La Route des Tamarins

’Le chantier n’est pas interrompu...’

7 octobre 2004

Après le jugement du tribunal administratif, la Région choisit de ne pas faire appel. Paul Vergès l’annonce : un nouvel appel d’offres sera lancé, et les multinationales devront tenir compte des prix précédemment négociés... à la baisse. Qui croyait arroser se trouve maintenant bien trempé...

La Région plie mais ne rompt pas. Mardi, le tribunal administratif annulait le marché du viaduc et de la tranchée couverte de Saint-Paul. Hier en conférence de presse, Paul Vergès promettait : "La Région assumera ses responsabilités". Le Conseil régional compte mener à bien le projet de la route des Tamarins.
"Le chantier n’est pas interrompu. D’ailleurs, des chantiers sont ouverts. Des entreprises sont sur le terrain", précisait hier Paul Vergès. Le litige, opposant la Région et l’entreprise versaillaise Bouygues, conduit cependant à un retard conséquent pour la réalisation de deux chantiers importants.
Rappel des faits : la Région lance en janvier 2003 son appel d’offres. Cinq entreprises répondent, mais les propositions sont trop onéreuses, avec des tarifs jusqu’à 20% supérieurs à ceux escomptés. Une procédure de marché négocié est ainsi lancée, pour revoir les honoraires des entreprises concurrentes. Trois sociétés font leur proposition, à savoir Eiffage, Vinci et Bouygues.

"Notre vie est rythmée par la mondialisation"

C’est en apprenant son éviction que cette dernière soulève des irrégularités dans la transparence et la bonne publicité de l’attribution du marché. Selon Paul Vergès, il importe de "replacer les problèmes dans un cadre plus large", mais surtout de voir les conséquences de cette tergiversation sur le long terme.
La Région a décidé de ne pas faire appel et relancera l’appel d’offres, cette fois en prenant bien garde de communiquer auprès des entreprises hors Communauté européenne, comme le souhaite Bouygues.
Cela amène d’abord une évidence, note le président : "Même si notre pays est modeste, désormais notre vie est rythmée par la mondialisation". Et de poursuivre : "nous observons ce jugement avec beaucoup d’intérêt".
Si d’autres entreprises (internationales) répondent à l’appel d’offres, ce sera sans ignorer les chiffres de la première consultation. Ce qui laisse présager des offres plus raisonnables pour les deux chantiers.
Qui croyait arroser, se trouve maintenant bien trempé. "Nous allons refaire la procédure, mais nous avons maintenant les chiffres", indique Paul Vergès.

Ce litige ne doit pas pour autant bloquer les réalisations. Selon Paul Vergès, "la route des Tamarins est une rupture" en terme de vision d’aménagement de La Réunion. Il incombe à la collectivité régionale de ne pas reconduire les erreurs du passé. La destruction du chemin de fer en est la claire démonstration, et l’exemple de la route du littoral serait tout autant approprié.
Favoriser à l’époque la création d’un axe routier sur le littoral, au détriment du train, ce n’était que répondre aux besoins immédiats, sans même envisager les conséquences pour l’avenir.

Un héritage qui coûte cher

Des conséquences qui ne peuvent nous échapper aujourd’hui : La Réunion ne dispose toujours pas d’un axe routier suffisamment calibré reliant Saint-Benoît et Saint-Pierre, via Saint-Denis. Les réalisations coûtent cher. C’est l’héritage que nous ont légué nos pères. Un héritage qui coûte cher.
Plusieurs solutions avaient alors été proposées, dont la construction d’une route sur la corniche, qui aurait été moins onéreuse que l’actuelle route, tant en vies humaines que financièrement.
Les déplacements routiers sont aujourd’hui en débat public, de même que la réflexion sur la réalisation du tram-train. "Pour la première fois, on aura associé la population réunionnaise à la réalisation d’un équipement structurant", se félicite Paul Vergès, rappelant par ailleurs qu’elle concerne l’avenir des jeunes d’aujourd’hui.
C’est la raison pour laquelle le débat public doit entrer dans les lycées et l’université. Ne sont-ce pas ces jeunes qui, demain pères et mères de famille, devront payer cette réalisation d’envergure ?
La Région tient à assumer ses responsabilités dans ce dossier, c’est-à-dire mener à terme ce projet avec la population réunionnaise. Espérons toutefois que cette mésaventure juridique ne retarde pas trop la réalisation de ces chantiers.

Bbj


"Choqué par l’attitude des multinationales"

Dans un communiqué diffusé hier, Alain Bénard, maire de Saint-Paul (UMP), estime que "la route des Tamarins représente incontestablement le projet majeur en terme d’équipement routier pour les Réunionnais dans les années à venir".
Le maire de Saint-Paul se déclare "choqué par l’attitude irresponsable des multinationales qui ont choisi La Réunion comme terrain de jeu".
"Cela se fait au détriment des Réunionnais, au détriment de La Réunion", précise Alain Bénard.


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