dans la bande de Gaza et ce, "sans raison aucune". "Vous devrez porter cette lourde responsabilité face à vos citoyens et à ceux de Gaza qui risquent la mort, ni plus ni moins", a ajouté le représentant russe.

Recueillant 12 voix pour, 2 abstentions et 1 veto, la résolution a été totalement rejeté, bloquant l’adoption d’une résolution qui dénonçait aussi les "attaques terroristes" du Hamas le 7 octobre et "toute violence" contre les civils.

Or la Russie avait dans un premier temps demandé des votes séparés sur deux projets d’amendement au texte brésilien en raison d’"éléments de langage problématiques". Les deux amendements ont également été rejetés, même si l’un de ces amendements demandait "l’instauration immédiate d’un cessez-le-feu durable et pleinement respecté".

Les Etats-Unis fervents défenseurs d’Israël

Pourtant, le projet de résolution du Brésil demandait des "pauses humanitaires visant à permettre un accès total, rapide, sûr et sans entrave aux organismes humanitaires des Nations Unies" à la bande de Gaza.

Il condamnait fermement "tous les actes de violence et d’hostilité dirigés contre des civils ainsi que tous les actes de terrorisme", notamment "les attentats terroristes odieux perpétrés par le Hamas en Israël depuis le 7 octobre 2023 et la prise d’otages civils".

Mais les États-Unis ont estimé qu’il passait sous silence le droit à la légitime défense d’Israël, une position également assumée par le Royaume-Uni, qui s’est abstenu, et Malte, qui a cependant voté pour le texte.

"Les Etats-Unis sont déçus que cette résolution ne mentionne pas le droit d’Israël à se défendre", tel qu’inscrit dans le droit international, a déclaré à plusieurs reprises, l’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield, lors de la séance du Conseil de sécurité.

La diplomate, seule à voter contre un texte rédigé par le Brésil, qui préside le Conseil en octobre, s’exprimait au moment où le président américain assurait le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou du soutien total des Etats-Unis face au Hamas.

Pauses humanitaires rejetées

De plus, le texte de la résolution demandait également à ce que "toutes les parties se plient complètement aux obligations du droit international, notamment des droits humains internationaux, y compris dans la conduite des hostilités".

"Des pauses humanitaires dans le conflit (auraient) permis un accès humanitaire complet, rapide, sûr et sans entrave pour les agences des Nations unies et leurs partenaires", a plaidé le document.

La France a voté pour cette "bonne résolution". Cependant, lors d’un point presse, son ambassadeur Nicolas de Rivière, a dit "regretter que ce texte ait été rejeté" et qualifiant le vote "d’opportunité manquée".

Zhang Jun, le représentant de la Chine s’est dit "choqué et atterré du résultat du vote". Il a rappelé que le projet de résolution de la Russie avait été appuyé par de nombreux pays et que ceux qui l’avaient rejeté souhaitaient un projet de résolution du Brésil. De fait, un report un report des travaux avait été demandé afin d’obtenir plus de temps, a-t-il précisé.

Face à une situation "inimaginable", la Chine est convaincue que le Conseil de sécurité accueillerait donc favorablement cette proposition brésilienne. "Certes, le projet de résolution pourrait être amélioré", a-t-il concédé, en y ajoutant des dispositions sur un cessez-le-feu et la protection des civils, par exemple. Se disant "extrêmement déçu" que les amendements de la Russie n’aient pas été adoptés, le délégué a proposé d’amender à nouveau le projet.

Satisfaction d’Israël, désolation pour la Palestine

Sur X, ex-Twitter, l’ambassadeur israélien à l’ONU Gilad Erdan a "remercié" les Etats-Unis pour leur "veto contre une très mauvaise résolution" et salué leur "vraie amitié".

Son homologue palestinien Riyad Mansour a lui prévenu devant le Conseil que "tuer davantage de Palestiniens ne rendra jamais Israël plus en sécurité".

Pour l’ONG américaine Human Rights Watch, "les Etats-Unis ont une nouvelle fois cyniquement utilisé leur veto pour empêcher le Conseil de sécurité d’agir sur Israël et la Palestine, au moment d’un carnage sans précédent".

D’autant que la résolution du Brésil réclamait "de fournir aux populations civiles (de Gaza) des biens essentiels, de manière continue et sans blocage : électricité, eau, carburant, nourriture et médicaments, conformément au droit international humanitaire".

L’eau et la nourriture manquent aux 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza, privés aussi d’électricité, après le siège imposé par Israël depuis le 9 octobre à ce petit territoire déjà soumis à un blocus terrestre, maritime et aérien depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.


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