Racisme à La Réunion

Le Réunionnais est comorien

27 janvier 2007

Consternant. Un taggueur s’est amusé à griffer un message des plus haineux. Comment peut-on se permettre de vouloir « éliminer » les Comoriens ? Et puis, comment une entreprise peut-elle garder sur ses murs un appel à la haine raciale ?

Les termes sont durs, nous rappelant à l’histoire meurtrière de la Seconde Guerre Mondiale. L’auteur appelle à éradiquer de nos terres des hommes, femmes et enfants, pour la seule raison de leur origine. On s’étonne d’ailleurs que ce message n’ait même pas été effacé par les propriétaires de l’entreprise, que l’on ne citera pas. Il vous suffirait de longer le centre de formation de la Chambre de métiers à Sainte-Clotilde vers Bois de Nèfles. A moins que l’on se permette de ne pas réagir. Les Réunionnais sont peut-être habitués à lire de tels slogans. « Sollicitons ensemble Le Pen pour éliminer les Comoriens », rien de plus absurde ici à La Réunion, terre du métissage. D’autant que l’inscription s’affiche près d’une publicité pour Royal Canin. Allez comprendre le message subliminal qu’a voulu laisser le “raciste” fauteur de trouble. Est-ce au moins un hasard ? En tout cas, l’angle de vue offre aux automobilistes un triste message de haine envers une population, une communauté, nos frères.

On ne peut parler de race à La Réunion, ni ailleurs...

Comoriens. L’amalgame est vite fait, puisque bon nombre de Réunionnais l’utilisent pour désigner à la fois les Mahorais et les Comoriens. D’autres liront Zorèy, ou Malgache dehors. Pour Saïd Ali, assistant de délégation du Conseil Général de Mayotte, cette phrase est « indigne surtout à La Réunion. C’est inhumain de penser comme cela. La communauté comorienne est une composante de la richesse socioculturelle réunionnaise. Si on tient de tels propos, pourquoi vanter l’image de La Réunion ? Il faut préciser qu’il y a des Comoriens qui sont français, qui ont le droit de voter. Espérons que cette phrase a été écrite par un insignifiant. On ne peut pas parler de race à La Réunion. Il y a des personnes qui portent plusieurs origines ». Et de poursuivre « c’est sans sens ». Ne sommes-nous pas tous des descendants de migrants, venus de gré ou de force ? Le Réunionnais est malgache, comorien, mahorais, africain, indien, chinois, arabe, européen. Notre histoire nous le dit et il suffit de regarder la beauté d’un peuple toute couleur. Oui, quelle richesse culturelle à La Réunion ?

« C’est plus que discriminatoire »

Pour la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations (HALD), même si elle n’a pas vocation de se prononcer sur un tel sujet,« c’est de l’incitation à la haine raciale ». Elle recommande de porter plainte contre X, et d’en faire part à l’autorité judiciaire, notamment au procureur de La République. A la Ligue des droits de l’homme (LDH), une militante, en apprenant ce propos raciste, note que « c’est plus que discriminatoire ». Et de déclarer « on ne pouvait faire mieux. C’est pas mal dans la crasse ». Issa M’Bae, porte-parole du collectif Les Manguiers, défenseur de tous les originaires de l’Océan Indien, s’insurge contre cette provocation. « Il faut que les gens qui sont détenteurs de tels idéaux comprennent que si ses personnes sont arrivés sur l’île, qu’ils ont leur titre de nationalité de la république française, alors ils sont français » déclare-t-il. Il faudrait revenir à notre histoire.

Bbj


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Messages

  • 2 citations de temoignages :


    Saleté de “préférence”, va !

    « Dès maintenant la qualification des Réunionnais et des Réunionnaises doit permettre de leur donner la préférence dans de nombreux emplois et de diminuer les appels de spécialistes » venus de l’extérieur.

    • « Inappropriée » et « dangereuse », la « préférence régionale » ! ! !

    Publié dans l’édition du mardi 31 août 2004

    ...les Réunionnais, aujourd’hui et depuis longtemps, dans leur ensemble sont victimes d’une “préférence” extérieure, et plus précisément la préférence européenne et métropolitaine C’est cela le vrai problème.

    Georges-Marie Lépinay

    conclusion : qui seme le vent recolte la tempete


Témoignages - 80e année


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